Vous avez dit « conseil de quartier » ?
Laissez moi rire ! Réaction peut-être naïve de la part de quelqu’un qui n’avait jamais mis les pieds dans ce genre d’instance et, qui plus est, qui habite depuis peu sur les pentes. Mais tout de même...
Rapide description...
Après une présentation rapide du bureau, dont certains membres ne sont pas là, la parole est vite monopolisée par les deux co-présidentEs. Un homme, une femme. Une adjointe à la mairie et un commerçant, tous deux du 1er, donc. La première commence par une présentation de la loi qui est sensée régir la mise en place de ces conseils, la loi Vaillant, puis continue sur les objectifs de ces conseils : « stratégie », « urbanisme », « civisme », « transparence », « représentativité », « création de lien social » (sic) et j’en passe...
Elle se fait interpeler, suite à cet énoncé de grands principes. À la limite de couper la parole des intervenantEs, elle répond sans le faire. Tout comme le faisait ma prof d’histoire en seconde, quand on posait des questions qui sortaient du bouquin. Elle passe donc vite à autre chose, et donne la parole à son collègue de présidence. Celui-ci présente un rapide bilan des diverses commissions (stationnement, animation/vie sociale, propreté, nuisances, à ce que j’ai retenu). De nouveau, des interpellations, des gens qui tentent de prendre la parole qu’on tient tant à « leur donner ». De nouveau, elle coupe et/ou s’énerve, tentant de faire régner l’ordre (du jour) dans sa réunion. Matraquant à qui veut bien l’entendre, ou l’écouter c’est selon, que ces conseils « sont les nôtres », qu’il faut y « participer pour pouvoir être représenté », cette dame n’a fait que monopoliser la parole. Même lorsque son co-président l’avait... Stoppant toute discussion dépassant une minute, sous prétexte « d’avancer » dans les bilans des commissions, des points de l’ordre du jour, elle a tout de même pris quelques notes (il me semblait pourtant que dans des organes tels que ce « soviet » , traduction facile, il devait y avoir unE secrétaire. ça doit être ça leur « transparence »...). Ou si elle ne la coupait pas, elle partait dans un dialogue entre représentante de la mairie et habitantE du quartier. Elle avait pourtant bien insisté sur la « marginalité » de ce conseil vis-à-vis de la mairie, ce dernier ne devant être qu’un relais de parole, son rôle n’étant que consultatif. Puis elle affirme deux minutes après que nos propositions seraient des décisions si on s’investissait plus.... Je commence à m’interroger.
...pour une réaction rapide
Car oui, en fait, ce conseil de quartier n’en est pas un. On s’y attendait un peu, en même temps.
Décision ? Consultation ? L’explication est contradictoire.
Indépendant de la mairie ? Complètement biaisé par sa présence et son énervement dès qu’on y touchait, plutôt.
Représentativité ? Certes, il et elle ont bien précisé que ce conseil en manquait. Mais on leur apportait sur un plateau. Au début de la réunion, l’allocution de la dame en question signifiait qu’il manquait « des jeunes et des personnes issues de l’immigration » (marque déposée semble-t-il). Bon, on n’était peut-être pas touTEs noirEs ou marronEs, mais sûrement issuEs d’une certaine vague d’immigration quand même... Puis il y avait pas que des grisonnantEs non plus. Bref, quand on coupe la parole et qu’on n’écoute pas, qu’on reste dans ses bureaux, il ne faut pas se plaindre ensuite.
Créateur de lien social ? Sans m’attarder sur tout ce qui peut être induit par ce mot, et utilisé par des personnes au pouvoir (ce qui mériterait un autre article), je souhaite quand même signifier une incohérence de plus dans cette mauvaise performance théâtrale. Je ne vois rien qui lie socialement, dans le fait de récupérer les plaintes de gamultes (mix entre gamins et adultes...) sur les merdes de chien ou le doux bruit du « carreau sur place » si cher aux joueurs de pétanque. Je n’y vois qu’une infantilisation de plus. Une intermédiation pseudo-pacificatrice qui lie peut-être le plaignant à la mairie de Lyon, mais qui ne responsabilise en rien, et ne collectivise sûrement pas les problèmes. Même des faux problèmes comme ceux-ci. En ce qui concerne les problèmes un peu plus sérieux, comme l’affichage libre/gratuit, la hausse des loyers, la privatisation des appartements, beaucoup d’énervement, de confrontation de chiffres, de « mais moi monsieur » ou de « nous à la mairie du 1er »...
Assez rigolo à voir, mais rien qui règle ces problèmes qui nous touchent plus que les déjections canines, et qui concerne justement celles et ceux qui ne s’étaient pas forcément déplacéEs ce soir. Celles et ceux qui « créent du lien social » ailleurs, loin des belles paroles et des machouillages de chewing-gum d’une adjointe à la maire... Celles et ceux qui jouent à la pétanque et qui, lorsqu’ils marchent dans une merde, la nettoient puis passent à autre chose... Celles et ceux qui, par leur tags et affiches, font naîtres des paroles et/ou les relaient, égayent les murs blancs qui abritaient les résistants d’antan... Celles et ceux qui, malgré la mascarade électoralo-politique, n’attendent pas ou plus ses conseils en tous genre. Celles et ceux qui vivent et font vivre leur quartier.
Les pentes de la croix rousse ne sont pas « mortes », pour reprendre les propos du co-président du conseil. En tous cas pas encore. Pas si celles et ceux du bureau de ce conseil ou d’ailleurs écoutent celles et ceux qui, ce soir, ont pointé du doigt des soucis peut-être loin des leurs, mais, à mon sens, fondamentaux. Le droit au logement abordable plus que celui du tourisme, la liberté d’expression plus que celle de vendre.
Il me semble que, ce soir, le message était clair. L’organisation de la vie de quartier n’a aucun fondement lorsqu’elle se fait par le biais de loi et autres décrets. Et ce d’autant plus quand elle rentre en contradiction avec d’autres initiatives, moins institutionnelles, mais qui on le mérite de ne pas avoir attendu l’impulsion par le haut.
Celles qui s’autogèrent plutôt que d’attendre qu’on leur propose de cogérer.
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