Rosa Parks plutôt que Barre

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On l’a échappé belle, le nouveau lycée Rosa Parks de Neuville/Saône, qui est inauguré ce mercredi 14 mars, devait s’appeler Raymond Barre.

Heureusement, les lycéennnes et les lycéens qui y étaient opposés ont obtenu gain de cause, l’administration prétextant que Raymond Barre était encore vivant et qu’il lui était encore possible de déraper à nouveau...

En effet, dernièrement, dans une émission de France-Culture, Raymond Barre a rendu hommage à ce criminel contre l’humanité de Maurice Papon et a qualifié « d’homme bien » Bruno Gollnisch (voir ici et ).

C’est d’ailleurs sur la suggestion d’une lycéenne que le lycée de Neuville prend le nom de Rosa Parks.

Rosa Parks

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Rosa Parks, née le 4 février 1913 en Alabama aux USA, que l’on surnommait la « mère du mouvement des Droits Civiques », avait initié les combats de défenseurs de la cause noire aux Etats-Unis tels que Martin Luther King ou Malcom X et consacra les dernières années de sa vie à promouvoir la lutte pour les droits civiques auprès des jeunes. Elle est décédée le 24 octobre 2005 à 92 ans.

Le 1er décembre 1955

Rosa refuse de se lever dans un bus pour laisser sa place à un blanc. Cela se passe à Montgomery, ville d’Alabama, un des états les plus racistes des Etats-Unis, scène inhabituelle d’un racisme ordinaire.
« Pourquoi tant de persécutions ?
- Je l’ignore, mais la loi est la loi et je vous arrête »,
tel fut l’échange entre Rosa Parks et les policiers venus l’arrêter dans le bus, ce 1er décembre 1955. Inculpée pour « conduite désordonnée », elle devra s’acquitter d’une amende de 14 dollars.

L’arrestation de Rosa Parks conduit Martin Luther King, qui a 26 ans, à appeler au boycott des bus de la ville. Un appel entendu par toute la communauté. La clientèle noire décide alors de se déplacer uniquement à pied, parfois sur des très longues distances, en dépit des intempéries. Des taxis conduits par des Noirs se proposèrent comme substitut, mais ils furent rapidement déclarés hors la loi. Avant ce 1er décembre, en payant le même prix qu’un passager blanc, les Noirs devaient s’asseoir à l’arrière du bus aux places « colored » réservées aux personnes de couleur ; céder sans condition leur place en cas d’affluence et ne devaient jamais prendre place devant ou à côté d’un Blanc, même dans l’espace réservé. Le boycott dura 381 jours, compte tenu de l’importante clientèle noire, 75 % de l’ensemble, il représenta un manque à gagner considérable. Il pris fin le 20 décembre 1956, date à laquelle fut appliqué l’amendement du 13 novembre 1956 de la Cours Suprême des Etats-Unis, déclarant anticonstitutionnelle la ségrégation dans les bus de Montgomery.

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Rosa Parks et Martin Luther King en 1955

« On a souvent dit que j’avais refusé de céder ma place ce jour-là parce que j’étais trop fatiguée », peut-on lire dans une autobiographie de Rosa Parks, « mais ça n’est pas exact. Je n’éprouvais pas un sentiment de fatigue physique, ou du moins pas plus qu’à l’accoutumée après le travail. Ma fatigue était plutôt morale. J’en avais assez de toujours suivre sans protester les ordres des Blancs. »

Le refus d’obtempérer de Rosa Parks n’était bien évidemment pas le premier depuis le début de la ségrégation raciale. D’autres arrestations avaient eu lieu dans les états ségrégationnistes du Sud, mais il semble que celle de Rosa Parks révéla l’ampleur de la révolte du peuple opprimé. Comme beaucoup d’autres Noirs de l’époque, le couple Parks perdit son emploi. En outre, acculé par les menaces, en 1957, il dû déménager à Détroit, au Nord-Est du pays. Mais le mouvement pour l’égalité des droits civiques était né...

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  • Le 16 mars 2007 à 17:27

    moi j’ai voté pour Rosa Park c’est pas mal ^^

  • Le 15 mars 2007 à 11:38, par Alain MARTIN-RABAUD

    J’adore l’amplification de la rumeur : d’une information que j’ai donnée dans Libération du 12, on en fait un mouvement des lycéens contre leur administration.
    La réalité est tout autre : lors d’un processus très démocratique, la règle donnée par le proviseur disait très clairement que les noms de personnes vivantes seraient refusées parce qu’elles risquent de déraper à un moment ou un autre.
    Pendant ce processus, des personnes ont suggéré Raymond Barre et ont été désappointés de voir ce nom refusé à cause de la règle imposée par le proviseur. La liste soumise au conseil d’administration, dont je fais parti en tant que parent d’élève, comprenait outre Rosa Parks, Martin Luther King, Léopold Senghor, André Malraux, Sophie Scholl, Hanna Arendt et Emile Guimet.
    Donc la proposition de Raymond Barre s’est arrêtée très tôt dans le processus de sélection du nom.
    Mais mon intervention dans le courrier des lecteurs de Libération voulait surtout souligner l’importance de la règle proposée par le proviseur pour éviter qu’un lycée ou tout autre institution porte le nom d’une personne qui peut déraper, tant qu’elle est vivante.
    Il n’y a pas eu d’action de résistance, face à une administration rétive, bien au contraire.
    Ce qui est vrai, c’est que le nom de Rosa Parks a été proposé par une élève de seconde et que nous, les parents d’élèves FCPE, nous l’avons soutenu en bloc, après un vote interne, devant la pertinence de ce choix et surtout l’image de cette femme, admirable.

  • Le 14 mars 2007 à 10:46

    bravo aux lycéens !

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