PEÑA NIETO ¡YA BASTA ! De la situation révolutionnaire au Mexique

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Le 26 septembre, cela fera un an qu’a eu lieu la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa.
Le groupe Lyon de la Coordination des Groupes Anarchistes en profitent pour relayer son article de cet été paru sur le premier numéro de « Résistances Libertaires »et annoncer qu’aura lieu à la Plume Noire le 9 octobre la projection du documentaire « Ayotzinapa, chronique d’un crime d’État ».

PEÑA NIETO ¡YA BASTA ! DE LA SITUATIONVOLUTIONNAIRE AU MEXIQUE

LES ÉCOLES NORMALES ET L’ÉCOLE D’AYOTZINAPA :

Les écoles Normales sont apparue dans les années 30 au Mexique. Université non-mixte, femmes ou hommes, elles ont pour but de former des élèves des communautés, souvent d’origine indigènes, pour qu’ils puissent devenir ensuite maître.SSE.s au sein des communautés et participer à leurs développements. Ces écoles sont rattachées à la FECSUM, la fédération des étudiants paysans et socialistes du Mexique. Souvent très pauvres, les élèves sont très politisés.E.s et impliqué.E.s dans leurs communautés. Les étudiants peuvent apprendre ou pratiquer les différents dialectes utilisés dans les communautés afin de pouvoir enseigner au plus grand nombre.
L’école normal d’Ayotzinapa, situé dans l’état du Guerrero, dans la ville de Tixla Guerrero, est connue pour être un foyer de développement des mouvements sociaux. Les étudiants venus aussi des états proches (Oaxaca, Puebla, D.F. etc…) y sont très engagés politiquement et revendique leurs droits hauts et forts. Des personnages importants des révoltes sociales, des militants et des leader de groupe armés guérilleros (on peut citer Lucio Cabañas ou Genaro Vásquez Rojas) ont étudiés à Ayotzinapa, ce qui a largement été réutilisé à mauvaise escient par la propagande gouvernementale pour réprimer violemment toute révolte sous couvert de protection.

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Ayotzinapa est une école non-mixte de garçon, elle abrite 539 élèves, 39 professeurs et six agents d’entretiens. Depuis sa fondation en 1926, 88 générations de professeurs ont pu donner des cours à environ 40 000 000 élèves tout au long de leurs carrières. Le gouvernement mexicain, tente depuis plusieurs années de limiter les possibilités d’enseignement dans les écoles normales, ne voyant pas d’un bon oeil de tels foyers de développement d’un esprit critique envers leurs politiques capitalistes. Ainsi aujourd’hui il ne subventionne presque plus Ayotzinapa, l’école fonctionnant avec 35 pesos/jours par étudiants, c’est-à-dire 2€, pour la nourriture, les fournitures scolaires et les vêtements des
élèves.
Les étudiants descendent régulièrement dans les rues pour réclamer leur
droit fondamental à l’éducation, dans des conditions dignes. Ils demandent l’amélioration
de leur condition d’études, plus d’argent pour leur permettre d’étudier et de rénover les locaux de l’école, dans laquelle ils dorment, étudient et vivent. Il défende aussi les méthodes d’apprentissage, remise en cause par le gouvernement, les écoles normales ayant la particularité de mélanger apprentissage théorique et pratique, en particulier agricole, pour faciliter l’implication dans le développement et l’aide dans les communautés.

LES RAISONS DE LAVOLTE :

Le point d’orgue des révoltes survient le 26 septembre dernier, quatre-vingts étudiants de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa, vont manifester contre la réforme de l’enseignement à Iguala. Ils tentaient de récolter des fonds afin de rejoindre le cortège de México qui s’apprêtait à commémorer le 48e anniversaire d’un massacre d’étudiants perpétré par le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel de nouveau au pouvoir en ces heures sombres) le 2 octobre 1968 dans la capitale mexicaine où 1500 manifestants n’ont jamais réapparu après les 29 minutes de fusillade incessante de l’armée sur la place Tlatelolco.
Le 26 septembre, la manifestation dégénère à cause des actions violentes des forces de police. Le maire d’Iguala, José Luis Abarca, corrompu et suspecté de lien avec le narcotrafic, tient à marquer le coup et les esprits des jeunes contestataires. Les bus de transport public que les manifestant avaient confisqués dans la soirée ont été pris pour cible par des policiers municipaux, bilan : trois morts et vingt-cinq blessés. Les agents ont aussi attaqué un bus transportant les joueurs d’une équipe de football locale et un taxi, faisant trois victimes supplémentaires.
Des témoins ont vu des dizaines d’étudiants se faire embarquer dans des camions de police fédéral (équivalent de la police nationale) et municipale. 57 étudiants sont portés disparus, 14 seulement réapparaîtront. Bien que 28 corps ait étés découvert calcinés dans une fosse aux portes de la ville et que deux membres du cartel Guerrero Unido, qui auraient participé à l’enlèvement aux côtés des forces de polices, affirment avoir tué 17 d’entre eux, l’identification formelle des corps reste à être prouvé et 43 étudiants sont toujours portés disparus. L’un d’entre eux à même été retrouvé, laissé pour mort, la peau et les yeux arrachés du visage. Après l’arrestation de 22 policiers, le cartel a menacé, s’ils n’étaient pas relâchés, de commencer « par divulguer les noms des gens qui nous soutenaient au sein du gouvernement…la guerre a commencé : Guerreros Unidos ». Le maire d’Iguala, José Luis Abarca et sa femme Maria de Los Angeles Pine, avaient pris la fuite, craignant le cartel, ainsi que la colère des parents d’étudiants, venu attaquer la mairie à coup de cocktail molotov, deux jours après avoir ordonné l’attaque des manifestants. Ils ont tous les deux étés arrêtés et inculpés en novembre dernier.

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Malgré la violence de leurs actes et la certitude quant à l’implication des instances policières et gouvernementales dans l’enlèvement et le massacre des étudiants, les sphères politiques tente toujours de convaincre l’opinion publique que la situation actuelle est normal et résulte des conséquences de l’implication militante des étudiants. Ils tentent et réussissent auprès de certains par la désinformation de justifier leurs actes. Depuis lors, la lutte menée par les étudiants survivants et les pères et mères de famille afin d’exiger la réapparition en vie des 43 disparus s’est transformée en l’une des plus grandes et des plus radicales mobilisations que le Mexique ait connu durant ces dernières années. Elle symbolise le rejet de la situation d’impunité totale des militaires, de la police et des cartels de la drogue couverts et protégés par les autorités (près de 100 000 personnes ont été exécutées durant les dix dernières années et plus de 20 000 personnes sont recensées comme disparues, sans compter les nombreuses affaires de viols non résolus et impliquant souvent des militaires ou policiers).

« ¡Vivos se los llevaron, vivos los queremos ! » : Vivant ils nous les ont prit, vivant nous les voulons !

Depuis lors, les parents des disparus et les élèves de l’école d’Ayotzinapa n’ont eu de cesse de se battre pour retrouver la trace des 43 étudiants et ont appelé.E le mouvement social mexicain à rejeter totalement le processus électoral qui avait lieu le dimanche 7 juin, élections législatives et locales, au cours desquelles 500 députés, neuf gouverneurs et 900 conseils municipaux devaient être élut au Mexique. Appel visant à exprimer concrètement le rejet populaire de la corruption, de la répression et de l’exploitation mise en œuvre par toute la classe politique sur le pays et à mettre en place des conseils populaires afin que le peuple reprenne le contrôle de ses lieux de vie.
D’importants mouvements de grèves se sont aussi déclarés dans différentes régions, le 17 mars, des dizaines de milliers d’ouvriers agricoles de Basse-Californie (50.000 grévistes selon une dépêche de l’Associated Press du 24 mars), même s’il n’y a pas de lien direct, cela montre bien le climat actuel des forces populaires au Mexique.

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BRÛLONS LES URNES !

Dans la ville de Oaxaca, le syndicat des instituteurs CNTE ont brûlé 13 000 bulletins de votes et les urnes devant un bureau de l’Institut National Electoral (I.N.E.). Dans la région et les états alentour (Guerrero, Oaxaco, Puebla, Chiapas…) ce sont des centaines de milliers de bulletins de votes qui ont été dérobés ou brulés. « La dignité du peuple ne permettra pas que soient installées les urnes électorales, car nous font défaut 43 étudiants de la normale, parce que la justice n’a pas été rendue pour les personnes assassinées, parce que nous avons des prisonniers politiques, parce qu’il n’y a pas de démocratie, parce qu’aucun parti politique ne nous représente et parce que c’est l’I.N.E., au travers des élections, qui a mis au pouvoir des candidats politiques lies au narcotrafic », nous informaient dans un communiqué le Conseil Populaire de Tixtla, le 31 mai dernier.
En réaction ce sont pas moins de 40 000 militaires et hommes de la police fédérale qui ont été déployés par le gouvernement de Enrique Peña Nieto dans les États d’Oaxaca (16 000), du Chiapas, du Guerrero et du Michoacan. Lors de manifestation de protestation la répression a encore frappé fort, faisant énormément de blessé.e.s, civils et étudiants sont toujours pris pour cible. Antonio Vivar Díaz, étudiant et militant, définit comme leader par la police pendant les affrontements, est ainsi assassiné par balles pour avoir osé protester. Le président mexicain (Enrique Peña Nieto) sera en visite en France le 14 Juillet, invité d’honneur de la fête nationale par Hollande.

Au programme entre autre la vente par la France d’une vingtaine d’hélicoptères militaire de transport de troupes, la négociation d’autres accords de vente militaire encore à confirmer. On note aussi la proposition de former de nouvelles unités de police mexicaine, selon un modèle issu de la gendarmerie française, au vu de notre efficacité à traiter les problèmes de terrorismes…
Or, selon la Position Commune que la France a adopté avec les pays européens en matière d’exportation d’armements, « les États membres refusent l’autorisation d’exportation s’il existe un risque manifeste que la technologie ou les équipements militaires dont l’exportation est envisagée servent à la répression interne ». Le document est signé de la main de Bernard Kouchner en 2008, alors qu’il était ministre des Affaires Etrangères de la France qui assurait alors la présidence du Conseil européen. Sans compter que les États européens sont supposés faire preuve « d’une prudence toute particulière en ce qui concerne la délivrance d’autorisations aux pays où de graves violation des droits de l’homme ont été constatés par les organismes compétents des Nations Unies (…) », ce qui est précisément le cas avec le Mexique. Sur le papier, toutes les conditions sont donc réunies pour une suspension des exportations d’armes au Mexique.

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Nous tenons à marquer notre soutien à tou.te.s les personnes en luttes pour leurs droits au Mexique, contre l’impérialisme, le capitalisme et la toute puissance des états et classes politiques corrompus. Justice pour Ayotzinapa ! Justice pour tous les crimes d’états !

Le groupe CGA-Lyon

P.-S.

Le numéro complet de Résistances libertaires est téléchargeable sur le site fédéral de la CGA et en version papier à prix libre à la Plume Noire.

Groupes associés à l'article

CGA - Coordination de Groupes Anarchistes

  • La plume noire, 8 rue diderot, Lyon 1er
  • groupe-lyon (at) c-g-a.org
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    Site Web : https://www.cgalyon.ouvaton.org/

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    Ouverture de la librairie La Plume Noire les mercredis de 17h à 19h et les samedis de 15h à 19h

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