Badgeuse à l’entrée, passage sous un détecteur de métaux, et vie sous l’œil de caméras. Promesse de campagne, Wauquiez voulait transformer les lycées en taule. Mi-janvier, la première décision du nouveau président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a été d’installer des portiques de sécurité à l’entrée de 15 lycées :
« L’objectif est de commencer sous un délai d’un mois et demi, deux mois », a ajouté le numéro deux de Les Républicains. Cette expérimentation doit ensuite être généralisée à tous les établissements dépendant du Conseil régional, avant la fin de l’année. Le lycée Pierre-Beghin de Moirans en sera doté dès la rentrée des vacances de Pâques, à la fin du mois d’avril.
La liste des malheureux établissements qui vont tester les portiques de sécurité n’est pour l’instant pas diffusée par la région, mais la colère qu’ils suscitent commence à en faire connaître certains. Dans le lycée Pierre-Beghin de Moirans (Isère), autant dire que l’annonce du nouveau calife de la région n’avait pas été appréciée.
Les autres lycées concernés se mobilisent aussi. Et après les parents d’élèves et les profs, ce sont les élèves qui se révoltent des installations à venir. À Chambéry, les élèves de Louis Armand, où il s’agirait là aussi finalement « d’installer à court terme des tourniquets de sécurité à badges et des caméras au sein de l’établissement », une belle banderole « Pas de portique dans mon lycée » trônait mardi à l’entrée. Une manif est prévue jeudi 24 mars, à 11 h.
Mardi 22 mars, les élèves d’un autre établissement test, Lafayette à Clermont-Ferrand, ont défilé contre la Loi travail mais aussi les portiques de détection, avec une banderole « Un lycée pas une prison ». Le 10 mars, 200 élèves avaient bloqué le lycée pour protester contre les portiques. Et parmi d’autres mobilisations, à noter la pétition un enseignant du lycée Hector-Berlioz de la Côte-Saint-André (Isère) qui s’est largement diffusée, signée par plus de 1700 personnes.
Nous, signataires, considérons que cette mesure coûteuse (20 millions d’euros) est inefficace et contraire à l’esprit même de l’Ecole.
Nous, signataires, considérons qu’on entre dans un lycée pour y devenir davantage un citoyen libre - non pour y être considéré d’entrée comme un potentiel suspect.
Ce dont nos lycées ont besoin, c’est de moyens humains : de davantage de surveillants, de davantage d’éducateurs. S’en remettre à la technique et à Big Brother pour protéger nos enfants, leur inculquer dès leur formation le dressage social que constituent « pointeuse » et caméras, c’est renoncer à en faire des êtres libres.
Si la colère gronde dans les lycées concernés par l’expérimentation, la mesure devrait inquiéter tous les établissements de la région. Tous sont menacés par Wauquiez des mêmes installations d’ici la fin de l’année. Un pas de plus dans le délire sécuritaire et la vie sous surveillance.
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