École de la Grève, Journal : extraits du n°0

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Loi travail

"Un endroit où se concentrerait la tension qui nous habite.
Un endroit où on pourrait apprendre et faire.
Le noeud de notre action.
Un point de départ pour la lutte.
Un refuge, et puis un tremplin."

MANIFESTE

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1. Il n’est aujourd’hui plus simplement question d’une loi sur le travail, mais d’un discrédit général qui frappe ce qu’il reste du monde de la politique. Gouvernants, partis, mastodontes syndicaux, groupements citoyens à prétention hégémonique, folklore militant : on voit que ça n’y suffit plus. La loi El Khomri n’est rien que le dernier rejeton d’une lignée de dispositions monstrueuses, qui de la loi Macron à l’état d’urgence ont fini d’enterrer les vieux rêves de la république sociale.
Et soudainement, il s’impose que la loi travail ne peut pas passer. Le reste non plus ne peut plus passer.
Ou autrement dit : ce gouvernement, le gouvernement, ne peut plus nous gouverner.
Partout on descend de jour dans la rue, de nuit sur les places, on tente de marcher sur l’Élysée ou les commissariats, de réquisitionner des bâtiments jusque là affectés à des objectifs sans intérêt ; et qui pense encore sérieusement à une élection présidentielle en 2017 ?
Le roi est bien nu, et c’est finalement là qu’on y voit le plus clair.

2. L’ensemble d’ordres qu’il y a à combattre ne ploiera pas sous des revendications, mais à partir d’actions concrètes qui pourront le ramener à son état de réalité optionnelle.
Nous n’avons pas à opposer à la loi travail l’horizon du CDI. La vie économique nous a déjà bien trop mis à l’amende. Nous n’entretiendrons pas non plus le cadavre à coup de gestions alternatives. Nous voulons découvrir ce qu’il y a en-dessous, au-dessus, derrière, devant, à côté.
D’ailleurs, lorsque l’on sait collectivement se trouver à manger, habiter, se soigner, faire des feux, la question du travail ou celle de la police deviennent bien superflues.

3. Nous nous soucions peu d’être rappelés à la majorité comme on serait rappelé à une autorité suprême. La lutte appartient à ceux qui la font, pas à ceux qui entendraient la contrôler, ni à ceux qui, de loin, exigeraient d’y donner leur avis. La majorité n’est qu’une menace spectrale censée nous prévenir de toute affirmation collective.
Le fait que le mouvement actuel ait su opposer une défiance systématique aux tentatives de le ramener à une quelconque forme connue (contenir les possibilités d’action à ce qui a déjà été fait, trouver des leaders, annoncer des alliances entre des groupes politiques respectables, de quoi s’ensuivraient des négociations possibles) le dit assez bien.
Il vaut mieux alors, dans le moment présent, s’attacher à proposer des options. En voici une.

4. On ne se défait pas de l’ordre existant en le congédiant le temps d’une manif ou d’une assemblée générale, fut-elle à Nuit Debout, dans une usine, ou à la fac. Au petit matin l’infâme vie normale reprend son cours.
C’est non seulement le soir et les jours de grandes liesses qu’il nous faut nous retrouver, mais encore sans interruption.
L’économie, la police, le gouvernement, requièrent pour exister que l’on y accorde notre participation. En nous en retirant, nous en soustrayons la substance : leurs frontières reculent. Aussi nous faut-il un quotidien depuis lequel on s’organise pour réaliser ce retrait, le retrait de nos illusoires conditions respectives - employés, branleurs, jeunes en études, intermittents, escrocs, intérimaires, conspirateurs, retraités.
C’est bien de construire ensemble la grève, une grève permanente, dont il s’agit. D’engager une interruption définitive de la fatalité, où on irait pas plus pointer au taf qu’on ne laisserait des amis disparaître aux mains des flics. D’en trouver les modalités pratiques, de caisses noires en blocages coordonnés.
C’est bien ce sur quoi s’ouvre ici ce lieu.
Bienvenues, bienvenus.

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LE TAMBOUR

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Est-ce que tu sens le sol vibrer sous tes pieds ?
Tu sens, doucement, qu’il se passe quelque chose ?
En face, ils ont peur,
Et toi de moins en moins.
Petit à petit, nous redécouvrons notre poids,
Nous voyons sur la balance que l’aiguille pointe une masse existante.

Est-ce que tu sens le sol vibrer sous tes pieds ?
Tu sens, doucement, qu’il se passe quelque chose,
Et que tu ne vas plus du tout pouvoir te limiter
Aux manifs habituelles ?
En face, la répression nous montre qu’eux le sentent,
Le sol vibrer sous leurs pieds.
Qu’ils ont peur.

Même s’ils ont tout pour eux,
Les moyens, la justice, la police, les médias,
Nous on a quelque chose de bien plus vivant,
Qui nous rattache les uns aux autres,
De la vie,
Quelque chose de joyeusement violent
Face aux répliques sèches des lâches
Qui envoient contre nous
Des flics pas mieux lotis que nous.

Est-ce que tu sens le sol vibrer sous tes pieds ?
C’est le pas chaotique de ceux qui ne peuvent plus seulement discuter,
Qui veulent agir et sentir autour qu’il y a quelque chose à faire.
On sent, doucement, qu’il se passe quelque chose,
Et que ce quelque chose avait besoin d’un lieu.
Un endroit où se concentrerait la tension qui nous habite.
Un endroit où on pourrait apprendre et faire.
Le noeud de notre action.
Un point de départ pour la lutte.
Un refuge, et puis un tremplin.

Est-ce que tu sens le sol vibrer sous tes pieds ?
Les murs de cet endroit sont les peaux de notre tambour.

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COMMENT S’ORGANISER ?

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Comment organiser la lutte ensemble ? Où peut-on stocker du matériel, et mettre en commun les compétences pour animer les manifestations ? De quelle manière pourrions-nous avoir un lieu de rassemblement identifiable ? Comment peut-on faire en sorte que les travailleurs, les lycéens, les chômeurs, les étudiants, les précaires se rencontrent et soutiennent ensemble, matériellement et moralement, les piquets de grève et les blocages économiques de toutes sortes ?

Après presque deux mois de mobilisation, la réponse qu’ont apporté des villes comme Rennes, Rouen, Paris ou encore Toulouse à ces questions parait évidente : il s’agit d’occuper des bâtiments publics inutilisés, ou mal utilisés, de manière déterminée et pérenne. Au delà des liens qui se sont forgés à l’occasion de la vie commune des occupants, ces lieux ont permis de coordonner la lutte.

C’est au tour de Lyon d’ouvrir un tel lieu. Après l’annonce d’un 49.3 qui souligne la politique autoritaire d’un gouvernement vacillant, et pour soutenir, pérenniser et propager la grève. Pour se donner la capacité de réunir de grandes assemblées de lutte. Pour réunir les informations et aller ensemble sur les piquets. Pour tenir des caisses de soutien. Pour lutter ensemble contre la répression policière. Pour penser et réaliser en convergence des blocages.

Tissons des liens entre les endroits et les moments de dés-ordre qui ont émaillés nos dernières semaines. Ayons des gestes de résistance. Cherchons des pratiques politiques qui naissent dans l’horizontalité des groupes

— -

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Retrouvez l’intégralité du N°0 à l’École de la Grève, 4 Place Morel, Lyon.
https://twitter.com/lecoledelagreve

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