Les réseaux AMAP Auvergne-Rhône-Alpes et Agribio Rhône & Loire, réagissent à la pollution aux perfluorés (PFAS) au sud de la Métropole de Lyon et l’incidence que cela peut avoir sur les terres agricoles et la production bio et locale.

Les élu·es de la Métropole, du Département du Rhône, de la Région, ainsi que Monsieur Pascal Mailhos, préfet du Rhône et de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en ont été informé·es.

« Nous vous faisons part, dans cette lettre, des profondes inquiétudes de nos paysan·nes et amapien·nes.suscitées par la pollution aux perfluorés, révélée au printemps dernier et réactivée récemment par l’arrêté préfectoral qui déconseillent la consommation d’oeufs et de poules dans 4 communes, où des concentrations élevées de PFAS ont été relevées, équivalant à 8 fois la norme à Pierre-Bénite et 17 fois la norme à Oullins.
L’Agence de l’eau rappelle que ces substances sont présentes dans plus de 60% des stations d’études du bassin Rhône méditerranée, y compris dans les eaux souterraines, et principalement en aval de Lyon.

Dans son dernier bulletin (n°9, 2022) la fédération de pêche du département du Rhône fait état des conclusions des analyses faites sur les poissons du Rhône et du Garon. Les contaminations aux PFAS sont flagrantes et inquiétantes. La fédération déconseille de consommer les poissons pêchés dans ces eaux. Cette étude montre que les secteurs irrigués par le SMHAR (captage à Millery) au sud de la Métropole de Lyon et dans les Monts du Lyonnais sont probablement contaminés par l’eau d’irrigation au même titre que la contamination de l’eau potable issue des captages au sud de Lyon.

Ces chiffres sont alarmants et mettent en péril la production locale, biologique et la consommation alimentaire en AMAP. Sur les zones concernées, nous dénombrons près d’une centaine de fermes du réseau AMAP et du réseau Agribio, livrant de nombreuses AMAP sur l’aire lyonnaise et stéphanoise. Ce sont plusieurs milliers de familles qui sont potentiellement touchées dans notre réseau. Ces pollutions pourraient toucher tout le bassin du Rhône au sud de Lyon. Une étude du ministère doit en faire état en février.

Les incidences sur le monde vivant des PFAS sont très bien renseignées, et ce depuis longtemps, avec la Déclaration de Madrid, synthèse des connaissances sur les conséquences de ces polluants, demandant des mesures radicales pour stopper la pollution aux perfluorés dans le monde. Cependant, on ne connaît que très peu de choses des boucles de rétroactions qui existent dans la nature et ne nous permettent pas de prévoir les incidences de certaines pratiques ou pollutions sur l’environnement. On ne connaît pas non plus les nombreux effets cocktails qui existent (quand deux molécules, deux substances se rencontrent et créent une réaction chimique inattendue) et qui peuvent avoir des effets nocifs sur la santé humaine.

Considérant la pollution des sols comme cause probable, appuyée par les éléments de la Déclaration de Madrid, nous demandons à ce que des analyses soient réalisées promptement sur les autres productions agricoles du secteur (maraîchage, arboriculture, élevage, etc.) afin que puissent être opérés, d’une part, une information des mangeurs et mangeuses des conséquences sanitaires auxquelles la situation les exposent et, d’autre part, des dispositifs de protection des terres agricoles.

Dans le plan d’actions ministériel 2023-2027 sur les PFAS, il est « hors-sol » de constater que le mot « agriculture » n’apparaît nulle part. D’autant plus que cette situation sanitaire critique est un frein de plus à la transmission et l’installation en masse de paysannes et paysans aux pratiques respectueuses de l’environnement, nécessités absolues pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux.

Quels liens souhaitez-vous tisser aujourd’hui dans nos campagnes avec les paysannes et paysans ?

Nous comptons sur vous pour agir et faire pression sur les pollueurs. L’information des citoyens doit être transparente. Nous participerons aux collectifs associatifs qui se sont constitués à l’Initiative de Générations Futures pour continuer à défendre les intérêts de nos concitoyens paysans, paysannes, mangeurs et mangeuses !

Nous réclamons un arrêt total de production de polluants éternels, ainsi que l’arrêt des rejets d’eau usagée dans le Rhône par l’entreprise Arkema à Pierre-Bénite (Article 1^er de la loi sur l’eau de 1992 : « L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général (…) »).

L’alimentation nous concerne toutes et tous, tout comme la paysannerie qui la porte. Nous avons demandé aux élu·es des collectivités territoriales (Métropole de Lyon, Département, Région), ainsi que la Préfecture du Rhône, de tenir et renforcer leurs engagements en faveur d’une production locale, actuellement menacée par la pétrochimie.

Jean-François Baudin et Olivier Coche
Portes-paroles amapien et paysan
Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes

Laurence Paccard
Co-présidente
Réseau Agribio Rhône et Loire »

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