BISEXUALITE SOUS SILENCE Synthèse sur la bi&panphobie et ses conséquences

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"60% des bi&pan déclarent des conséquences en termes de santé (mentale) dû à la biphobie : conséquences de discriminations passées et/ou isolement. Le plus alarmant étant que chez 38% des bi&pans on peut identifier un “mal de vivre” (déprime, idée noire, perte d’intérêt, isolement, dépréciation, etc)."

Les recherches scientifiques se penchant spécifiquement sur les personnes/pratiques bi&pansexuelles sont rares. La bi&pansexualité est plus souvent un paragraphe ou un sous-groupe chez les lesbiennes&gays qu’un groupe identifié. Depuis peu cependant, la bi&pansexualité tend à devenir un sujet à part entière. Des collectifs communautaires se créent et des voix s’ouvrent (création d’un réseau francophones bi&pan, podcasts, enquête en santé communautaire, dénonciations des violences intracommunautaire, etc).
La bi&pansexualité doit s’ériger en sujet d’importance pour de multiples raisons. Tout d’abord, c’est une réalité comptable importante au sein des communautés LGBTQIA+. Ensuite parce qu’il y a des violences et des discriminations propres aux personnes bi&pan, à la fois qui rejoignent des aspects connus comme l’homophobie, le sexisme mais nous découvrons également des vécus spécifiques. Les bi&pan ont du mal à créer une communauté à part entière, il existe peu d’espace dédié. En règle générale les bi&pan s’intègrent aux espaces communautaires lesbiens&gays, mais cela suscite régulièrement des rejets/jugements. Iels sont considéré-es comme des “traitres” ou des “homo refoulé-es/hétéro-curieux-ses”. Cette méfiance sur la fiabilité de leur orientation sexuelle & amoureuse, se retrouve dans la société en générale mais également dans les communautés queers. Cette double suspicion rend le sentiment d’appartenance et un réseau de solidarité plus difficile. Or nous savons combien il est essentiel de pouvoir faire groupe au sein d’une minorité. En conséquence 60% des bi&pan déclarent des conséquences en termes de santé (mentale) dû à la biphobie : conséquences de discriminations passées et/ou isolement. Le plus alarmant étant que chez 38% des bi&pans on peut identifier un “mal de vivre” (déprime, idée noire, perte d’intérêt, isolement, dépréciation, etc).

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Contexte pour les bi&pans, rapport sur les lgbti-phobie, 2024

Que ce soit auprès des personnes hétéro ou homosexuelles, les bi&pans sont davantage perçu-es comme des partenaires sexuels que des partenaires amoureux. Iels sont jugé-es comme ayant plus de risque d’IST, comme étant plus infidèles, comme étant moins digne de confiance pour une relation engagée. L’hypersexualisation des bi&pans participent largement à leur isolement affectif, les poussant à taire une partie de leur orientation sexoaffective en fonction du genre de leur partenaire.

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Enquête nationale sur la bisexualité, 2015

La bi&pansexualité masculine est perçue plus négativement que celle des femmes. En revanche pour ces dernières s’ajoute un sexisme important : les bi&pansexuelles sont vues sous le seul prisme de la pornographie hétérosexiste avec un fantasme très fort (voire une pression sexuelle) au sexe pluriel (HFF).
L’analyse de la bi&panphobie à l’échelle globale (hétéro-homosexuelles) montrent où se trouvent les points de crispations autour de l’amour et de l’engagement. Le fait même que l’attirance ne soit pas consignée à un genre en particulier, vient rompre l’idée selon laquelle une fois un-e partenaire trouvé-e, le désir s’efface pour toutes les autres personnes du genre en question. (Si F aime F, toutes les autres F “devraient” perdre leur désirabilité). Le risque d’infidélité est perçu comme plus grand en estimant que le désir de la personne bi&pan ne sera jamais comblé par un seul genre. Cette attente, que le partenaire amoureux doive combler l’autre au point qu’iel puisse répondre à tous ces besoins affectifs, montre une norme amoureuse commune aux hétéro et homosexuel-les. Un couple doit permettre l’auto-suffisance et la fusion du désir doit conduire naturellement à une exclusivité amoureuse.

18 août 2024, Lyon
Romane Faure-Mary

[/Bibliographie

https://www.sos-homophobie.org/informer/ressources/enquete-bisexualite-2015
https://ressource.sos-homophobie.org/Rapports_annuels/Rapport_LGBTIphobies_2024.pdf
https://www.dilcrah.gouv.fr/ressources/rapport-denquete-biphobie-panphobie-2022
Félix Dusseau, « Les bisexualités : un révélateur social de l’Amour », Revue des sciences sociales [En ligne], 58 | 2017, mis en ligne le 10 juillet 2018, consulté le 18 août 2024. URL : http://journals.openedition.org/revss/289 ; DOI : https://doi.org/10.4000/revss.289/]

La suite à lire sur : https://blogs.mediapart.fr/romanefaure-maryautrice/blog/180824/la-bisexualite-sous-silence-synthese-sur-la-bipanphobie-et

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