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Réforme des retraites 2019-2020

À la Maison de la Danse de Lyon, l’attitude des grévistes n’est pas du goût de la direction. Celle-ci souhaite connaître en avance les noms des grévistes, et remplace le personnel d’accueil par du personnel administratif. Entre coup de pression et refus d’entendre les remarques de ses employé-e-s, la Maison de la Danse tient plus à ses spectacles qu’à ses retraites...

Certains cadres de travail nous font parfois oublier cette réalité. Heureusement, les joyeuses périodes de grève et de conflits sociaux permettent de nous le rappeler.
C’est le cas à la Maison de la Danse où la direction tente petit à petit de faire croître la pression sur les grévistes.
Oubliant que le but de la grève est aussi de créer des perturbations socio-économiques, la direction de la MdlD est venue reprendre l’équipe d’accueil à propos de son comportement autour de la grève du Jeudi 9 Janvier.
Tout avait plutôt bien commencé le 5 décembre avec l’annulation de deux représentations scolaires due au fort taux de grévistes parmi les agent-e-s d’accueil (seule corporation réellement mobilisée ici). Si à cette date, la direction avait pris la décision d’annuler les représentations sur la rumeur d’une forte mobilisation, ce ne fut pas le cas pour le jeudi 9 janvier. L’incertitude d’une grande partie de l’équipe quand à sa volonté de faire grève amène certain-e-s agent-e-s à prendre leur décision le jour même. Il n’en fallait pas plus pour que la direction se sente personnellement visée et insultée.

Mais que s’est-il passé pour la grève du 9 janvier ?

Deux représentations étaient prévues, une le matin et une l’après midi.
Malgré un certain nombre de grévistes, le quotas d’agent-e-s d’accueil est tout juste suffisant pour assurer l’accueil et la sécurité des classes (on parle quand même de 500 élèves) pour la première représentation, pour celle de l’après midi le compte n’y est pas. Certain-e-s ouvreurs et ouvreuses ont, en effet, prévu de se mettre en grève uniquement l’après midi.
Qu’à cela ne tienne ! La direction annonce fièrement à l’équipe du matin qu’ils et elles seront remplacé-e-s au pieds levé par du personnel administratif (service des Relations Publiques en tête). Claironnant à qui veut l’entendre que oui, l’accueil du publique fait parti de leurs fiches de postes, et que certaines et certains ont été « agent d’accueil il y a 20 ans, alors les consignes d’évacuation incendie ils les connaissent très bien !! ». [1]
La représentation de l’après midi a donc eu lieu avec la présence de seulement 4 agent-e-s d’accueil (contre 9 le matin, au lieu de 15 en temps normal) le reste des postes étant assurés par du personnel technique ou administratif comme prévu par la direction.

La situation s’envenime quand deux agent-e-s d’accueil non-gréviste de jeudi font un mail à la direction pour revenir sur deux point : la qualité d’accueil médiocre ainsi que la sécurité incendie approximative d’un côté et la non-moralité de remplacer du personnel gréviste au sein d’une entreprise de l’autre.
Piquée dans son orgueil, la direction est revenue vers nous mardi soir pour nous recadrer au moment de notre prise de poste.
Dans l’intervention, on retrouve pelle mêle plein de tics de langage du néo-management, un paternalisme/maternalisme à peine voilé et une petite dose de culpabilisation des employé-e-s :
Bien sûr la direction n’a absolument rien contre la grève, bien sûr eux aussi quand ils étaient jeunes ils ont fait des grèves... Mais quand même, ce n’est pas convenable de ne pas prévenir dans un délais raisonnable (entendez dans le délais qui plaît à la direction) de sa volonté de faire grève. Venant pour « dialoguer », la direction croit tout de même bon de nous rappeler que nous n’avons absolument pas un mot à dire sur ses décisions. Avant de conclure que la MdlD est un théâtre privé, que l’annulation de spectacle coûte très cher, qu’il est de notre devoir d’en être conscient-e-s et d’agir en conséquence. Oubliant au passage que la Maison de la Danse n’est quasiment pas touchée par le mouvement de grève et qu’elle brille par son absence dans les mouvements sectoriels comme « culture au poing ».
Belle tentative de mettre au pas le secteur le plus précaire de la Maison de la Danse, qui décidera comme bon lui semble de ses mouvements de grève et de ses actions collectives.
Refusant de se laisser marcher dessus, corriger comme des enfants, les agent-e-s d’accueil prennent doucement conscience de leur force collective. De bonne augure dans le contexte actuel de lutte !

Notes

[1Omettant que les agent-e-s d’accueil les révisent et répètent à chaque prise de postes.

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