Hasdine a 35 ans [1] et il est fou.
Le lundi 8 octobre, il est jugé au tribunal de Lyon. Les charges qui pèsent sur lui sont des violences sur 2 jeunes femmes, des outrages et résistances à 3 policiers et des violences sur un des 3 policiers en question.
Hasdine est sorti de prison le 6 juillet 2007 aprés avoir purgé une peine de 4 ans pour violences. Sa vie, avant son entrée en prison en 2003, c’était la prison et encore avant aussi : en témoignent les 28 mois de prison qu’il a effectué tout en étant mineur.
À 35 ans, il cumule 24 mentions, condamnations et autres sur son casier judiciaire : des vols, des violences et la consommation de stupéfiants.
Dans les faits qui sont énoncés pendant l’audience il est dit qu’Hasdine « a mordu un policier », qu’il « est devenu subitement violent » lors son interpellation et qu’il s’est « cogné la tête à plusieurs reprises contre le fourgon de police ». Pendant la garde à vue, il a refusé de signer sa déposition et pendant l’ interrogatoire du juge il nie tout les faits qui lui sont reprochés et invente des histoires abracadabrantes.
Dans le box des prévenus il fait un doigt à l’avocat des flics, Me Versini. Moins drôle, il fera aussi un signe d’égorgement à la victime de son agression.
En bon sarkoziste, le procureur ne se préoccupe pas de ce genre d’indices sur la santé mentale du prévenu, il évoque la loi sur la récidive et exprime sa volonté de « ne pas faire de cadeau au prévenu ». Il n’a « aucun état d’âme » à requérir une « peine plancher » : pour une infraction qui est puni jusqu’à 10 ans de prison, la « peine plancher » est 4 ans de prison.
C’est ce que demande ce (très jeune) procureur pour Hasdine, pourtant complétement fou.
L’avocat présente son incapacité à défendre son client dans les conditions où s’exercent la justice actuellement : « Mon client est fou...je ne plaide pas l’incapacité pénale car je ne suis pas magicien : j’ai reçu ce dossier il y’à 3 heures ».
Sans une enquête approfondie sur lui, sans information aucune sur son état psychologique, sans l’avis d’un médecin, de sa mère avec qui il vit, l’avocat ne dispose de rien pour évoquer l’état de délabrement psychologique de son client devant une cour.
Seules les mentions judiciaires inscrites sur son casier permettront à l’avocat de mettre en avant une explication : sur les 24 condamnations figurant sur son casier judiciaire, pas une fois un Tribunal n’a demandé une peine mixte ou un suivi psychologique ou sanitaire après la prison !
L’avocat conclue : « prononcez autant de prison ferme que vous voulez, il ressortira » et demande que, pour une fois, la peine soit assorti d’un suivi médical.
Les juges s’en foutent complétement et dans leur frénésie ininterrompue de condamnations hebdomadaires, ils infligent à Hasdine la « peine plancher » [2] mise en place par Sarkozy et requise par le procureur. Quatre ans de prison ferme plus des sommes à payer à la hauteur de l’absurdité du délibéré : 2000 euros au Trésor (2 amendes), 1800 euros de dédommagement aux trois policiers, 500 euros de dédommagements à l’une des victimes et le plus gros est à venir puisque l’une des victimes a demandé le renvoi d’audience sur interêts civils. Le montant total des dommages et intérêts sera connu le 27 mars 2008.
Le Tribunal n’a bien évidemment pas imposé de suivi sanitaire ou psychologique au prévenu à sa sortie de prison.
Dans leurs décisions cyniques les juges expriment leur mépris pour les prévenus mais aussi pour les (futures ?) victimes qu’ils s’empresseront de gaver d’euros pour les faire taire, quand elles viendront demander des comptes à cette justice qui marche sur la tête.
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