Pour le grand public, Outreau a été la manifestation la plus flagrante – car très médiatisée – que la justice est capable de terribles injustices.
On le constate de façon encore plus criante lors des jugements quand il s’agit de plaintes de la part de policiers.
Les violences policières sont légitimées par des pratiques et décisions de justice qui assurent peu à peu une véritable impunité pour les policiers au détriment des simples citoyens.
Ces abus policiers, qui sont pratiquement toujours justifiés ou minimisés, débouchent la plupart du temps sur la condamnation (qu’on ne peut qualifier de laxiste) des personnes interpellées ou tabassées. D’ailleurs, la justice est de plus en plus sévère à leur égard, comme le souligne le sociologue Fabien Jobard [1] :
« La justice prononce des peines de plus en plus lourdes : la part des peines de prison était un peu supérieure à 10 % des sanctions en 1985-1994, elle avoisine aujourd’hui les 20 % (de même que la durée de l’emprisonnement prononcée, plus longue, les amendes, plus lourdes, etc.). A cela s’ajoutent les intérêts civils payés par les condamnés, car, aujourd’hui, les policiers se constituent partie civile à l’encontre de près des deux tiers des prévenus, pratique quasiment inusitée il y a de cela seulement quinze ans. »
Pour mettre en lumière cette politique répressive entre ces deux institutions que sont la justice et la police, des personnes qui en ont fait les frais viendront donner des témoignages de ce qu’elles ont subi.
Pourquoi tant de connivences entre justice et police ? Pourquoi la parole d’un policier aurait-elle plus de poids aux yeux de la justice ? La justice refuse-t-elle le risque de se mettre à dos la police ? Est-ce la conséquence logique d’une politique générale de répression ? L’analyse de ces questions sous l’aspect juridique sera présentée par Jean-Jacques GANDINI, avocat au barreau de Montpellier.
Quelles réponses à donner ? Des réformes, on en parle, mais ne serait-ce pas plutôt une refonte totale du système qu’il faudrait faire ?... Nous en débattrons ensemble à l’aide de praticiens, de chercheurs et de membres de l’association Témoins.
Compléments d'info à l'article