Je m’intéresse aux questions politiques liées aux oppressions et à la justice sociale depuis un moment, du point de vue d’une personne directement concernée par certaines choses que je souhaite changer dans la société, autant que du point de vue d’une alliée qui tente d’aider d’autres personnes à faire la même chose. Et je suis très reconnaissante que l’activisme contre les oppressions existe et qu’il réalise des choses géniales, ce n’est donc pas une critique du mouvement dans son ensemble. Cependant, en tant que « mouvement » (dans la mesure où il y a quelque chose d’uni ici, sous la forme d’un groupe de personnes avec des valeurs partagées, plutôt que des petites poches de personnes qui agissent de manière isolée), nous projetons certains messages à propos de ce que cela veut dire d’être une bonne alliée, que j’aimerais aborder ici.
Je crois que ces messages sont bien intentionnés et ont une raison sous-jacente, mais je suis arrivée à la conclusion que la combinaison de messages contradictoires que nous utilisons pour scruter nos alliées rend théoriquement impossible le fait d’être une bonne alliée — laissant simplement aux alliées la possibilité d’échouer plus ou moins bien. J’ai l’impression d’avoir fait beaucoup d’effort pour être une bonne alliée pendant un temps relativement long, et que cette bataille a été perpétuellement perdue. Je préfère donc revenir à mes rôles précédents de « fille », de « sœur », d’« amie », « d’être humain ». Ce genre de choses sont des choses que je pense accomplir décemment.
La première chose que l’on vous vous dit lorsque vous commencez à aller dans cette direction est qu’« être une alliée est un travail acharné. Tu dois continuellement t’améliorer ». Et je suis d’accord avec ça. Franchement. Je suis satisfaite de passer des heures à lire des blogs, des livres, à remettre en question mes valeurs, à apprendre beaucoup de jargon, à discuter avec des gens, à dénoncer des situations problématiques, à essayer de faire preuve de sensibilité dans les conversations, à faire de mon mieux pour ne pas utiliser les mauvais mots, et encore continuer à lire et à apprendre, et tout cela en permanence, de manière répétée. Cela ne me dérange pas — tout va bien. Mais être une bonne alliée ne devrait pas être « théoriquement impossible ». Si, alors que tu tentes aussi fort que possible d’être une bonne alliée, cela n’est jamais satisfaisant, c’est qu’il y a quelque chose de faux, au niveau du système, dans ce que nous demandons à nos alliées.
>Invitation à l’organisation du Printemps Libertaire 2025 le jeudi 23 janvier a la librairie La Gryffe(Lyon 7)
Le Printemps Libertaire est un festival lyonnais autogéré par un ensemble d’organisations, groupes, individus qui se reconnaissent dans les idées et pratiques anti-autoritaires. Si vous avez des idées, des propositions ou des envies à discuter, si ça vous dit de filer un coup de main, venez nous...
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info