Depuis quelques semaines, le mouvement contre le "mariage pour tous" a repris du poil de la bête avec l’arrivée du texte au Sénat, particulièrement à Lyon [1] où on y retrouve les avatars les plus réactionnaires, le "printemps français" (sic) et les diverses formes de l’extrême-droite violente locale, dont les exactions sont bien connues. Dernière sortie en date jeudi dernier, où ils étaient plusieurs centaines à défiler jusqu’aux Terreaux. Et leurs actions continuent : hier soir les fachos empêchaient le député de l’Isère Erwan Binet de parler à St Etienne aux cris de "La France aux Français" [2], aujourd’hui un rassemblement était appelé place Carnot par le groupe Les Enfants des Terreaux [3].
Le discours réactionnaire au quotidien
Voilà, c’est devenu quotidien. Bien sûr le discours des homophobes se veut plus policé, les mêmes qui criaient "Les PD au bucher" à l’époque du PACS se la jouent aujourd’hui politiquement correct, défendent hypocritement un PACS qu’ils n’ont pas réussi à empêcher Ils policent leur discours et ont bien pris soin de revoir les codes esthétiques de leur lutte. Mais sur le fond rien n’a vraiment changé, l’égalité entre hétéro et homo leur donne des sueurs froides et leurs "j’ai des amis homos" [4] n’est pas sans rappeler le "j’ai un ami arabe" du premier facho venu. La grande union des droites, cathos, ump, tradi et intégristes, a beau se parer de couleurs "pop", nul ne se trompe sur le caractère profondément réactionnaire et identitaire de ce mouvement.
Je n’ose imaginer la violence que représente à l’heure actuelle ce grand défoulement homophobe pour un-e jeune se découvrant homo, trans ou juste bi. Un élément nous permet déjà de le voir : l’association "Le Refuge" qui héberge les jeunes LGBT rejeté-e-s par leur famille voit ses demandes d’hébergements exploser depuis le début de cette contestation réac [5]
Cadeau pour l’extrême-droite radicale
Ce mouvement, outre son coté profondément homophobe, prend à Lyon une dimension supplémentaire en proposant à l’extrême droite un véritable tremplin pour occuper les rues et l’espace médiatique. Après tout pourquoi s’en priveraient-ils puisque les organisateurs lyonnais des manifestations ne semblent pas être gênés le moins du monde par cette proximité avec des pétainistes, des néo-nazis et des identitaires [6].
Sans ce mouvement, les fachos n’auraient jamais eu l’occasion de défiler à travers les rues de Lyon, d’occuper ainsi l’espace médiatique. Aucune barrière n’existe de fait entre le GUD et ses "good night gay pride" et les autres manifestants. La "france aux français" des nationalistes à St Etienne ne leur pose visiblement pas plus de problème. Véritable libérateur (sic) de la parole homophobe, ce mouvement l’est aussi pour les idées réactionnaires, identitaires, fascistes et nationalistes. Dans un contexte où ces mêmes fachos agressent encore et toujours ceux qui pour eux ne sont pas des "bons français" [7], allons-nous longtemps les laisser occuper la rue ?
A quand une contre-offensive ?
Depuis la manifestation de 20 000 personnes pour l’égalité des droits à Lyon le 26 janvier, rien, ou presque. Quelques militants ont tenté, ponctuellement, de faire entendre/voir une autre présence que celle des réacs, et une petite centaine de personne s’est spontanément rassemblé jeudi soir place de la comédie derrière des banderoles pour dire non au grand défouloir homophobe. Mais sinon rien ?
Où sont les associations LGBT ? où sont toutes ces organisations, syndicats, associations, partis, qui signent les communiqués du collectif vigilance 69 et se pointent aux Gay Pride une fois par an ? Qu’est ce qu’on attend pour organiser systématiquement des contre-rassemblements massifs pour faire face à ce mouvement réac ? Trouvez-vous normal que les discours homophobes occupent l’espace public sans réponse de notre part ?
Moi, quand je vois les homophobes défiler par centaine, ça me donne des envies de Stonewall [8]...
T. le 06/04/2013
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