Bilan du Comité de lutte Lyon sur le mouvement contre la réforme des retraites

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Voici un premier bilan rétrospectif et critique du CLL sur l’année de révolte sociale 2022-2023.



BILAN DU COMITÉ DE LUTTE LYON

Le Comité des Luttes de Lyon (CLL) est né à la fin de l’année 2022, alors que la population était déjà confrontée à l’inflation, à l’augmentation des prix des carburants et à la spéculation qu’elle générait.

Lorsque, fin janvier 2023, le projet de réforme des retraites est arrivé à l’Assemblée et que les organisations syndicales ont commencé à appeler à prendre la rue, le CLL s’est naturellement engagé dans le mouvement. Il y voyait l’opportunité de s’organiser de façon unitaire, horizontale et combative ainsi que de fédérer plus largement autour des sujets liés au monde du travail en général salariat, répartition du temps de travail, pénibilité, etc..

Lutter contre la réforme des retraites, c’était lutter contre un système économique qui nous oblige à monnayer la majeure partie de nos vies pour pouvoir survivre le restant du temps.

Rapidement, les méthodes de l’intersyndicale ont amené des inquiétudes au sein du Comité de lutte : appels des secteurs en ordre dispersé au lieu d’un appel unitaire général, absence de reconduction, réduction de la lutte à la seule manifestation déclarée et aux grèves ponctuelles

Ces éléments, terreau propice à la démobilisation et à la grève par procuration, présageaient déjà de la défaite du mouvement. Aujourd’hui, alors que l’Etat et l’intersyndicale ont entériné l’échec du mouvement, est venu pour nous le temps de dresser un premier bilan.

Dès le début du mouvement, le CLL s’est engagé à être à la fois un point d’appui pour les grévistes et une force d’initiative pour mener ses propres actions, parmi lesquelles :

- Perturbation des flux routiers par des barrages filtrants dans l’agglomération lyonnaise puis, avec le durcissement du mouvement, des blocages du périphérique et de l’A7
- Mise en gratuité de plusieurs péages
Interpellation des élu.e.s, que ce soit lors du conseil municipal du 6e arrondissement ou lors des visites de ministres ou de Macron sur Lyon
- Soutien aux sections syndicales de lutte, dont :
• Envahissement de la centrale électrique de Cusset avec les électricien.ne.s, Blocage de la raffinerie de Feyzin et du port Edouard Herriot avec les gazier.e.s,
• Envahissement de la gare de la Part-Dieu et blocage des voies de Perrache avec les cheminot.e.s,
Blocage d’un chantier Part-Dieu avec la CGT-BTP
• Blocage du centre de tri de Saint-Priest avec les posti.ères

Le CLL a également été à l’initiative :

- D’une manifestation régionale organisée un samedi pour permettre aux travailleur.euse.s les plus dépendant.e.s de se mobiliser
- D’une action d’auto-réduction « caddies gratuits » dans un Carrefour villeurbannais, pour collecter des produits destinés aux précaires du quartier de Gratte-Ciel.

Certes, le CLL, à l’échelle lyonnaise, ne sera pas parvenu à s’affranchir de la mainmise des centrales syndicales sur le calendrier.

Certes, malgré un retour à l’action directe et une offensivité incontestables parmi de nombreuses bases syndicales, la majorité des travailleur.euses n’ont pas été entrainé.e.s dans une dynamique de blocage total de l’économie, ni au niveau de la production, ni au niveau de la circulation.

Mais aujourd’hui, force est de constater que la stratégie de l’intersyndicale, uniquement basée sur des mobilisations épisodiques, n’a pas pu arrêter le gouvernement. En bonne « partenaire sociale » qu’elle est, elle ne le fait d’ailleurs plus depuis près de 30 ans...

En regard de cette situation, le CLL aura a minima permis de tisser des liens entre différentes luttes se faisant écho : syndicalistes combatif.ves de divers secteurs, AG féministes, étudiant.es, Education, Culture, travailleuses du sexe.. Le CLL aura également proposé la mise en application coordonnée de moyens d’action offensifs, en s’attaquant directement au processus de valorisation du capital par le blocage, le sabotage, l’occupation, la mise en gratuité....

Même si la multiplication des actions masquait sans doute mal l’impossibilité d’une grève générale, celles-ci nous auront tout de même permis d’interrompre provisoirement certains flux de marchandise et de nous attaquer à des points stratégiques de l’infrastructure logistique du capitalisme à l’échelle de la métropole. Ces actions ont aussi été l’occasion d’éprouver une intelligence collective et de renouer, même sporadiquement, avec l’esprit d’impudence des Gilets Jaunes.

D’autre part, la constitution d’une caisse de grève du CLL à destination des salarié.e.s les plus isolé.es nous a permis de soutenir matériellement de nombreuses personnes en lutte.

Enfin, malgré l’absence quasi totale de soutien de la plupart des organisations syndicales, le CLL sera parvenu à imposer la manifestation régionale du samedi 06 mai à la Préfecture via un référé liberté cassant l’arrêté d’interdiction pris par la préfète.

Suite à l’échec du mouvement et aux événements qui ont marqué ces derniers mois (révolte contre la mort de Nahel, inflation généralisée, catastrophe écologique), il semble aujourd’hui plus que nécessaire de réfléchir à de nouveaux modes d’organisation et de lutte contre le système mortifère qu’imposent nos gouvernants.

C’est pourquoi nous voulons continuer à nous organiser au sein du CLL, pour mettre à l’épreuve les solidarités qui s’y sont créées, les élargir à d’autres secteurs, proposer un cadre d’organisation combatif, apporter ensemble un soutien matériel aux luttes et être forces d’initiative propres.
Nous continuerons donc à lutter contre la précarisation de nos moyens, d’existence en vue d’abattre ce système capitaliste mortifère.

La seule retraite possible, c’est l’attaque !
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P.-S.

Sur CLL sur les réseaux :
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  • Le 22 octobre 2023 à 13:50, par

    Salut,

    Il.me semble important dans l’analyse de souligner le nombre important des manifestants et manifestantes tout au long du mouvement. Dans la plupart des métiers, des préavis (obligations secteurs publics) et des appels à la grève illimités etaient en place. Si les messages nationaux sur les grèves interpro restaient en dent de scie pour essayer de maintenir une unité qui aura fait du mal, on ne peut pas se défausser de nos responsabilités. C’est bien dans les boîtes que la lutte n’a pas pris malgré les appels à la.grève reconductible qui étaient biens présents. Chacun s’est contenter de caler ses actions sur les appels nationaux et les salariés comme les fonctionnaires n’ont répondus majoritairement de façon insuffisante qu’au appels nationaux. Maintenant il convient de ne pas se jeter les fautes mais de voir comment avancer. Beaucoup de boîtes ont commencé à s’organiser et lutter depuis le mouvement. Il nous faudra chercher toutes les entreprises où les salariés ne sont pas organisés pour les amener dans la lutte. Avant une grève générale, il nous appartient de généraliser la grève mes Camarades. Et ensemble c’est le mieux.

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