Le gouvernement abandonne les personnes handicapées

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Pour l’État, les handicapés ne sont pas des personnes à part entière. L’État s’est totalement désengagé financièrement en transférant la gestion des prestations aux départements. Il manque toujours cruellement de places en établissements spécialisés. Et scandale du 1er janvier 2009 : le transport des personnes handicapées n’est plus pris en compte !
Cependant, dans le Rhône, l’APF lance un nouveau site internet dans le monde du handicap avec un forum.

Pour l’État, les handicapés ne sont pas des personnes à part entière

Une note de service de 2006 du ministère de l’Emploi demande de comptabiliser les travailleurs handicapés à temps partiel comme des travailleurs à temps plein ! Ce qui évidemment ne se fait pas pour des personnes non handicapées.

D’ailleurs les parlementaires UMP, en novembre 2008, lors de l’examen du projet de loi généralisant le RSA (appelé revenu de solidarité active) en remplacement du RMI, voulaient en faire de même (en comptabilisant les travailleurs handicapés à temps partiel comme des travailleurs à temps plein) pour permettre, avec ce tour de passe passe, aux entreprises d’au moins 20 salariés d’éviter de payer une contribution à l’Agefiph au cas où elles n’emploient pas, en temps plein, 6 % de salariés handicapés, ce que prévoit la loi à partir du 1er juin 2009.

Désengagement de l’État pour les handicapés

La loi du 11 février 2005 a créé les maisons départementales pour personnes handicapées (MDPH) et des commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) qui remplacent COTOREP et CDES, en transfèrant ainsi aux départements l’argent des allocations compensatrices versées aux handicapés. Avec l’avantage mais aussi le prétexte d’un guichet unique MDPH, encore une fois l’État se désengage sur le dos des collectivités locales. Ce qui fait fi de la solidarité, c’est que désormais la Prestation Compensatoire du Handicap (CPH) qui remplace l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP) (pour celles et ceux qui ne l’avaient pas au 1er janvier 2006) est donnée sans conditions de ressources c’est-à-dire même aux familles très riches, selon la volonté des députés UMP et du gouvernement.

En ce qui concerne l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) lorsqu’on est malade ou handicapé dans ce pays, il faut se battre pour se faire reconnaître ! En effet l’handicapé est confronté à des décideurs experts médicaux à la solde du pouvoir qui vont tout faire pour minimiser sa problématique afin, au mieux, de lui faire obtenir le minimum de fric, et au pire, de ne rien lui faire obtenir du tout. Nombreux sont tous ces handicapés et malades qui sont exclus de l’AAH en n’ayant pas obtenu les 50% d’invalidité. Celles-là et ceux-là n’ont plus qu’à aller s’inscrire au RMI... et tant pis pour eux puisque leur handicap n’a pas été reconnu comme suffisamment important ! Il faut vivre le handicap pour savoir comment un handicapé est considéré, d’autant plus que le système social discriminant en remet une couche. La loi du 11 février 2005 n’a strictement rien changé dans ce domaine. A sa création en 1975, l’AAH représentait 80% du SMIC et 30 ans après, elle en représente 60%. Voilà ce qu’ont gagné les handicapés !

Manque de places en établissements spécialisés

Il est déjà très difficile pour les familles de celles et ceux qui ont un handicap important de trouver une place en établissement spécialisé. Dans le Rhône, alors qu’aucune place n’est disponible actuellement, le personnel du Foyer d’accueil médicalisé l’Échappée, qui accueille des autistes à Condrieu, a dû faire la grève en septembre 2007, non seulement pour leurs conditions de travail et leur pédagogie, pourtant reconnue, qui devaient s’empirer, mais aussi pour une prévision de diminution de la capacité d’hébergement de cet établissement. Or les structures adaptées restent encore beaucoup trop rares et certains handicapés doivent attendre longtemps avant qu’une place ne se libère.

Le transport des handicapés n’est plus pris en charge à partir du 1er janvier 2009 !

À ce problème de l’accueil des handicapés, s’en ajoute aujourd’hui un autre pour ceux qui sont déjà accueillis en établissements, c’est le problème des frais de transport qui ne seront plus pris en charge à compter du 1er janvier 2009, car il y a un vide juridique. En effet se pose un gros problème désormais car rien n’est prévu pour payer le transport entre le domicile des handicapés et l’établissement qui les reçoit, sinon un maximum de 200 euros par mois. Or une seule course en ambulance ou en véhicule équipé pour recevoir des handicapés c’est souvent de ce montant-là si l’établissement n’est pas situé trop loin. L’établissement est par exemple une MAS (Maison d’accueil spécialisée pour personnes handicapées), un CAT (centre d’aide par le travail) et le transport peut être quotidien. Le lien social est d’autant plus important pour les personnes handicapées et les familles souvent ne peuvent pas du tout faire face à des frais aussi importants.

Jusqu’à fin décembre 2007, c’était la Sécurité Sociale qui les finançait de façon légale. Or, à compter du 1er janvier 2008, ce sont les MDPH (maisons départementales du handicap) qui doivent prendre le relais. Mais le montant maximum de la PCH transport (prestation compensatoire du handicap) est fixé à la somme absolument dérisoire de 200 euros. Face aux revendications des familles, aidées par quelques associations [1], au début de l’année 2008, la Sécurité Sociale a continué de prendre en charge ces frais de transport jusqu’en juin 2008. Puis les conseils généraux ont assumé cette charge jusqu’en décembre 2008.

Mais, à partir du 1er janvier 2009, rien n’est prévu pour ces frais de transport, malgré les promesses de l’État ! Les familles sont très inquiètes, car de nombreuses ne peuvent pas du tout payer ces frais. C’est terrible ! Des familles sont complètement désemparées à l’idée que tout devra s’arrêter. Certains parents se demandent même s’ils doivent abandonner leur travail pour s’occuper, à la maison, de leur enfant possédant un lourd handicap...

Les membres du gouvernement, les parlementaires créent des lois sans se préoccuper des suites désastreuses produites. C’est scandaleux, sous prétextes d’économies budgétaires, de s’en prendre aux familles les plus modestes qui ont une personne handicapée. Pendant ce temps-là, sans se préoccuper des promesses données, ces gens de l’Élysée et du gouvernement mènent grand train de vie au détriment du budget de l’État et ne se privent en rien en prenant des vacances dans des palaces au Brésil ou ailleurs !

On peut consulter ces articles de l’année 2008 sur Rebellyon :
- Appel à l’aide et à l’action de personnes handicapées
- Le gouvernement laisse les handicapés dans une situation catastrophique - Réagissons !

P.-S.

Nouveau site internet dans le monde du handicap dans le Rhône

L’Association des Paralysés de France - Délégation du Rhône - met en ligne son nouveau site internet :


www.apf691.com

A l’heure où l’accès à Internet se banalise les personnes en situation de handicap isolées acquièrent une vie sociale et professionnelle en surfant sur le Web.

Mise en ligne fin 2008, le nouveau site Internet de l’Association des Paralysés de France - Délégation du Rhône - répond à deux objectifs :
-  rester en contact avec les personnes en situation de handicap même quand elles ne peuvent se déplacer,
-  inciter le tissu économique local à engager une politique responsable de prise en compte et d’intégration du handicap.

Simple, facile d’accès et régulièrement mis à jour, le nouveau site Internet de la Délégation du Rhône est un outil essentiel pour les personnes en situation de Handicap, une source d’information à ne pas oublier. Elles y trouveront le planning des activités récréatives qui leur sont proposées et en téléchargement les différentes publications interne comme notre journal mensuel : Le lien du Rhône.

Soucieuse de s’ouvrir au tissu économique, le site Internet n’oublie pas les entreprises, les collectivités locales et les autres associations. Elles trouveront sur le site Internet une liste des différentes prestations que leur propose la Délégation A.P.F du Rhône : formation sur la législation, conseil en politiques RH du handicap, sensibilisation à la vie en fauteuil, état des lieux de l’accessibilité…

Le milieu éducatif trouvera également un espace qui lui est consacré. Les différents partenariats avec les écoles et universités du département sont mis en avant ainsi qu’un planning des sensibilisations au handicap qui auront lieux dans les établissements scolaires.

Le Forum permettra au site de devenir une communauté où les personnes en situation de handicap pourront échanger sur leurs difficultés et leurs revendications.

L’A.P.F. en bref :
L’A.P.F., créée en 1933 et reconnue d’utilité publique, est un mouvement national de défense et de représentation des personnes avec un handicap moteur et de leur famille qui rassemble près de 32 000 adhérents, 25 000 bénévoles et 11 000 salariés.
L’A.P.F. milite activement au niveau national et dans tous les départements pour permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder à une égalité des droits et à l’exercice de leur citoyenneté.
L’A.P.F. gère des services et des établissements médico-sociaux ainsi que des entreprises adaptées. 30 000 personnes en situation de handicap et leur famille bénéficient de ces services et de ces lieux d’accueil qui les accompagnent dans le choix de leur mode de vie : scolarité, formation professionnelle, emploi, vie à domicile ou en structure de vie collective, accès aux loisirs et à la culture…

Dans le Rhône
Dans chaque commune du Grand Lyon se trouve un Relais A.P.F. susceptible d’aider, d’orienter et d’informer les personnes en situation de handicap mais aussi les autorités ou les commerçants sur la législation et les aides existantes en matière de handicap.

Fort de plus de 800 adhérents et d’une centaine de bénévoles réguliers, l’Association des Paralysés de France compte dans le département neuf établissements et couvre l’ensemble du secteur médico-éducatif, centre de travail et lieux de revendication.

Notes

[1Ces associations ou fédérations de soutien aux personnes handicapées se disant pour la plupart « apolitiques » sont souvent en fait du même bord que le gouvernement et n’osent s’y opposer franchement. D’ailleurs celles-ci sont coincées, même si leurs principes sont louables, car elles font partie intégrante maintenant des commissions départementales. Cependant, de nombreux jeunes qui participent de plus en plus à des séjours de vacances des personnes handicapées au sein de ces associations, eux, tentent plus de faire valoir les droits de ces personnes et avec elles quand c’est possible.

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  • Le 4 janvier 2009 à 04:36

    Merci pour ces précisions. Grâce à vous, nous avons pu corriger et compléter au sein de l’article. Merci de votre participation.

    Un membre du collectif Rebellyon

  • Le 3 janvier 2009 à 16:31

    Bonjour

    La prestation dite de compensation du handicape ne remplace en rien les anciennes allocs ! L’AAH est toujours d’actualité que je sache ! Donc erreur dans l’article !
    Que l’état se désengage est plus que vrai mais il ne faut pas dire n’importe quoi !
    Aprés cette fameuse et fumeuse prestation soit disant supplémentaire, va être accordée à trés peu de monde bien entendu !
    Ce qu’il faudrait gueuler à la face du monde c’est que lorsqu’on est malade ou handicapé dans ce pays ,il faut se battre pour se faire reconnaitre ! En effet on est confronté à des salopards qui vont tout faire pour minimiser votre problématique afin ,au mieux ,de vous filer le minimum de fric ,et au pire ,de vous filer ZERO . On parle de l’AAH mais il faudrait parler des exclus de l’AAH de tous ces handicapés et malades à qui les décideurs experts médicaux à la solde du pouvoir, n’ont pas accordés les 50% d’invalidité...
    Celles là et ceux là n’ont plus qu’à aller s’inscrire au Rmi comme tout un chacun ! Et tant pis pour eux puisque leur handicap n’a pas été reconnu comme suffisamment important !!
    IL faut vivre le handicap pour savoir comment on est considéré ... Le système social vous en refout une couche et ce n’est pas la derniere loi de 2005 qui n’a strictement rien changé qui y changera quelque chose !
    A sa création en 1975 l’AAH représentait 80% du smic !
    30 ans aprés ,elle en représente 60% !
    Voilà ce qu’ont gagné les handicapés !
    Faut il remercier l’APF pour ce progrès social ????

  • Le 2 janvier 2009 à 11:45

    Etrange petit 1 vous passez donc des infos d’association proche du gouvernement.Et vous oubliez peut etre que lorsque l’on est paralisé on peut reflechir et creer des sites ou des associations et avoir des idees.

    Bravo en tout les cas de transmettre ce genre d’info.

    « Cependant, de nombreux jeunes qui participent de plus en plus à des séjours de vacances des personnes handicapées au sein de ces associations, eux, tentent plus de faire valoir les droits de ces personnes et avec elles quand c’est possible. »
    Est ce que ces jeunes se rende compte qu’illes sont exploitées et non-formées et que a cause de cela illes participent a la degradation de l’image des personnes handicapées.

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