Depuis plusieurs années, nous fournissons des serveurs et une infrastructure de communication pour « la gauche » [1]. Nous avons fait de notre mieux pour garder les serveurs sûrs, et avons résisté, par divers moyens, aux requêtes d’accès aux données des utilisateurs par les autorités.
En bref : nous tentons d’offrir une forme libératrice de communication à l’intérieur de l’internet capitaliste.
Disneyland
Nous n’avions pas réalisé qu’après le stress des actions de rue ou les longues discussions collectives, beaucoup d’activistes semblent avoir ce désir de papoter à loisir sur Facebook, de tout et avec tout le monde. Nous n’avions pas réalisé que, même pour la gauche, Facebook est la plus douce des tentations. Que la gauche, aux côtés des autres, apprécie de suivre le subtil flux d’exploitation, là ou il ne semble faire aucun mal, et, pour une fois, sans avoir à résister. Beaucoup de personnes ont mauvaise conscience. Bien que cela pourrait leur permettre d’anticiper les conséquences fatales de Facebook, cela ne semble pas se traduire en actes.
Est-ce seulement de l’ignorance ?
Juste pour donner un aperçu du problème. En utilisant Facebook, non seulement les activistes rendent leur propres communications, leur opinions, leurs « likes », etc. transparents et disponibles à l’analyse automatisée. Mais ils exposent de plus -et nous considérons cela beaucoup plus important- des structures et personnes qui ont elles-mêmes peu ou aucun rapport à avoir avec Facebook.
Les capacités de Facebook à rechercher dans la toile des relations, similitudes, etc. sont difficiles à saisir pour les profanes. Les bavardages sur Facebook reproduisent des structures politiques, ainsi rendues disponibles aux autorités, et à des entreprises. Celles-ci peuvent être recherchés, triées, agrégées, non seulement pour obtenir des informations précises sur des relations sociales, des personnes clé, etc. mais également pour faire des déductions et anticipations à partir de motifs récurrents. À l’instar que les téléphones portables, Facebook est la plus subtile, économe, et efficace des technologie de surveillance actuellement disponible.
Les utilisateurs de Facebook comme informateurs inconscients ?
Nous avons toujours pensé que la gauche veut autre chose : poursuivre les luttes en ligne, et utiliser internet au service des luttes politiques. C’est le but, en ce qui nous concerne – encore aujourd’hui. C’est pourquoi nous voyons les utilisateurs de Facebook comme un danger réel pour nos luttes. En particulier les activistes qui publient des informations importantes sur Facebook (souvent sans savoir ce qu’ils font) qui est de plus en plus utilisé par les forces de l’ordre. Nous pourrions presque aller jusqu’à accuser ces activistes de collaboration. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous avons encore espoir que chacun réalise que Facebook est un ennemi politique, et que ceux qui l’utilisent le rendent de plus en plus puissant. Les activistes utilisant Facebook nourrissent ce dispositif, et en conséquence, révèlent nos structures – sans aucune nécessité, sans aucun mandat de justice, sans aucune pression.
Notre point de vue
Nous sommes conscients que l’on parle « de haut ». Pour nous, qui travaillons depuis des – parfois en gagnant notre vie – avec le net et les ordinateurs, l’administration de systèmes, la programmation, la cryptographie, ou autre, Facebook apparaît comme un ennemi naturel. Et comme nous nous considérons également comme faisant partie de la gauche, cela s’ajoute à l’analyse politique des fondements économiques de Facebook, où les « utilisateurs » sont transformés en produits, qui sont vendus, et deviennent consommateurs, en conséquence. Le jargon pour ceci est « la création de besoin ». Nous réalisons que tout le monde n’utilise pas internet avec autant d’enthousiasme que nous pouvons le faire. Mais pour des activistes, autoriser ce cheval de Troie nommé Facebook à faire partie de leur vie quotidienne est un signe d’ignorance d’un niveau critique.
Ceci est un appel : fermez vos comptes Facebook ! Vous mettez les autres en danger ! Prenez acte contre ce monstre de données !
Et de même : quittez Yahoo mail et autres ! À bas Google ! Contre la rétention des données ! Pour la neutralité du net ! Liberté pour Bradley Manning ! Longue vie à la décentralisation !
Luttez contre le capitalisme ! Aussi – et spécifiquement – sur internet ! Contre l’exploitation et l’oppression ! Aussi – et spécifiquement – sur internet !
Mettez vos camarades sur les nerfs. Appuyez sur le fait qu’en nourrissant Facebook, ils ont choisi le mauvais coté !
nadir, octobre 2012
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