Ce lundi 21 novembre 2022, le gouvernement a annoncé les détails du dernier volet de sa réforme de l’assurance chômage. Après avoir d’abord durci les conditions d’ouverture des droits puis revu à la baisse le calcul de leur montant, il s’en prend désormais à la durée d’indemnisation. Le concept est simple, nous a-t-on répété en boucle : quand le contexte économique est bon les règles seraient plus strictes, plus généreuses quand il est mauvais. De générosité possible, il n’y en a pourtant nulle trace dans cette réforme. Dans le meilleur des cas, si le taux de chômage (aujourd’hui de 7,3%) repasse au-dessus de 9% (ou bien augmente de plus de 0,8% en un trimestre), la durée d’indemnisation restera la même qu’aujourd’hui : aucun progrès à espérer donc. Dans tous les autres cas, cette durée d’indemnisation sera réduite de 25%, ce qui revient à dire qu’une personne qui avait droit auparavant à 24 mois d’indemnisation n’aura plus droit désormais qu’à 18 mois !
Pire ! Le gouvernement ajoute encore deux mesures : l’assimilation, de fait, de tout abandon de poste à une démission (ce qui ne permet pas d’ouvrir des droits) et la privation de toute indemnité de chômage pour les personnes en fin de CDD qui refuseraient deux propositions de CDI de leur employeur en un an. Voilà qui place les salariées dans une position de fragilité encore aggravée vis-à-vis d’un patronat qui dispose ainsi de nouveaux moyens de pression !
Les mensonges du gouvernement
Pour justifier un tel paquet de mesures, le gouvernement ne recule devant aucun mensonge. Le premier consiste à faire croire qu’on serait aux portes d’un retour au « plein emploi »... Or quelle est la réalité ? Selon les chiffres officiels du Pôle Emploi, il y a aujourd’hui plus de 3,16 millions de chômeurs-euses de catégorie
A en France. Il faut encore y ajouter les chômeurs-euses et travailleurs-euses précaires des catégories B et C (2,27 millions de personnes) ainsi que les personnes non-inscrites à Pôle Emploi ou non-disponibles qui constituent le « halo du chômage » soit, au minimum, près de 6 millions de personnes ! Sachant que la population active est aujourd’hui de 30 millions, cela signifie un taux de chômage et de précarité réel aux alentours de 20%... Alors, le « plein emploi », vraiment ?! Le second mensonge est celui d’une explosion du nombre d’emplois non-pourvus. Or que disent les chiffres du Pôle Emploi, là encore ? Il y aurait aujourd’hui 373 000
emplois vacants, soit un total largement inférieur à celui d’il y a 10 ans (460 000 en 2012) et quasi stable depuis 2018... Nous sommes donc loin d’une « explosion » et surtout très en deçà des chiffres du chômage !
Une déclaration de « guerre sociale »
Cette réforme représente une régression sociale d’ampleur, basée sur un mensonge d’État. Alors que les prix de l’alimentation et de l’énergie s’envolent et que le gouvernement refuse d’indexer les salaires et les minimas sociaux sur l’inflation (entraînant ainsi un appauvrissement relatif généralisé de la population),
c’est une véritable déclaration de guerre sociale. L’erreur serait de considérer qu’une telle réforme ne concerne que les chômeurs-euses : c’est l’ensemble de nos acquis et de nos droits sociaux qui sont attaqués, les uns après les autres. RSA et retraites sont les prochains sur la liste. On ne doute pas que le gouvernement verrait dans une absence ou une faiblesse de réaction aujourd’hui un signe encourageant pour aller encore plus loin dans son travail de casse. Toutes les lignes rouges ont déjà été franchies : travailleurs-euses, chômeurs-euses, précaires, étudiantEs, retraitéEs... il est temps de passer à l’offensive !
Un saccage en trois étapes :
Ce qui change au 1er février 2023 :
Une réforme nécessaire ? les mensonges du gouvernement :
|
(collectif de chômeurs/chômeuses et de précaires,
permanence tous les 1ers et 3es lundi du mois
18h-20h à la Luttine 91 rue Montesquieu Lyon 7)
contact : brigadedesfauchees@riseup.net
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info