Et voici le nouveau bouquin de tahin party ! [1]
La thématique en est la punition, plus particulièrement sous son aspect pénal, c’est à dire étatisé. Bien sûr, parce que c’est la moindre les choses, Baker y dit du mal de la prison. Mais elle met en garde contre le piège de croire que la suppression de la prison apporterait forcément un mieux.
Elle soutient que la prison, à cause de son petit côté archaïque, pourrait bien finir par (presque) disparaître, pour laisser la place à quelque chose de pire. Traitement psychiatrique (entendre aussi « chimique » ) des déviances ou bracelet électronique, on ne manque pas de moyens modernes d’exercer une coercition plus performante encore. La punition est une vengeance. Simplement une vengeance qui se donne pour dépourvue d’émotion, dépersonnalisée, objective.
C’est pourquoi, après avoir examiné les motivations qui justifient habituellement la punition, Baker s’intéresse, dans un dernier chapitre, à des pistes pour un règlement des conflits qui évacue l’idée de vengeance. A cet effet, elle présente et commente les travaux de penseurs abolitionnistes, souvent criminologues ou pénalistes, très peu traduits en français, ainsi que diverses expériences, qui vont de la Commission « Vérité et réconciliation » en Afrique du Sud aux expériences canadiennes de « Justice réparatrice ».
“ Que devient là-dedans la défense de la Société ? Une expression creuse, parfaitement vide. Car ce sont les hommes qui valent la peine d’être défendus, des hommes qui cherchent à vivre ensemble, à résoudre le plus intelligemment possible leurs problèmes sans donner pour ce faire procuration à un procureur pour lequel les individus que nous sommes ne peuvent exister en tant que tels. Le crime ou le délit n’est plus une offense à la Loi mais une offense à quelqu’un qu’on juge capable, finalement, de vous comprendre. À la confrontation les abolitionnistes préfèrent la rencontre, à l’État des associations ponctuelles de soutien pour les uns, de petites collectivités rurales ou urbaines pour d’autres. Chacun doit pouvoir choisir ses alliés et sa méthode d’approche des événements. Pour tous le crime est une tragédie, mais qui touche aussi bien l’offenseur que l’offensé ”.
Sans doute ce livre pose plus de questions qu’il n’en résoud. Mais ces questions touchent juste.
old shatterhand
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