Jugement sommaire de Denis Monnet
« Le 7 frimaire de l’an 2, le tribunal de justice populaire séant à Ville-Affranchie, présents les citoyens Dorfeuille président, Cousin, Daumale et Baigue, juges, assistés de Gatier, greffier, dans le prétoire du tribunal de district de Ville-Affranchie, lieu ordinaire de ses séances publiques, faisant droit sur les conclusions de l’accusateur public, a condamné et condamne le dit Denis Monnet à la peine de mort, ordonne qu’il sera livré à l’exécuteur des jugements criminels, et conduit sur la place ordinaire des exécutions pour y avoir la tête tranchée. »
L’exécution de Denis Monnet, qui avait 43 ans, eut lieu le lendemain, le 27 novembre 1793, 8 frimaire de l’an 2, « cette malheureuse année de la République française », comme le disait François-Joseph Lange, un des précurseurs du vrai socialisme, qui fut aussi exécuté 12 jours avant Denis Monnet.
De Paris, Robespierre, Hébert, Collot d’Herbois, Fouché... avaient missionné Dorfeuille à Lyon (Ville-Affranchie), mais ce Dorfeuille ne connaissait rien de ce qui se passait réellement dans cette ville. Il n’a pas compris, ainsi que d’ailleurs d’autres Parisiens, qu’à Lyon c’était toutes les prémices du mouvement ouvrier qui étaient en train de naître. Comment a-t-il pu accuser Denis Monnet d’être contre-révolutionnaire ?
« Une célébrité parmi les tisseurs à cause de ses services » disait de lui Pierre Charnier, le fondateur du Mutuellisme, qui était installé dans le même quartier que Denis Monnet, à Bourgneuf, rue Peyrollerie, aujourd’hui quai pierre scize.
Jean Jaurès furieux de l’imbécilité primaire et de ce qu’avait fait ce soi-disant révolutionnaire en condamnant Denis Monnet à la guillotine, n’y allait pas par quatre chemins. Il parle de « Malentendu sinistre », de « maniaque de destruction », de « fureurs meurtrières », « qu’il ne sait rien de Lyon, de son passé glorieux, et triste, de ses révoltes sociales... Comment peut-il oublier que les ouvriers lyonnais avaient formulé récemment un nouveau tarif des salaires avec des considérants d’une haute portée sociale ? »
Et Denis Monnet y était pour beaucoup dans toute cette lutte pour "le tarif".
Dix-sept mois après l’exécution de Denis Monnet, c’est au tour de celui qui l’avait fait guillotiner. En effet, le 15 floréal de l’an 3 (4 mai 1795), lors de ce qu’on a appelé la terreur blanche, plusieurs milliers de "mathevons" envahissent les prisons de la ville de Lyon et massacrent 99 Jacobins détenus, dont le comédien Dorfeuille, ex-président du Tribunal révolutionnaire.
La lutte de Denis Monnet avec les ouvriers lyonnais
Pour se rendre compte dans les luttes des canuts de l’action formidable de Denis Monnet se reporter à l’article :
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