Le 13 novembre, Saint-Pétersbourg :
La mort de Timour...
Timour, 20 ans, musicien, anti-fasciste, anarchiste a été tué par des néo-nazis !
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Timour a été un membre actif de la communauté anarcho-punk-hardcore et notre
cher ami. Le soir du 13 novembre, Timour a été victime d’une attaque de nazis. Après l’action de Food Not Bombs sur la place Vladimirskaya au centre-ville, Timour et quelques autres activistes sont allés dans une libraire de la perspective Ligovsky (au centre ville
également) Aux environs de 19 h, Timour et son ami Max "Zgibov" Zgibai se sont séparés de leurs amis pour fumer dehors à côté de la librairie. C’est alors qu’ils ont été attaqués par un groupe d’une dizaine de nazis. Timour a reçu 5 blessures graves dans le cou. Zgibov
a reçu plusieurs coups de couteau dans la poitrine.
L’ambulance est arrivée en 10 minutes. Timour était déjà mort. Zgibov a été amené à l’hôpital, son état est maintenant à peu près hors de danger. La police enquête cette affaire, et prend en considération, entre autres, un motif de « haine nationale ».
Il y a des graffitis au mur à côté du lieu de meurtre de Timour, il y a des bougies, ses photos, et plein de fleurs apportées par ses amis et juste par des gens qui ont de la compassion. Un site de commémoration a été créé par des amis de Timour : stop-it.narod.ru.
Timour a été un membre fondateur du groupe punk-hardcore engagé "Sandinista !" formé en 2003. Il en a été le leader, il en composait une grande partie de la musique et aussi jouait de la lead guitare. Le premier s/t MCD du groupe est en train d’être produit sur Moscow’s Old Skool Kids Records ; le même label a produit un DVD de Old Skool Kids Fest en septembre 2004 où il y a plusieurs morceaux par "Sandinista !" En été 2005,
Timour a aussi rejoint un groupe d-beat hardcore Distress. Il était rentré à Saint-Pétersbourg après une tournée à Scandinavie juste quelques jours avant le meurtre.
Timour a été participant permanent des activités anarchistes dans la ville, comme, par exemple, actions hebdomadaires de Food Not Bombs ou celles de l’infoshop Epitsentr. Il a été également actif dans les confrontations quotidiennes avec les nazis dans les rues. Il était étudiant en 4e année de philosophie à l’Université de Saint-Pétersbourg, et vegan.
Zgibov a joué dans le même groupe que Timour, "Sandinista !", en 2004-2005. Avant cela, Zgibov était la guitare basse du groupe punk hardcore "Svinokop". Actuellement, il est aussi chanteur et bassiste dans le groupe Potom Budet Pozdno. Il est en train de monter son label "Ni Esperas".
Timour sera toujours aimé par tout le monde qui le connaissait, on se souviendra à jamais de lui.
... n’est pas un cas isolé en Russie
Pour nous le caractère politique de ce meurtre est tout à fait clair et nous l’affirmonss dans tous les médias pour éviter toute tentative de suggérer que ce n’était qu’ « une confrontation des gangs des jeunes hooligans ».
En octobre, Timour avait d’ailleurs déjà été attaqué par des nazis , qui l’avaient
menacé assez clairement. Selon ses amis proches, les nazis qui l’ont tué, le connaissaient de nom et d’apparence. Il y a des raisons de croire qu’il n’est pas le seul à être connu ainsi.
Cette mort tragique et bouleversante nous fait nous rappeler de nouveau que les néonazis deviennent de plus en plus actifs en Russie, et notamment à Saint-Pétersbourg. Cette ville, avec un autre centre régional, Voronezh, tend à devenir la première ville quant à la
quantité des meurtres et des attaques graves contre les gens à l’apparence "non-slave" et les étrangers. Cela concerne en premier lieu les étudiants étrangers assez nombreux à Saint-Pétersbourg (10 000 environ) D’après les données de la police, Saint-Pétersboug est la troisième ville de Russie pour les crimes contre les étudiants étrangers ( Moscou la
quatrième).
D’ailleurs, le meurtre de Timour témoigne du début d’une autre tendance : les nazis s’attaquent désormais également à leurs compatriotes connus comme activistes antifascistes. L’année dernière, Nikolai Guirenko, un ethnologue réputé et expert pour les questions de racisme a été abattu à travers la porte de son propre appartement à
Saint-Pétersbourg. Guirenko énonçait de nombreuses critiques à l’égard de la passivité des autorités locales face à la menace néonazie et témoignait volontiers lors des procès contre les criminels néonazis.
Maintenant c’est la communauté punk-hardcore que les néonazis identifient comme un de leurs ennemis directs, et cela dans différentes villes de Russie. Ce sont non seulement les gens impliqués dans les actions directes contre les nazis et les participants aux manifestations anti-fascistes qui s’avèrent visés, mais également les participants pacifiques de la communauté punk-hardcore-DIY repérés surtout de par leur look ou à cause de la bonne visibilité locale de leurs activités de concert.
En avril 2005, dans la région moscovite, les musiciens de plusieurs groupes punk, rentrant après leur concert en train de banlieue, ont été attaqués par un groupe d’une vingtaine de nazis. Les nazis ont jeté leurs guitares par la fenêtre et les ont battus avec des bouts de
l’armature. Plusieurs musiciens et leurs ami(e)s, y compris les filles, ont eu des blessures et des fractures, et l’un d’entre eux a eu une traumatisme crânien très grave. La communauté musicienne de plusieurs villes s’est alors réunie en action solidaire de récolte d’argent pour son traitement long et coûteux.
En septembre et octobre 2005, dans deux villes voisines du sud de la Russie (Volzhsky et Volgograd, le public de plusieurs concerts a été attaqué par des néonazis à la sortie des clubs. Plusieurs personnes ont été blessées. Ayant peur des
attaques nazies la direction des clubs de ces deux villes refuse maintenant d’accueillir les concerts punk.
Un autre cas grave a eu lieu le 4 novembre 2005 à Saint-Pétersbourg, le jour de la « Nation Unie » (qui a désormais remplacé la fête révolutionnaire du 7 novembre), après la manifestation des nationalistes russes autorisée par le gouvernement. Un groupe d’une
douzaine d’anarchistes essayaient de contrer cette manif. Ils ont été très vite interpellés par la police.
Plus tard, dans une autre partie de la ville (toujours au centre) deux gars au look punk, non impliqués dans l’action mentionnée ci-dessus, ont été assez gravement blessés avec des couteaux par des néonazis. L’un d’entre eux est toujours à l’hôpital dans le coma, et la récolte d’argent pour son traitement est en cours.
Plusieurs fois les activistes pétersbourgeois de "Food Not Bombs" se retrouvant tous les dimanches à même heure et au même endroit, sur une place du centre ville, ont été menacés de violence physique par quelques nazis qui les observaient systématiquement depuis quelques mois. Les nazis ont bien saisi que les activistes qui « nourrissent les sales
clochards » sont aussi les antifa et anarchistes actifs.
La manifestation antifasciste « Marche contre la haine » qui a eu lieu à Saint-Pétersbourg le 6 novembre visait à dire son mot décidé contre le racisme et le nationalisme de plus en plus légitimé par l’État, ce que les manifs nazis de masse autorisées le jour « de la Nation Unie » corroborent bien. Après cette manif, il y a eu plusieurs menaces directes adressées à ses participants. sur les forums internet Les émetteurs de ces menaces suggéraient clairement leur appartenance aux « gardiens de la pureté de la nation russe ».
Le danger consiste en le fait que les néonazis sont de moins en moins ces skinheads lookés qui ont scandalisé autrefois le large public - les informations sur plusieurs meurtres des « caucasiens » en région moscovite ont été largement relatées dans les médias et ont
suscité de nombreuses mises en exergue du look « skinhead ». Les gangs d’aujourd’hui ne portent plus forcément des signes extérieurs d’appartenance et agissent de manière toujours plus organisée.
Il y a même des partis qui apparaissent pour encadrer cette jeunesse de 14-20 ans, qui avancent les leaders plus âgés et ayant l’expérience de lutte armée (comme, par exemple, le « Parti de la Liberté » - Partija Svobody, et son leader Juri Beliajev, ancien combattant en Yougoslavie. Et les nazis qui ont attaqué Timour le soir du 13 novembre au tout centre ville n’étaient guère remarquables par leur extérieur, habillés "en civil" et ayant juste des
casquettes noires baissées sur les yeux.
Les activistes de notre communauté commencent à masquer leurs visages et baisser les capuchons. Personne ne veut plus rentrer seul ou en petit groupe, personne ne se sent plus en sécurité. Il est encore tôt de dire si l’on est bien décidé et prêt à se réunir face à cette menace flagrante. Tout le monde est en choc profond, mais la réaction oscille entre
les appels à « l’oeil pour l’oeil » (de la part de beaucoup d’antifa radicaux déjà impliqués dans l’action directe) et le désir de se taire et de se montrer le moins possible.
Il nous manque encore violemment d’expérience, d’organisation et de connaissance des règles de défense ou bien d’attaque, quand il le faut. Il nous manque encore aussi d’expérience de propagande, de recherche des sources de soutien et d’organisation des luttes au quotidien.
Je vous sollicite, camarades français, vous, les antifa radicaux et vous, les activistes pacifiques, mais tous, me semble-t-il, plus expérimentés que nous en matière de luttes quotidiennes ! Je sollicite vos conseils, et je vous serai reconnaissante de tout récit d’expérience, tout contact ou lien internet utile, qu’il soit en matière des moyens de lutte physique ou bien en celle des procédés de propagande !
Envoyez, s’il vous plaît, vos contributions. Je trouverai le temps et les moyens de les traduire pour les diffuser le plus largement possible sur les sites, les forums ou dans les fanzines russes.
Merci !
Lièvre rouge
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