Travail, famille, patrie... leur insertion contre la nôtre !

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François Fillon, actuel ministre de la
précarité (comprenez : des Affaires Sociales, du Travail et de la Solidarité), est un des meilleurs crus de cette jeunesse d’après-guerre qui sent bon le terroir et la famille nombreuse : bac de philo, DEA en droit ; on ne peut que le retrouver à de telles responsabilités, « il faut remettre la France au travail » lui aurait souffler son camarade premier de la classe (gouvernementale).

Sitôt dit, sitôt fait : fin avril 2003, le ministre Fillon annonce la réforme du RMI (revenu minimum d’insertion) en RMA (revenu minimum d’activité) c’est-à-dire la remise au boulot des chômeur-euse-s les plus éloigné-e-s du marché, tout du moins les chômeur-euse-s « les plus fragiles » dans le marché du travail. Ce dispositif, qui sera voté le 18 novembre prochain, est une vraie machine de guerre contre les chômeur-euse-s mais aussi contre les salarié-e-s et la solidarité collective : en effet le coût d’un emploi en RMA (pour 20 h de travail salarié par semaine) équivaut à 1/5è du coût d’un-e SMICard-e, ce qui fait dire aux associations de lutte contre le chômage que pour un-e SMICard-e vous pouvez avoir cinq RMAstes ! Cette mesure est bien évidemment financée par vos impôts, taxes... Attaque contre la solidarité collective puisque la base des cotisations sociales (sécu, retraite, chômage...) se fait sur la différence entre le RMI et les miettes de salaire versé par l’employeur (140 €uros de l’employeur - coût : 2 €uros de l’heure !) ; de plus, retenons que l’employeur-euse se verra verser par la CAF le montant du RMI que normalement notre chômeur-euse devrait toucher, ce qui signifie que le/la chômeur-euse devra bien aller au turbin s’il-elle veut récupérer ses miettes mensuelles (contrat de 18 mois
maximum ouvert au secteur marchand à 20 heures hebdo, 100 000 contrats au total pour 2004) ; il n’y a pas de dispositions prévues en cas de licenciement économique.

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L’orientation du budget 2004 concernant l’emploi est claire : nous allons financer notre précarité de l’emploi (SMIC horaire en salaire de référence et CDD) en aidant financièrement les patron-ne-s à nous embaucher (augmentation de tous les budgets finançant des emplois aidés et dans le secteur marchand en particulier)...

Autre attaque anti-sociale du gouvernement : la diminution de la durée d’indemnisation du chômage. Il est vrai qu’à l’origine ce sont les partenaires asociaux (MÉDEF, CFDT en tête) qui ont négocié cette régression sociale en décembre 2002, le gouvernement n’a fait que donner son agrément mais il aurait pu s’opposer à cet accord minoritaire. La première partie de ce protocole est entrée en vigueur au 1er janvier 2003 sans que personne, ou presque, ne s’en rende compte : cela concerne tou-te-s les chômeur-euse-s inscrit-e-s après le 1er janvier 2003 ; puis cette mesure que l’on peut résumer à « indemniser moins de chômeur-euse-s et moins longtemps » s’appliquera également à compter du 1er janvier prochain aux personnes indemnisées avant le 31 décembre 2002, question de faire payer cash la mesure de juillet 2001 : à savoir l’arrêt de la dégressivité des allocations. Petit exemple : si vous aviez cotisé 8 mois sur les 12 derniers mois, vous aviez droit à 15 mois d’indemnisation, ça passe à 7 mois à compter de cette fin d’année ! (tableau complet disponible au local d’AC ! Rhône et sur leur web)

La gestion, souvent qualifiée de catastrophique, des caisses de l’UNÉDIC (sorte de fédérations des ASSÉDIC) par les partenaires asociaux n’est, en fin de compte, qu’une manipulation très bien orchestrée pour remettre au boulot les chômeur-euse-s sous prétexte qu’on ne peut ruiner un « système qui a fait ses preuves » à cause de ces parasites qui se dorent la pilule avec leurs allocations pas méritées. Sont, d’entrée, occultées les raisons qui amènent une personne à être indemnisée par l’ASSÉDIC : fin de missions d’intérim, de CDD divers et variés, un licenciement économique ; le discours sur les chômeur-euse-s fainéant-e-s a déjà fait ses preuves, c’est bien rôdé tout cela ! De plus, l’ASSÉDIC n’indemnise que 40 % des chômeur-euse-s, ce sont les conséquences des différentes réformes du système d’indemnisation au fil du temps, les autres chômeur-euse-s se retrouvent aux minima sociaux (RMI par exemple ou sans rien).

La France doit montrer ses capacités à être compétitive sur les marchés internationaux, elle doit redorer sa vieille image de puissance économique, elle doit montrer son dynamisme, le ministre de la précarité dans un discours enflammé, début octobre, a fait ressortir cette vieille imagerie aux relents pétainistes : « Nous affirmons enfin la valeur du travail et du mérite comme source d’enrichissement collectif, mais aussi d’épanouissement personnel » ou encore « On ne peut, en effet, avoir le meilleur système de retraite d’Europe, la meilleure santé du monde, l’école et l’université gratuite pour tous, des services publics performants, sans que chacun d’entre nous donne le meilleur de lui-même en travaillant plus longtemps et mieux ». Comment comprendre ce discours lorsque l’on suit le fil de l’actualité des licenciements, des délocalisations et qu’entre les 300 000 offres d’emplois proposés par l’ANPE (30 % du marché du travail) et les trois millions de chômeur-euse-s (déclaré-e-s dans une mascarade de bidouillages de chiffres) ? Ce discours est le même que celui du patronat licencieur et exploiteur, le même discours confédéral de la CFDT. Comprendra qui voudra mais du travail y’en a pas pour tout le monde ! On ne va pas se battre pour en avoir quand même ! On le laisse... et c’est bien cela dans le fonds la lutte que nous pouvons mener : s’organiser pour résister à ce salariat émietté que l’on nomme de plus en plus précariat.

chaos tic-tac
chaotik at no-log.org - octobre 2003

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Quelques sources :

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