Pourquoi est-ce que les homicides policiers restent à l’ombre du débat public ? Cet été, Flagrant Déni revient sur ce sujet rarement traité par la presse dominante. Ces derniers mois, nous sommes allés à la rencontre des mères et des sœurs de personnes tuées par la police, nous avons interviewé des chercheurs, nous avons fouillé dans les dépêches de presse, et scruté la parole des procureurs. Résultat de nos investigations : en matière d’homicide policier, le silence ne doit rien au hasard.
Le 19 août 2022, Adam a été tué par la police. Comme souvent dans ces affaires, la famille n’a pas été informée tout de suite par les autorités, qui ont préféré se tourner d’abord vers la presse. Le procureur affirme à la mère d’Adam que l’identité de son fils n’avait été établie que l’après-midi des faits. Dès le matin, Darmanin présentait pourtant Adam comme un jeune « défavorablement connu » des services de police. La machine médiatique, fonctionnant au carburant policier, était lancée…
Le cas d’Adam est loin d’être une exception. C’est ce que révèle notre analyse des interventions publiques des procureurs sur des homicides policiers emblématiques. Depuis 1986 et la mort de Malik Oussekine, les quelques cas où les homicides policiers aboutissent à des condamnations rappellent que la parole des procureurs n’est pas toujours à la hauteur des faits : elle manifeste une fâcheuse tendance à blanchir les forces de l’ordre dès le début de l’enquête.
Les liens de collusion entre police, médias et justice sont dénoués par les deux entretiens qu’a mené Flagrant-Déni avec Paul Le Derff. Le politiste décrit les mécanismes subtils qui contribuent à laisser la plupart des homicides policiers dans l’ombre du débat public. Il explique que les violences policières touchent des catégories de plus en plus larges de personnes. Les homicides policiers se multiplient… mais les mobilisations aussi. Le chercheur met en lumière le rôle central des émeutes urbaines dans l’évolution du rapport de force.
Parce que les victoires sont rares, Flagrant Déni donne la parole au Collectif Babacar. À travers le récit de sa sœur, on devine une conquête notable sur le front médiatique, on apprend les tactiques à mettre en œuvre pour forcer les journalistes à faire leur travail – et pour empêcher les institutions policières et judiciaires de creuser la tombe de l’oubli, avec la pelle du déni.
LA REDACTION DE FLAGRANT DENI
Lire notre dossier « Homicides policiers : qui fabrique le silence ? »
Le récit de Fatiha : « Ils ne m’ont jamais informée, comme s’ils avaient abattu un chien errant »
Le 19 août 2022, Adam a été tué par la police. Comme souvent dans ces affaires, sa mère a été informée par la presse. Le procureur affirme que l’identité d’Adam n’a été établie que l’après-midi. Pourtant dès le matin, Darmanin présentait Adam comme un jeune « défavorablement connu ». Lire la suite.
Entretien avec Paul Le Derff, partie 1 : « La légitimité policière tient surtout à la faible condamnation des policiers »
Le chercheur décrit les mécanismes qui contribuent à laisser la plupart des homicides policiers dans l’ombre du débat public. Il pointe les liens de collusion entre police, médias et justice, et le rôle central de cette dernière. Lire la suite.
Entretien avec Paul Le Derff, partie 2 : « Des brèches dans la forteresse »
Les violences policières touchent des catégories de plus en plus larges de personnes. Les homicides policiers se multiplient… et les mobilisations aussi. Le chercheur pointe le rôle central des émeutes urbaines dans l’évolution du rapport de force. Lire la suite.
Le récit d’Awa : « Combattre le silence : les 4 tactiques du Collectif Babacar »
En décembre 2015, la presse annonce qu’un « forcené » a été tué par la police. L’affaire est promise à l’oubli. Mais très vite, le Collectif Babacar mène la bataille pour médiatiser les lacunes de l’enquête et réhabiliter la mémoire de la victime. Récit d’une victoire notable sur le front médiatique. Lire la suite.
Homicides policiers : quand la justice désavoue les procureurs
Au lendemain de décès impliquant l’intervention des forces de l’ordre, les procureurs sont souvent amenés à prendre la parole publiquement. Au risque de colporter des mensonges policiers… et de se faire ensuite corriger par la Justice. Lire la suite.
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