Dans son livre L’anthropocène contre l’histoire, Andreas Malm n’y va pas par quatre chemins : il entreprend d’interroger la vacuité de l’anthropocène comme concept politique. Sa thèse se résume ainsi : toute l’humanité n’a pas engagé une destruction avancée de la nature et des ressources terrestres, seule la classe capitaliste a élaboré un système d’exploitation généralisé dont on s’aperçoit maintenant qu’il ne détruit pas seulement la vie des travailleurs, mais s’attaque aussi à l’environnement. Comme le note l’auteur, « la série de technologies énergétiques qui ont succédé à la vapeur – l’électricité, le moteur à combustion interne, le complexe pétrolier (…) – ont toutes été introduites suite à des décisions d’investisseurs, parfois avec l’apport essentiel de certains gouvernements, mais rarement suite à des délibérations démocratiques » (p. 11). Il est donc tout à fait abusif de parler d’« anthropocène » en généralisant à l’humanité tout entière, puisque ce sont les tenants du capital qui sont responsables de la mobilisation des énergies carbonées dans l’économie contemporaine.
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