Le Burkina Faso existe-t-il ?

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Suite au décès de Justin Zongo, élève de Koudougou, d’une « méningite » dans un commissariat le 20 février dernier, la population burkinabée s’est levée en masse contre l’Etat : commissariats, gouvernorats et autres bâtiments de l’Etat sont pris d’assaut et brûlés.

Rassemblement mercredi 16 mars à 13h devant le consulat du Burkina Faso à Lyon.

Prochain rassemblement devant le consulat du Burkina Faso
38, avenue de Saxe Lyon 6e
mercredi 16 mars 2011 à 13h

Le Burkina Faso existe-t-il ?

Nous pouvons vous affirmer que oui. Et également que s’y déroulent depuis plusieurs semaines des évènements sur lesquels les médias tant français qu’internationaux observent un silence aussi assourdissant que compréhensible, préférant nous distraire avec des combats à l’arme lourde autour de dépôts pétroliers libyens. Ces médias pourraient pourtant nous apprendre que, suite au décès de Justin Zongo, élève de Koudougou, d’une « méningite » dans un commissariat le 20 février dernier, la population burkinabée s’est levée en masse contre l’Etat : commissariats, gouvernorats et autres bâtiments de l’Etat sont pris d’assaut et brûlés. Les bus qui circulent dans les villes sont bloqués et inspectés par des manifestants à la recherche de policiers.

Revue de presse non exhaustive :

« La semaine dernières, les commissariats de Koudougou, Réo et Léo ont brûlé. »
(Bark Biiga, fasozine.com ,mardi 8 mars)

« Lundi 7 mars, après que les prisonniers en aient été libérés, c’est au tour des commissariats de Yako, de Poutenga et de Koupéla de brûler. Edifices publics vandalisés, barricades érigées, organisations de grèves et de marches. A Koupéla, des enfants jouent sur les ruines du commissariat. »
(RFI, mardi 8 mars)

« La révolte s’étend à travers le pays : Bobo Dioulasso, Gaoua, Fada Gourma, Tengodogo, Pô et Léo… Brûlant les commissariats de Gourcy et de Dori, les manifestants faisaient le bonheur des détenus, heureux de retrouver leur liberté. »
(Ange Hermann Gnanih,afreekelection.com, 8 mars)

« Mercredi 9 mars à Bogandé, violents heurts entre forces de sécurité et élèves qui, sortis nombreux, n’avaient qu’un seul objectif : brûler le commissariat de police et « manger » du policier. Un hangar et un véhicule ont été incendiés dans l’enceinte du commissariat. A Fada N’Gourma, les manifestants ont incendié le gouvernorat de la région avant de s’accrocher furieusement avec les CRS.
A Diapaga, chef-lieu de la Tapoa, les manifestants ont incendié les locaux de la direction provinciale de la police nationale. Des casques arrachés aux policiers et gendarmes ont été brandis comme trophées de guerre. A Manga, constatant que les véhicules du commissariat avaient été convoyés en « lieu sûr », les manifestant se contentent d’insulter les policiers. »
(Le Pays / LeFaso.net, jeudi 10 mars)

« Ce mercredi 9 mars 2011, à Ouahigouya, le siège du CDP (parti au pouvoir), la résidence du gouverneur, tous les démembrements de la police, le Conseil régional, la mairie, la Direction régionale de la Douane et une partie du Palais de justice sont partis en fumée. Panneaux, feux de stop, tout est détruit au passage. Au Palais de Justice, le hangar du parking, le poste d’accueil, les bancs et chaises utilisés lors des audiences sont aspergés d’essence et brûlés. « Mettez le feu au Palais d’Injustice », a crié un manifestant derrière un élève qui portait une robe de magistrat sous les ovations de ses camarades. La liste des services à visiter n’est pas close. Entre temps, le maire a été exfiltré de sa résidence et amené en un lieu sûr. »
(www.LeFaso.net, mercredi 9 mars)

Ce vendredi 11 mars 2011, l’ANEB (Association Nationale des Etudiants Burkinabè)
organise une grande marche dans la capitale, Ouagadougou,
« en vue de transmettre un message au directeur général de la police nationale ».

Nous appelons tous ceux qui souhaitent la disparition de ce monde à saisir chaque occasion de rappeler la lutte exemplaire qui se déroule au Burkina Faso. Diffusez ce texte, trouvez-en d’autres (récits de première main, vidéos sur internet, etc.), écrivez-en de meilleurs, partout, sur les murs, les affiches. Rassemblons-nous dans toutes les manifestations possibles, restons mobilisés. Répandons cette étrange épidémie dont nous n’avons rien à craindre, nous qui devons toujours travailler pour un monde qui nous empoisonne.

En complément :

Déclaration du mouvement des sans voix du Burkina Faso suite à l’affaire Justin Zongo et les émeutes au Burkina Faso

Koudougou, bastion de la résistance révolutionnaire Burkinabé s’est fait encore respecter et a entamé une lutte qui est en passe de contaminer tout le Burkina Faso.

Tout comme Flavien Nébié, Dabo Boukary et autres, Justin Zongo élève de la classe de 3e dans un établissement de la ville de Koudougou est encore tombé dans les griffes souillées de cette triste célèbre IVe République du Burkina Faso le 21 février 2011.

En effet une mésentente oppose une camarade de Justin et son professeur pendant qu’ils étaient en cours et cela a conduit au départ hors de la classe de ce professeur. Le jeune homme se sentant vexé par cette attitude irrespectueuse de sa camarade, l’interpella sur son comportement et le fait que le professeur a quitté la classe surtout qu’ils sont en classe d’examen et le moindre temps perdu volontairement est suicidaire. Cela conduisit à une altercation entre les deux élèves et la jeune fille (qui sortait avec un policier de la ville) le convoqua au commissariat. Une bastonnade sans merci par le ou les policiers sur le jeune Justin s’entame alors le conduisant à l’hôpital et par la suite par deux reprises chez le procureur. Celui-ci le renvoyait d’aller se faire soigner et de revenir après, pour quelqu’un qui était en perpétuel danger, jusqu’au jour où il fut encore saisi (cette fois à son l’école) par les mêmes « forces du désordre » pour leur exercice favori. Cette fois ça sera de trop puisqu’il succombera. Son carnet de santé est clair : « traumatisme pour coups et blessures volontaires ».

Les élèves, ainsi que leurs camarades étudiants blessés dans leur amour propre sortent dans les rues du 22 au 24 février 2011 pour réclamer justice pour que ce crime commis ne reste pas impuni. Ils furent fortement réprimés par ces mêmes « policiers », ce qui révolta toutes les couches de la société (commerçants, ouvriers…) et une mobilisation plus grande s’entama conduisant à des émeutes dans la plupart des artères de la ville. Les gouvernorats, les palais de justice et les commissariats furent les cibles les plus privilégiés des marcheurs (plus de 15 véhicules incendiés, des feux tricolores détruits, des rues bloquées…). Des affrontements entre « les forces du désordre » et les manifestants naissent et causèrent fort malheureusement six autres victimes (élèves, étudiants et policiers). La flamme de cette révolution inspira d’autres régions (Poa, Kaya, Leo, Ouagadougou où les artères de la ville ont été bloquées à au moins deux reprises par les élèves).

Blaise Compaoré et sa bande apeurés par ces mouvements instantanés révolutionnaires et de crainte d’une contamination par les révolutions de l’Afrique du nord (Blaise dégage ! étant entonné le plus souvent par les manifestants) se précipitent pour donner leur version de la situation. Un argument plat et si insultant vis-à-vis de la population fut envoyé dans le but de protéger le ou les assassins et de sauver la face de ce régime en déclin. Ils stipulent que Justin est décédé de suite de méningite. Ce qui suscita un sentiment d’indignation totale et réactiva la flamme et la rage des combattants pour une justice sociale pour tous, qui formulent des recommandations et exigent un certain nombre de départs au niveau des autorités locales (le gouverneur de la région, le commissaire de police : qui sont déjà partis, le procureur, le directeur régional de la santé…). Le gouvernement, surpris par la tournure rapide des manifestations, de la détermination progressive de la population et de crainte de la presse internationale présente au Burkina actuellement pour le FESPACO, décide de la fermeture jusqu’à nouvel ordre des établissements scolaires et universitaires.

Mais des manifestations continuent d’être organisées dans la plupart des régions du pays. Ce vendredi 11 mars 2011, Ouagadougou est dans la rue pour réclamer justice pour Justin Zongo et le départ du pouvoir de la IVe République qui depuis 1987 est en train de conduire le Burkina Faso dans un chaos socio-économique et culturel.

Le Mouvement des Sans-Voix du Burkina Faso pour sa part,

• Condamne fermement ces assassinats orchestrés dans les différentes villes du Burkina Faso depuis le 22 février 2011 ;

• Appelle le peuple Burkinabè à une forte mobilisation pour que cessent les tueries, la corruption, les abus de pouvoir et autres tares soigneusement conservées et promues par les plus hautes autorités du pays ;

• Appelle les peuples de tous les pays de l’Afrique en quête de justice sociale et de liberté, encore épinglés sous les tenailles des grandes puissances et de leurs servants locaux à se tenir debout dans une ferme solidarité à l’image des peuples de l’Afrique du nord pour sortir l’Afrique de ce chaos socio-économique et culturel afin d’espérer une véritable union africaine pour que cessent les immigrations clandestines, le chômage et autres fléaux paralysant le développement du continent noir.

Rien que les droits des peuples !

Mouvement des Sans-Voix du Burkina Faso, 11 mars 2011.

Solidarité du peuple lyonnais au peuple burkinabé contre la répression !

mercredi 16 mars 2011

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  • Le 14 mars 2011 à 18:31, par pierre

    Casques de policiers en guise de trophées :
    Casques de policiers en guise de trophées

  • Le 14 mars 2011 à 08:15, par pierre

    Depuis la veille jeudi au soir, les services sms étaient coupés. Ce n’est que le vendredi dans l’après-midi qu’il était de nouveau possible d’envoyer des sms.

    (...)
    Un élève nous informe que la veille, dans la nuit, ils ont reçu la visite d’un groupe de jeunes se disant « patriotes », venus les dissuader de participer à la marche. « Ils en ont eu pour leur compte au point qu’ils ont dû fuire et laisser leur voiture ».
    (...)
    Quelques slogans sur les affiches : « Au Burkina Faso, coup de matraque donne méningite », « SOS Médecin sans frontières. La méningite nous tue au Faso », « Policiers = bandits armés »...
    (...)
    L’équipe de la RTB est prise à partie : « On ne veut pas de la RTB ici. Fantoches ! » S’ensuit une brève chasse à l’homme qui s’achève avec le retrait de la caméra de l’équipe. Le « héros » qui a retiré l’appareil est acclamé lorsqu’il vient remettre son trophée aux organisateurs.
    (...)
    En chemin, la marche croise ses premiers gendarmes. « Policiers assassins ! » crie-t-elle.
    (...)
    « Démarrez ! Ils arrivent ! » crie-t-il en tapant l’arrière du véhicule qui disparaît en un clin d’oeil. Les manifestants qui ont forcé les barrières ne sont plus qu’à quelques mètres de la brigade anti-émeute.

    (...)
    Tapis derrière les kiosques et autres boutiques, les jeunes armés de cailloux guettent le passage des véhicules de la gendarmerie qui reçoivent à chaque fois une pluie de pierres.L’odeur piquante du gaz inonde toute la zone.

    SOURCE : http://www.lobservateur.bf/spip.php?article15986

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