L’État et la bourgeoisie déclarent la guerre à l’assurance chômage

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L’assurance chômage est un droit qui a été gagné par la lutte des travailleurEs et rongé par la cogestion. Ce droit est mis en œuvre par l’UNEDIC qui fédère les ASSEDIC à l’échelle nationale. Les cotisations versées à l’assurance chômage par les travailleurEs sont un salaire socialisé et différé : on met un peu d’argent de côté tous les mois que l’on retrouve en cas de coup dur, en cas de licenciement.

L’UNEDIC est gérée paritairement par les « partenaires sociaux » : le MEDEF et les grosses centrales syndicales, les chômeurEs n’étant pratiquement pas représentéEs. Le système est financé par les cotisations des salarié-es et de leurs patron-nes.

Récemment, un nouvel accord a été discuté par les « partenaires sociaux » afin de réduire le fameux déficit. En effet, le patronat met en avant le fait que l’UNEDIC accuse un déficit de 14 milliards d’euros. Pourtant, il en est l’un des premiers responsables. Les amiEs de Laurence Parisot ont profité du développement de l’interim, de la hausse du chômage, de la baisse des cotisations patronales et du gel des salaires. Ce sont là les principales causes du déficit, mais le MEDEF se garde bien de le crier sur les toits. Quant à l’État, il bénéficie de versements par l’UNEDIC lorsque celui-ci fait des excédents, asséchant ainsi les fonds destinés aux travailleurEs victimes de licenciement. Rappelons qu’une taxation de la précarité, une hausse des cotisations patronales ou une ponction sur les bénéfices permettraient de combler le déficit et de sauvegarder l’UNEDIC.

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Une attaque de plus contre nos droits sociaux

L’accord signé par le MEDEF et les syndicats jaunes pénalise les travailleurEs ; il prévoit entre autres :

o le durcissement des conditions d’accès à l’indemnisation chômage : une filière plus restrictive pour les salariéEs ayant travaillé 16 mois au cours des 26 derniers mois (qui seront indemniséEs pendant 23 mois), une nouvelle filière pour les salariéEs ayant travaillé 12 mois au cours des 20 derniers mois (qui seront indemniséEs pendant 12 mois). De surcroît, l’âge permettant d’être indemnisé jusqu’à la retraite est repoussé à 57 ans et 1/2.

o une dégressivité des indemnisations et une baisse de la durée d’indemnisation. Avant l’accord, il fallait travailler 14 mois au cours des 24 derniers mois pour bénéficier de 23 mois d’indemnisation. 99 000 personnes seront pénalisées par cette baisse.

o le retrait des indemnisations en cas de refus d’un emploi précaire et/ou déqualifié.

o une aide à la mobilité, ou plutôt un argument pour nous empêcher de refuser un CDD de 6 mois situé à l’autre bout de la France.

o une remise à plat générale en 2006 des règles d’indemnisation. Les négociations lors de cette remise à plat seront encore une fois en faveur des classes dirigeantes, le pire est à venir !

La CFDT, et dans une moindre mesure le MEDEF, estiment que l’accord permettra de réduire considérablement le déficit car le texte comporte un imposant volet en faveur de la formation. Mais l’accord veut surtout imposer l’adaptation au poste de travail comme seul critère reconnu pour le financement d’une formation. Le désir des individus n’a que peu de valeur face aux intérêts patronaux. De plus, une cotisation de 1,25 % sur les CDD destinée à financer la formation des travailleurEs a été refusée par le MEDEF (d’où le départ de FO des négociations). Les hommes d’affaires n’ont pas supporté l’idée que la précarité pourrait être taxée, par contre ces pseudo-adversaires de l’État n’ont pas rechigné à accepter un certain nombre de cadeaux :

o un allégement des cotisations patronales à l’AGS (Association pour la Gestion du régime de garantie des créances des Salariés)

o 50 millions d’euros pour les patrons qui emploient des contrats de professionnalisation ;

o 75 millions d’euros pour les patrons qui emploient des chômeurs de plus de 50 ans ;

o 40 millions pour les organismes de formation dans le cadre de la VAE (validation des acquis de l’expérience)

o 250 millions pour les organismes de formation dans le cadre des actions de formation.

Le drame de la cogestion

L’accord est un bel exemple de surenchère pro-libérale entre les principaux syndicats patronaux : le MEDEF, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. La victoire est revenue à la CFDT avec l’élection de sa candidate Annie Thomas à la tête de l’UNEDIC. L’heureuse élue a déclaré avoir une priorité : « renforcer le paritarisme ».

Comment en est-on arrivé là ? FO et surtout la CGT sont contre l’accord mais ni l’une ni l’autre des deux centrales ne remet en cause la cogestion. Pourtant le paritarisme patronat / syndicats est une impasse, tout comme les négociations dirigées par des permanentEs syndicaux et les résultats de l’accord sur l’UNEDIC le prouvent. Les décisions sont déconnectées des luttes sur le terrain, du rapport de force et des revendications. La liberté d’action des travailleurEs est suspendue au bon vouloir des représentants. Les intérêts matériels et moraux de ses collègues prolétaires sont vite oubliés quand on ne subit pas les mêmes conditions de travail. AccrochéEs à leur place, les permanentEs ne remettent jamais totalement en cause le système. Autrement dit, l’anticapitalisme est sacrifié en échange d’un « accompagnement » de la destruction des droits sociaux.

Les principes anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnnaires garantissent notre indépendance vis-à-vis des classes dirigeantes. Ces principes simples reposent sur la démocratie directe, l’autogestion des luttes et le refus des permanentEs syndicaux. Les déléguéEs doivent être éluEs et révocables et les négociations contrôlées par la base. La lutte des classes est l’affaire des exploitéEs et des exploiteurEs, pas l’affaire de négociateurEs professionelLEs.
La suppression de la contradiction travail / capital et de la dualité travail / chômage se fera en combattant le capitalisme. Face aux attaques patronales et à l’illusion de la représentativité nous répondons : abolition des classes, égalité sociale et liberté. Le syndicat, via l’action directe, est une arme pour atteindre ces objectifs, rejoins-nous !

En conclusion, on voit que l’État se révèle toujours plus pour ce qu’il est : un instrument répressif au service des classes dirigeantes, et seule la lutte et la vigilance des prolos peut le freiner dans sa volonté de contrôle, en attendant de pouvoir s’en débarrasser une bonne fois pour toutes, et avec lui tous les flics, les juges et les exploiteurEs.

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