Lancé dans une course tous azimuts à l’affaiblissement des droits sociaux et précarisation des populations les plus fragiles, le gouvernement est bien aidé dans cette tâche à la fois par l’assemblée (où LREM est majoritaire) et par le sénat (où la majorité est LR-UDI). Avec les bénéficiaires des APL et avant les régimes de santé et de retraite, les handi·es sont une cible privilégiée de cette attaque généralisée.
En juin, c’est l’accès au logement des handi·es qui a été rendu beaucoup plus difficile. L’assemblée nationale a ainsi adopté le projet de loi « Elan », faisant passer de 100 % à 10 % la part de logements accessibles aux personnes handicapées dans la construction neuve. À la clef : moins de choix de logements pour les personnes handicapées mais aussi l’amplification des difficultés à se rendre chez des ami·es. Si ce taux ne concerne que les logements neufs et non les anciens (trop souvent inaccessibles aux personnes à mobilité réduite), il s’agit là d’une attaque en règle contre l’accessibilité.
En juillet, c’est aux possibilités de travailler que le coup est porter, en réduisant à la fois les facilités d’accès au travail des handi·es et leurs revenus. Le taux de chômage est plus de deux fois supérieur à celui du reste de la population ? Le gouvernement et le sénat n’en ont cure.
Tout d’abord, le gouvernement a modifié, à compter du 1er juillet, le mode de calcul de la prime d’activité. Celui-ci est particulièrement défavorable aux travailleur·es qui perçoivent une pension d’invalidité puisqu’ils et elles n’y ont tout simplement plus droit. La perte de revenus moyenne des personnes concernées est de 158 € par mois d’après les calculs de l’association APF France handicap.
Pour justifier cette mesure, le gouvernement avance deux arguments. D’abord, l’ancien mode de calcul ne serait “pas cohérent avec l’esprit de la prime d’activité”, a affirmé Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, devant l’Assemblée, mardi. (...)
Second argument du gouvernement : “peu de personnes ont été touchées par cette mesure”. En effet, sur les 260 000 personnes touchant une pension d’invalidité et exerçant une activité professionnelle, seulement 6 600 bénéficiaient de la prime d’activité. “On n’a rien fait pour lutter contre le non-recours ! Il n’y a eu aucune information du gouvernement et des caisses pour prévenir ces personnes qu’elles étaient éligibles”, s’insurge la conseillère nationale d’APF France handicap.
Les arguments du gouvernement sont hallucinants, surtout que miser sur le non-recours est une stratégie assez classique des politiques d’aides sociales. Toute aussi hallucinante est une mesure adoptée au sénat mi-juillet : les sénateur·ices ont porté à 250 salariés, au lieu de 20, le seuil des entreprises devant obligatoirement embaucher 6 % de travailleur·es handicapé·es (ici considérées comme les personnes bénéficiant d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH)).
Si de nouveaux financements devrait, selon la ministre du travail, faciliter l’emploi des handi·es, cette mesure va exactement dans le sens contraire. On supprime donc pour un grand nombre d’entreprises une obligation qu’elles ne respectaient déjà pas. En effet, les 6 % sont aujourd’hui loin d’être atteint puisque le taux d’emploi direct de personnes handies dans les entreprises du secteur privé est de 3,4 % et de 5,2 % dans la fonction publique.
Alors que nombre de journalistes font encore mine de se demander quelle est la ligne politique de Macron et ses sbires, ces attaques contre les handi·es viennent la résumer une fois encore : renforcer les puissants, affaiblir les faibles. Handi·es ou non, nous n’avons qu’une conséquence à en tirer : il va falloir nous battre.
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