Crest : pourquoi avons nous recouvert de peinture et d’huile vidange la vitrine de la mutuelle Aésio ?

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Un an.
Un an bientôt que nous vivons enfermé.e.s, isolé.e.s, contrôlé.e.s. Un an bientôt que pour une guerre contre un ennemi invisible nous subissons des consignes sous le poids de la peur, la culpabilité. Pour les plus précaires, sous la menace de se voir couper le budget bouffe mensuel, pour un masque mal mis ou une absence d’attestation. Pour les habitant.e.s des banlieues, sous la menace d’une sortie qui peut se transformer à tout moment en bavure.

Il y a bientôt un an, un être vivant microscopique a paralysé tout un pan de l’économie mondiale, vidé les rues de New-York et dégagé nos cieux lardés de pollution. La mondialisation, qui incarnait la toute-puissance de l’espèce humaine, est devenue sa plus grande faiblesse. Le virus s’est emparé de tous les circuits marchands pour établir sa lente avancée et éveiller dans nos esprits terrifiés une réalité oubliée pour beaucoup : derrière notre société aveuglée par le divertissement et cajolée par la médecine moderne se cache la mort, notre mort, qui avance implacablement vers son but.

Face à celà on a vu un pouvoir, d’abord déstabilisé, profiter, comme d’accoutumé, de notre terreur et notre paralysie sociale pour faire passer les décrets les plus liberticides, les lois les plus autoritaires (sécurité globale, loi séparatisme, accéleration du programme 5G.etc).

Les différents confinements/couvre-feux nous condamne à vivre individuellement nos révoltes et sabote toute possibilité de nous organiser à nombreux.ses. Pour la première fois, on s’est vu refuser l’acceuil chez un.e ami.e, un parent, on a laissé des proches fêter l’année seul.e.s parce que le « quota » de distanciation sociale ne pouvait être dépassé.

On a suivi l’agenda du gouvernement sans broncher et les médias ont produit un climat de peur généralisé derrière lequel nous nous sommes tout.e.s mis en rang, or, hormis les rares personnes qui ont eu des proches décédé.e.s du virus, dans les rues, dans les campagnes, force est de constaté que cette guerre n’a rien de palpable. Si tu as la chance de n’avoir ni télé, ni ordinateur, ni téléphone chez toi tu pourrais sortir dehors et ignorer tout de ce fameux conflit que les dirigeants nous ont appelés à soutenir. La seule chose qui la rend palpable, ce sont ces personnes qui changent de trottoir quand elles te croisent sans masque, c’est cet.te ami.e qui te refuse le gît quand tu toques chez lui/elle parce « qu’on ne sais jamais ». Ce sont ces infirmier.e.s qui affichent des banderoles d’indignation à leur fenêtres.

Nous autres, qui suivont le monde depuis les fils d’actu’, nous voilà ballotté entre les différents rapports d’experts (souvent contradictoires), les conseils de défense, le pouvoir des laboratoires et celui de la médecine, qui sont si inatteignables que nous en avons perdu toute emprise sur nos corps et nos libertés.

Au bout de quelques mois, une grogne a tout de même commencé à se faire sentir dans les chaumières. Face à cela le pouvoir a répondu en désignant un responsable : la jeunesse et ses fêtes clandestines. Il produit ainsi un énième scénario de division pour que nul ne s’attarde sur sa propre responsabilité.

Sans honte une génération de sénior s’offusque, pointe du doigt la jeunesse irresponsable. Non contents d’avoir condamné notre avenir, les boomers sacrifient notre présent.

Mais la responsabilité de cette crise ne peut être imputée à un conflit de génération. Depuis des décennies se succèdent les gouvernements libéraux qui dévorent peu à peu les acquis sociaux du dernier siècle.

Les « soignant.e.s », envoyé.e.s en ligne de front dans cette guerre, luttaient déjà avant la crise pour conserver leurs emplois et contre la gestion entrepreunariale imposée aux hopitaux publics par les dirigeant.

(A cette époque, on voyait peu de monde sur les balcons pour applaudir les infirmier.e.s et médecins en lutte).

Derrière les mesures d’austérité visant à nous faire perdre peu à peu les acquis sociaux et notamment ceux des hopitaux publics, on trouve les lobbyings financiers qui cherchent à s’emparer de ce marché juteux. Ces monstres avancent leur pions prétextant la nécessité de rembourser la « Dette Eternelle ».

Aésio, par exemple, qui est le nouvel avatar monstrueux de la mutuelle Adrea, essaye depuis un an de vendre la clinique mutualiste de Grenoble pour la faire basculer dans le privé. L’objectif des intérêts privés étant de permettre le dépassement d’honoraires, à charge du patient, supprimer tous les actes les moins rentables tel que le service des urgences, ceux de cancérologie ou ceux de maternité.

En faisant cela, les mutuelles se désengagent de l’aide aux plus précaires* (*ce prononce en serrant les dents). On pouvait s’y attendre.

Nous cherchions un responsable, nous en avons trouvé un. Ainsi, dans la nuit du 21 au 22 janvier nous nous sommes donné de la force entre ami.e.s, nous avons fait ensemble le choix de briser le couvre feu et nous avons tagué, jeté des œufs de peinture et d’huile de vidange sur la devanture de la société Aésio.

Nous espérons que ce geste vous donnera du courage pour rompre la chape de plomb de cet isolement et passer à l’action.

A bientôt dans la rue.

Des vivant.e.s mortel.le.s

La suite à lire sur : https://ricochets.cc/Crest-la-vitrine-de-la-mutuelle-Aesio-couverte-de-peinture-et-de

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