Mobilisation contre la réforme des Concours

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Texte d’analyse de la CNT Education sur la réforme actuelle des concours de l’éducation nationale. Appel à manifestation et AG jeudi prochain.

Les Dangers de cette réforme

Déréglementation :

En l’absence de tout cadre d’uniformisation pour les
Masters des métiers de l’enseignement, on peut craindre les
effets de la concurrence entre les formations, conséquence
de la nouvelle concurrence entre les universités induite par
la loi LRU. Dans les IUFM, les étudiants bénéficiaient d’un
cadrage de la formation (quoiqu’on puisse en penser) assurant
une relative égalité devant les concours. Ils bénéficiaient
aussi d’un service de proximité puisque les sites
IUFM sont bien plus nombreux que les universités (d’ailleurs
que vont devenir ces sites ?) Déjà, les Universités se
tirent la bourre pour proposer des maquettes. Pour le futur
étudiant souhaitant passer les concours de l’enseignement,
il faudra bien choisir (pour ceux qui peuvent) le Master au
meilleur taux de réussite, si il est sélectionné...

Sélection sociale et économie :

Au delà des économies d’échelle qu’elle pourrait
induire, cette réforme permet surtout à l’état de ne plus
payer l’année d’IUFM des « fonctionnaires stagiaires ». En
effet, jusqu’à présent, la réussite du concours donnait accès
à une année payée de formation en alternance. La formation
professionnelle associait un service d’enseignement allégé
(autour d’un tiers de service) avec des cours à l’IUFM. Bien
évidemment, il n’est pas question pour l’état de rémunérer
les stages du Master, encore moins de financer la formation
des futurs enseignants. Au mieux il prévoit quelques
bourses au mérite. Pour ceux qui veulent être enseignants,
Il faudrait donc trouver le moyen de financer deux années
d’études supplémentaires.

Sur la qualité de la formation des futurs enseignants :

La formation en IUFM n’est certainement pas
exempte de reproches. Malgré tout, l’année de formation en
alternance est après le concours et permet d’écarter le
réflexe du bachotage. Elle permet surtout d’aborder la question
de la formation professionnelle
(pédagogique, disciplinaire, didactique...)
de manière relativement sereine en articulant
le concret et le théorique. Avec la réforme, c’est
le contenu des concours qui va décider de la formation
dans les Masters puisque l’objectif principal
des étudiants sera la réussite du concours. Si l’on
regarde ce contenu on constate que les sciences
humaines sur la question de l’éducation n’y ont que très
peu de place (en très net recul par exemple pour le
Concours de Recrutement des Professeurs des
Ecoles). On a même droit à une sorte d’entretien
d’embauche lors de la deuxième épreuve où il faudra
surtout montrer que l’on connaît les programmes,
les intentions de l’institution etc.
Enfin, l’urgence dans laquelle les universités
sont mises en demeure proposer les
maquettes des nouveaux masters (pour
qu’elles passent à temps devant le Conseil
Scientifique, il faudrait qu’elles soient prêtes
pour fin novembre) et le nouvel esprit de
concurrence ne permettent certainement pas un
travail apaisé.

Et pour les étudiants qui préparent les concours cette
année ?

Pour l’instant le ministère n’a donné aucune information.
Il est donc raisonnable de supposer le pire. Il faut
en particulier se rappeler que les étudiants qui passent le
Capes cette année se retrouveront comme professeur titulaire
en même temps que ceux qui réussiront l’année suivante
puisque l’année de formation en alternance est censée
disparaître. Dans le contexte actuel de suppressions de
postes, on voit assez mal le gouvernement décider de maintenir
pour ces 2 années le même quota, même approximatif,
de recrutements. Il est donc plus que probable que les
candidats aux concours de cette année et de l’année prochaine
voient le nombre de place offerte se réduire drastiquement.

Quel avenir pour le statut de fonctionnaire ?

A plus long terme, la réforme met en place tous les
éléments nécessaires à une remise en cause radicale du statut
des enseignants avec la possible disparition du concours
de recrutement. Si la formation est assurée par un Master
avant l’acte de recrutement par la réussite du concours, il
sera alors très simple de décréter la fin du concours. Et avec
elle l’éclatement du statut des enseignants. Déjà, dans de
nombreux pays, les enseignants doivent faire des candidatures
et sont recrutés
directement par les chefs d’établissements (au détriment
bien sûr des conditions de travail et de la défense collective).
Ce scénario catastrophe n’est pas fantaisiste, c’est déjà
le cas par exemple à la Poste où la plupart des salariés ne
sont plus fonctionnaires mais c’est aussi ce qui se met en
place en ce moment dans l’enseignement supérieur. La loi
LRU permet par exemple de recruter des personnels avec
des contrats de droits privés (CDD ou CDI), elle « individualise
 » les carrières... Au rythme actuel de la destruction
des services publiques, le scénario catastrophe n’est peu
être pas si loin.

Conclusion

Une nouvelle fois le gouvernement cherche à passer
en force alors que parmi les personnes concernées,
étudiants et formateurs, la réforme est très largement
dénoncée. Il nous paraît indispensable que les personnels
et les futurs enseignants reprennent ce qui les
concerne en main et répondent coup pour coup aux
attaques du gouvernement. Aux pratiques autoritaires
de l’état, répondons par la lutte collective et autogérée !
Ceux qui travaillent doivent être ceux qui
décident !

La réforme des concours,
les textes

En Octobre, plusieurs textes sont parus concernant les
grandes lignes de la réforme des concours de recrutement
(CRPE, CAPES, CAPET, CAPEPS, CAPLP, CPE). Quel que
soit le concours, les épreuves auront la structure suivante :

- Admissibilité : 2 épreuves écrites en Janvier (accessible dès la
2e année de Master). En cas de réussite, ces épreuves compteront
pour 40% de la note finale. Ces épreuves (2 fois 4h pour
le CAPE, 2 fois 5h pour le reste) sont centrées sur le disciplinaire.
Le texte envisage seulement la possibilité d’une question
concernant l’épistémologie de la discipline dans une des deux
épreuves.

- Admission : 2 épreuves orales en Juin. La 1re est la traditionnelle
leçon (3h de préparation + 1h devant un jury). La 2de
consiste en un exposé construit sur l’analyse d’un dossier
(3h+1h). Il faut montrer au jury sa bonne connaissance de l’institution
scolaire et de ses exigences.

- Jury : En plus des universitaires, des personnels de direction,
des membres de l’administration, de la hiérarchie de l’éducation
nationale ou de la « société civile » sont susceptibles d’y participer.

Ensuite, Une circulaire du 17 Octobre décrit quelques principes
généraux en vue de l’obtention de l’habilitation des masters pour
les métiers de l’enseignement. L’alternance de stages et de formations
théoriques est mise en avant. Il est également rappelé
que ces masters doivent permettre d’autres débouchés que le
seul concours universitaire ou professionnel. A part ces
quelques « principes » généraux, il est rappelé que n’importe
quel Master donnera accès au concours et que le ministère n’entend
pas proposer de « maquette type » pour ces Master étant
donné la nouvelle autonomie des université (qui fait suite à la
loi LRU).

Manifestation éducation nationale :
Jeudi 20 novembre
- rendez-vous 14h
place Gabriel Péri (place du pont)

AG après la manif :
rendez-vous à 16h30 au 7, rue Chevreul Lyon 7e
devant l’entrée de Lyon 3

  • LA CNT C’EST QUOI ?

UN SYNDICAT ! Parce que cette forme d’organisation, englobant les champs économique,
politique, social et culturel, est directement issue du peuple et représente ses intérêts.
DE COMBAT ! Parce que les intérêts des travailleurs s’opposent radicalement aux intérêts du capitalisme
et que les grandes avancées sociales n’ont été arrachées que dans l’action et la mobilisation.
AUTOGESTIONNAIRE ! Parce que les décisions doivent être prises à la base. Parce que
nous appelons à l’auto-organisations des luttes.
SOLIDAIRE ! Parce que les hiérarchies (salaires, fonctions, statuts) s’opposent à une
société égalitaire et autogérée et que seule la réflexion permet d’éviter le corporatisme.
ANTICAPITALISTE ! Parce que nous devons orienter la production pour le bien de
toutes les collectivité et non pour l’ambition de quelques uns. C’est pourquoi nous pensons
que le syndicalisme doit être porteur d’un projet pour une société plus juste, plus
égalitaire, plus libre...

Un projet révolutionnaire.

PUISQUE PERSONNE NE TRAVAILLE À TA PLACE,

QUE PERSONNE NECIDE À TA PLACE !

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  • Le 19 novembre 2008 à 18:34

    La priorité de la CNT-éducation, en tant que syndicat, est la défense des salariés. Les conditions de travail, le statut des personnels (en particulier précaires) et les modes de recrutement et avancement. Une
    commission se réunit régulièrement pour une réflexion/information sur le refus d’inspection.
    Beaucoup de membres du syndicat prolongent ce travail dans leurs pratiques pédagogiques. Du coup, pour cet aspect de leur activité, ils se rapprochent des associations (Freinet, GFEN = groupe français d’éducation nouvelle, AFL, CEMEA...).
    Aussi logique que soit la proximité de ces deux pans il y a un travail syndical d’une part et pédagogique de l’autre. Il n’y a pas assez de demande pour une éducation libertaire pour que tous les enseignants anarchosyndicalistes soient dans des établissements qui le sont aussi !
    Nous travaillons à l’intérieur de l’institution et la lutte pour l’autogestion (au niveau syndical, par l’organisation de réunions d’information ou de fonctionnement sans hiérarchie dans nos établissements, directions collégiales dans les écoles...) et l’autoévaluation (des élèves quand c’est possible, des personnels à travers le refus de la note et à terme la disparition du corps des ’inspecteurs"...) font partie de nos pratiques et objectifs.

    CNT Education 69

  • Le 16 novembre 2008 à 13:43

    A quand la lutte pour l’auto-évaluation et l’autogestion en milieu scolaire ? Pas de concours ! Pas de sélection ! Éducation libertaire ou rien !
    Que fait la CNT pour aller dans ce sens ?

  • Le 16 novembre 2008 à 12:50

    Cette AG est appelée par la précédente AG (!) qui a regroupé une centaine d’étudiants de Lyon2 et Lyon3 sur les quais. L’initiative vient d’un groupe d’étudiants de Lettres (non organisés à ma connaissance). Pour l’instant les débats ont surtout tourné autour du Capes mais ça dépend surtout de qui sera là !

  • Le 15 novembre 2008 à 17:52

    En SES, depuis qq années, les partisans de l’extrême droite sont de plus en plus nombreux notamment à l’oral. (Bon, c’est pas mieux que la gauche vicieuse mais ils ont le mérite d’être clairs).

    Leur pu... de réforme changera rien à ma vie. Je confierai jamais les enfants qui sortiront de mon ventre à leur école qui font des enfants des putains de chaire et d’esprit. Leur monde ne sera jamais le mien et je sens comme un détachement s’agrandissant.

  • Le 15 novembre 2008 à 17:09

    Elle est appelée par qui cette AG ? Et est-ce qu’elle concernera uniquement le CAPES ?

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