Ce débat public sur les déchets nucléaires, débutant en avril, s’est vu de nombreuses fois empéché. A Bagnol-sur-Cèze, à Valence, à Lille, à Gravelines, à Bar-le-duc, ...
A Lyon, ça n’a pas attendu longtemps. Dès la première minute de la présentation de ce qu’est un « débat public » par cette instance présentée comme « neutre » qu’est la commission nationale du débat public, la personne avec son micro fut interrompue bruyamment sur le fait qu’il n’y avait pas de débat.
Iels voulaient organiser un spectacle de la démocratie iels en ont eu. Interventions impromptues de plusieurs personnes dans la salle (jusqu’une pause de 20 minutes pour que l’organisation se réorganise, une heure après le début, peu d’interventions ont pu avoir lieu), applaudissements bruyants, joyeuse musique de pipo lorsque le directeur d’EDF essaya de prendre la parole, banderole déployée par greenpeace avec intervention, interventions plus développées au micro pour dénoncer le nucléaire, une personne volant les micros pour les distribuer dans le public, beaucoup de choses ont eu lieu dans cette salle assez bien remplie au début.
Et une part du public n’en fut pas content. Et pour cause, cette mascarade publique a bien tourné dans le réseau du nucléaire, au point de croire qu’une partie non négligeable [1] de la salle était des ingénieur.es du nucléaire venant pour se faire des contacts. Une autre part qui pense que la démocratie c’est quand les puissant.es ont la parole libre.
Un cadre du nucléaire (se présentant comme tel) a pu intervenir dans le public disant qu’en réalité « 90 % de la masse des déchets radioactif est faiblement radioactif », et continue pour demander « le déclassement des déchets faiblement radioactifs pour s’en servir comme matière première », beau plan pour réduire la part des déchets nucléaire français, ça va être sympa les HLM radioactifs du futur.
Une autre personne de l’assistance, bien habillée, nous disant aller régulièrement à Bure pour le boulot, « je ne me suis jamais fait contrôlé par la police là bas ». La preuve qu’avec une voiture de riche et une cravate on peut circuler comme on le souhaite dans une région militarisée sans être inquiété, et ça continue sur le fameux nucléaire qui va sauver la planète.
Une mascarade publique
Le CNDP est une « une autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect de la participation du public au processus d’élaboration des projets publics ou privés d’aménagement ou d’équipement de grande importance » [2]. Tout est dit, on a des projets déjà ficelés, et on vient intégrer du public dans ces projets pour diminuer la contestation.
Pour la CNDP – du moins ce qui a été dit au micro - un débat c’est des experts qui viennent montrer leur savoir, et « à la fin vous pourrez poser vos questions » pour que ces mêmes experts répondent à vos préoccupations. Cette même instance qui se prétend neutre nous explique que le nucléaire est un domaine beaucoup trop technique pour que « le citoyen puisse prendre des décisions à ce sujet ».
Du coup, des personnes ne se sont pas laissées faire et on pris la parole pour rappeler la belle démocratie qui militarise le territoire meusien et enchaîne les procès et enfermements, même territoire qui est un « pôle nucléaire » avec sa quinzaine de projets nucléaires, que cette belle démocratie dépense 60 millions d’euros pour corrompre l’entièreté du territoire pour un projet CIGEO qui a déjà été ficelé depuis les années 1990. 30 ans après toutes les décisions prises - 1 milliard d’euros plus tard - il y aurait donc une participation possible du « public » ?
Dans une mascarade publique, tout est bon pour montrer que la démocratie a bien lieu. Des opposant.es au nucléaire prennent la parole ? Vous voyez, on ne censure pas, on en a même invité volontairement. Des personnes coupent la parole à des corrompu.es du nucléaire qui en font leur business ? Bouh les méchant.es qui « prennent en otage le public dans un débat démocratique ».
De nombreuses instances ne se sont pas laissées jouer au jeu de justifier cette mascarade, par exemples le réseau sortir du nucléaire, ainsi que la CRIIRAD, invitée, a décidé de la boycotter car « En matière de nucléaire, les consultations, débats publics et autres enquêtes publiques ne sont pas instaurés pour rechercher les options les plus satisfaisantes pour l’intérêt général mais pour donner un vernis démocratique à des décisions déjà prises. […] une consultation mort - né e puisque l’État n’a mis en débat que les scénarios les plus favorables à l’industrie nucléaire, des scénarios impliquant en outre des exportations massives d’électricité. Les autorisations de création se sont enchaînées (usines d’enrichissement, de conversion, EPR Flamanville...) sans que la question des déchets radioactifs que vont produire ces installations ne soit posée. » Tout en précisant qu’elle continue à lutter pour informer dans d’autres espaces que celui-ci, bien ficelé et préparé en amont.
On ne se laissera pas avoir par leur concept de démocratie et de liberté d’expression qui ne sont que de la mise en scène pour permettre aux puissant.es de continuer de s’enrichir et aux contestataires et aux perdant.es du système de se faire écraser par la répression, la pollution ou l’exploitation.
La bataille des mots
Ca nous parle de risque pour éloigner le problème, et ça en parle avec des belles théories sur ce que philosophiquement parlant signifie le risque, mais évidement ça ne parle pas des problématiques réelles du nucléaire. Rien sur la responsabilité française dans les essais nucléaires et le lien entre nucléaire civile et militaire [3] , rien sur les 22 000 travailleur.euses du nucléaire en France qui ne portent pas un risque philosophique mais subissent des réelles problématiques de santé6 ainsi qu’à ces milliers de personnes qui meurent liées à l’extraction d’uranium, sur les 500 accidents nucléaires officiels, pas de réponse à la personne qui posait la question de la confiance à accorder à ces experts de la nucléocratie. On a même eu droit à un représentant de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), qui lorsqu’il ne se faisait pas couper la parole, nous disait sans sourciller que le nucléaire énergétique représente 1 % de la part d’exposition des gens à la radioactivité en France. Ce qui est dangereux dans la vie c’est le granite, c’est bien connu, d’ailleurs lorsqu’une personne précisa la problématique du tritium retrouvé dans les eaux, un représentant du nucléaire dans le public dit « y a du potassium dans les pommes, il faut arrêter de manger ? ». L’IRSN est régulièrement dénoncé par des organismes tels que la CRIIRAD [4] pour falsifier volontairement ses études.
L’opération de communication a tout de même pu partiellement avoir lieu. Pour les personnes qui n’ont pas pu êtres présentes, ne vous inquiétez pas, tout ce qui a été dit ressemble à peu prêt à un usage de concept opérationnel de la langue de bois, cf cette vidéo à contenu équivalent : https://www.youtube.com/watch?v=oNJo-E4MEk8
Faire une opération de communication, utiliser les bons mots :
Des représentants du monde du nucléaire qui viennent faire une opération de com’ = faire un café philo
Des instances financées par des sources nucléocrates / des entrepreneur.euses grassement payé.es= des instances / des expert.es indépendant.es.
Une industrie mortifère = un risque du nucléaire sous contrôle
Une industrie sous contrôle militaire, totalement opaque, dont les décisions sont prises dans les hautes sphères du pouvoir = nous donnons la parole au public (vive les post it)
Une industrie dont des accidents majeurs planétaires ont lieu pour la destruction complète de l’environnement = une industrie propre
Une rencontre de membres de l’industrie nucléaire qui se sont fait tourner le mot, avec quelques personnes qui ont pu avoir accès à la présence de cette mascarade publique = Des citoyens représentatifs qui veulent s’informer.
On sait pas quoi faire avec cette merde = on optimise la cohérence de la gestion des déchets radioactifs
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