Autogestion et démocratie directe : le projet libertaire
Souvent déformé et décrédibilisé par les politiciens de tout bord, le mouvement anarchiste a toujours refusé de participer à ce système électoral : pour nous, il est hors de question de légitimer un tel processus et de laisser décider une minorité à notre place.
En effet, pourquoi voter pour une seule personne censée représenter l’ensemble de la population ; qui n’aura pas de compte à rendre sur ses décisions même si elles vont à l’encontre de ses promesses ; et que l’on ne pourra pas révoquer si elle trahit ses engagements ?
Pour une démocratie directe
Face à ce système de « chèque en blanc » donné à une personne censée prendre des décisions pour l’ensemble des électeurs, nous opposons la démocratie directe. Celle-ci repose sur la prise de décisions collectives, qui permettent de donner mandats à d’autres personnes pour effectuer des tâches données, limitées dans le temps, avec un regard sur l’action menée et la possibilité de révoquer ce mandat si celui-ci n’est pas respecté.
Pour ne pas arriver à une sorte de spécialisation avec toujours les mêmes personnes mandatées, la rotation des tâches est aussi proposée pour permettre à chacun-e de prendre part au processus démocratique.
Il s’agit bien d’une organisation horizontale où chaque personne peut s’intégrer réellement et directement au processus de décision, où l’on décide collectivement de ce qu’on produit, comment on le produit (en lien avec les questions écologiques), comment on le distribue, et plus généralement de tous les choix de société.
Pour un fédéralisme libertaire
Mais face à cette proposition de démocratie directe, souvent méconnue et en totale opposition avec le système habituel, la méfiance ou l’incompréhension vient souvent du fait que ce système ne semble pas fonctionnel à grande échelle, et qu’il risque de reproduire un centralisme dans les décisions.
C’est pourquoi, nous proposons le fédéralisme comme mode d’organisation à grande échelle : il s’agit pour des groupes ou des communes de s’associer librement. Nous l’expérimentons à la CGA avec des groupes locaux qui restent autonomes dans leurs actions sans répondre à un organe centralisé qui dicterait l’action de chacun-e.
Pour être le plus clair possible sur l’organisation en mode fédéraliste : des entités géographiques se réunissent d’abord en appliquant la démocratie directe en Assemblée Générale à des petites échelles (quartier) en s’organisant de la façon qui leur convient. Ces entités prennent des positions et peuvent décider ensemble d’éléments relevant d’échelons géographiques plus importants (villes, départements, régions, etc.). Ces décisions sont portées par des mandaté-e-s révocables, désigné-e-s au sein de chacune des différentes entités, qui se retrouvent pour se mettre d’accord. Selon les situations et les choses à décider, les mandaté-e-s ont des mandats ouverts, semi-ouverts ou fermés, ce qui leur donne un degré de souplesse, ou non, lors de la prise de décisions, en fonction des positions des autres mandaté-e-s.
Dans tous les cas, les mandaté-e-s ne peuvent pas porter des propositions qui vont à l’encontre de celles que le groupe a déjà établies. Pour éviter que des mandaté-e-s prennent du pouvoir, des gardes-fous existent : non-professionnalisation, comptes rendus de mandats, rotation des mandats, révocabilité.
Pour une révolution politique, économique et sociale
Bien sûr, la mise en place de la démocratie directe et du fédéralisme n’est pas compatible avec le système capitaliste qui écraserait ou viderait de son sens ce type d’organisation. Si un changement se fait au niveau de la prise de décision au plan politique, mais que nous nous trouvons toujours confronté au système capitaliste, l’effet se réduira à quelques changements en interne mais sans aucun impact sur la société.
C’est pourquoi au niveau économique, nous proposons un système basé sur le communisme libertaire (en totale opposition au communisme autoritaire), c’est-à-dire un fonctionnement également basé sur la démocratie directe et le fédéralisme autogestionnaire sur les lieux de travail et par secteurs d’activité, et la mise en commun des richesses produites, des moyens de production et d’échange.
Nous sommes contre le fait qu’il y ait des personnes qui possèdent ces moyens (les patrons, les bourgeois), et que la grande majorité n’ait que (ou principalement) leur force de travail à vendre.
Nous sommes pour un partage égalitaire des tâches, en fonction des possibilités de chacun-e, pour la mise en commun des richesses, et pour leur répartition égalitaire, en fonction des besoins.
Nous pensons que cela passe par un processus révolutionnaire, car les possédants et leurs alliés ne se laisseront pas faire.
Ainsi, le fédéralisme autogestionnaire et la démocratie directe ne sont possibles qu’avec une double structuration : au niveau économique (prendre des décisions par entreprises, branches, inter branches) et géographique. C’est pourquoi, nous parlons d’autogestion généralisée avec fédéralisme.
Et ci-joint notre brochure anti-électorale et le numéro spécial de Résistances Libertaires.
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