Le 17 décembre est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe. Elle est d’abord organisée en 2003, par Annie Sprinkle (une travailleuse du sexe militante contre la stigmatisation des femmes qui exercent ces activités) avec le Sex workers outreach project (un réseau états-unien d’organisations de travailleuses du sexe). L’objectif est alors de transmettre la mémoire des victimes de Gary Ridgway, qui a assassiné plus de 70 femmes, pour la plupart des adolescentes fugueuses ou des travailleuses sexuelles, ciblées en sachant que leur disparition provoquerait peu de réactions. Cette journée est depuis commémorée chaque année pour visibiliser ces violences multiples et quotidiennes que vivent les travailleuses sexuelles et résister aux agressions et aux meurtres causés par des individus isolés comme par des systèmes politiques.
En effet, agressions individuelles et violences structurelles constituent un continuum. Les associations de santé communautaire et les organisations de travailleuses sexuelles, dans un dossier publié en 2012, décrivent et analysent les liens entre différentes formes de stigmatisation et d’exclusion sociales, les actes multiples et quotidiens de répression et le rôle particulier des violences institutionnelles. Les politiques publiques jouent un rôle fondamental dans l’oppression des travailleuses sexuelles : à Lyon par exemple, la municipalité organise dès 2002 un harcèlement quotidien des travailleuses du sexe en interdisant leurs camionnettes dans certains quartiers par arrêtés, en répétant les contrôles d’identité et en multipliant les PV et les mises en fourrière des véhicules pour les empêcher de travailler [1].
La loi adoptée en 2016 pour « lutter contre le système prostitutionnel » en pénalisant les clients n’a fait qu’augmenter les risques et les violences. Résultat : elle précarise encore davantage les personnes déjà les plus exposées : les femmes migrantes exerçant dans la rue. Les organisations de travailleuses sexuelles et les associations de santé communautaire l’avaient anticipé depuis plusieurs années [2], l’enquête qu’elles ont mené pour évaluer l’application de la loi le confirme : "Précarisation, prise de risque dans les pratiques sexuelles et exposition aux violences forment un cercle vicieux" [3]. Ce que rappelle aussi le meurtre de Vanesa Campos, une femme trans d’origine péruvienne, qui exerçait le travail sexuel dans le Bois de Boulogne à Paris, et qui a été assassinée par balle en août dernier, par un groupe d’hommes qui les rackettait et menaçait, elle, ses collègues et leurs clients, depuis plusieurs mois.
Cette année, une conférence de presse est organisée à 15h30 au centre Centre LGBTI (rue des Capucins), suivie d’un rassemblement à 17h devant l’Hotel de ville (place des Terreaux), pour interpeller le maire et lire les noms des travailleuses sexuelles victimes de violences, et enfin d’un pot solidaire à 18h30 au Centre LGBTI.
Le mouvement international pour les droits des travailleuses du sexe a commencé à Lyon, avec l’occupation de l’église Saint Nizier en 1975. Depuis, les activistes le répètent dans le monde entier : "Only rights can stop the wrongs" (Seuls les droits peuvent arrêter les torts) et "We are not the problem, we are part of the solution" (Nous ne sommes pas le problème, nous faisons partie de la solution). Soutenons-les dans leurs revendications !
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info