« La carotte et, de plus en plus, le bâton »
Comme dit Hamé, la meilleure des polices ne porte pas l’uniforme. Taf, télé,
antidépresseurs, crédits, habitude, et les pauvres savent rester à leur place.
Et pourtant. Mi-octobre : réunion de chefs européens en uniforme sur « les défis
des violences urbaines » près de Lyon. La direction centrale de la sécurité
publique française y expose son modèle répressif. Et explique qu’après novembre
2005, cinq émeutes « graves » ces douze derniers mois, et les tirs sur les
flics, il faut écraser toujours plus les banlieues populaires. Tout est pensé.
De l’association stratégique entre les différents corps dans leurs mouvements de
terrain (CRS, gardes mobiles, BAC, fraîches compagnies de sécurisation, etc.) au
matériel sophistiqué de répression et surveillance (flash-balls longue portée,
tazer, vidéosurveillance, hélicoptères, petits avions, drones bientôt
généralisés) [1]. En passant par la garde-à-vue de 96 heures jusque-là réservée à
l’antiterrorisme.
Et plus ils développent et perfectionnent la répression, plus
ils la présentent comme contrôlée, lisse, nette et sans bavure (caméras
embarquées, alibi du non-létal). Ainsi donc, l’Etat français est à la pointe du
maintien de l’ordre militarisé. Certains voisins comme l’Angleterre préfèrent la
police de proximité, représentative des différentes communautés, peu équipée,
qui « parle aux habitants », les rapproche de l’Etat en imprégnant leur
quotidien, qui prend le pouls, pacifie, surveille et quadrille tout autant mais
en douceur.
Gageons que cet impressionnant déploiement à la française doit aussi servir à
prévenir les futures réactions aux effets des craquements et de la bonne santé
confondus du système économique mondial. Restructurations, délocalisations,
licenciements, fermetures, sous-traitance, profits, cracks, fusions, pollution…
Déjà ces derniers mois d’importantes grèves ont eu lieu dans différentes usines,
où les ouvriers ont fait face à la flicaille. Comme récemment à l’usine Lindt
d’Oloron. Ils goûtent là à ce que vivent quotidiennement les immigrés et les
habitants des cités-dortoirs.
Peut-être qu’un jour cette expérience commune à
des personnes de milieux différents mais toutes exploitées créera des liens pour
une solidarité concrète.
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