Le fascisme et l’obscurantisme se combattent, ils ne se fuient pas

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Réponse à l’article Pourquoi on s’est cassé·es de la manif ce samedi 26 septembre par les collectif organisateurs

Nous, organisations co-appelantes de la manifestation du 25/09 (et non 26), avons été surprises et peinées de découvrir la publication écrite par deux camarades et publiée par Rebellyon le 27 septembre.
En lutte permanente contre la presse aux ordres (voir publication récente des Gilets Jaunes de Lyon & Environs sur leur page Facebook), il nous est désagréable de devoir encore prendre du temps et de l’énergie pour répondre aux interpellations émises par notre propre « camp ».
Vue la gravité des accusations proférées, pour rappel il nous est reproché de tolérer / soutenir l’antisémitisme, nos collectifs sont cependant dans l’obligation d’émettre un communiqué.
Nous ne répondrons pas ici à chaque propos malveillant* mais nous attacherons à répondre de manière constructive sur notre conception de la lutte contre les mesures du 12 juillet et sur l’importance / la nécessité pour les collectifs militants de se saisir du sujet.

Le 12 juillet Emmanuel MACRON prononçait une allocution dans laquelle il attaquait de plein fouet le « vivre ensemble », tant sur le plan de la liberté que sur ceux de l’égalité et de l’adelphité :
- mise en place d’un pass sanitaire pour l’ensemble de la population et d’une obligation vaccinale supplémentaire (celle contre la COVID) pour les soignant.e.s
- maintien de l’entrée en application de la nouvelle méthode de calcul des allocations chômage au 1er octobre
- réengagement du processus de réforme des régimes de retraites
Un mouvement de colère, spontané et imprévisible, semblable au début du mouvement des Gilets Jaunes ou de celui contre la Loi Sécurité Globale, s’est alors propagé à travers le pays.
Après le 14 et le 17 juillet des milliers de personnes qui, pour certaines, n’avaient jamais manifesté de leur vie se sont retrouvées à fouler le pavé chaque samedi de l’été.
Et c’est dans l’ingénuité politique de ces « primo-manifestant.e.s » et dans leur méconnaissance des récupérations partisanes et médiatiques que se trouvent les racines de la confrontation intra-cortège vécue le 25 septembre.
En effet très rapidement on a pu voir se mettre en branle les mêmes mécanismes qu’en fin d’année 2018 :
- d’un côté des mouvements conspirationnistes (RéInfoCovid, Union Essentielle, etc) ou d’extrême-droite (Les Patriotes / Coronafolie, Debout La France, etc), essayant de récupérer la colère populaire au nom de « l’Unité » pour gagner en crédibilité
- de l’autre la répression d’Etat, par sa police et par sa presse, pour minimiser le nombre de manifestant.e.s et faire fuir celleux qui voudraient lutter (accusations d’antisémitisme, terreur policière, garde-à-vue abusives...)
Et malheureusement, comme pendant les Gilets Jaunes, les grands absents ont été les partis de gauche, les syndicats et les collectifs traditionnellement engagés dans les combats sociaux.
Ceci explique en grande partie les difficultés à faire entendre des revendications contre les réformes ultralibérales du 12 juillet en parallèle des chants antipass.
En abandonnant la rue à l’extrême-droite, la majeure partie du camp progressiste a offert un boulevard à l’extrême-droite : sans repères, nombre de manifestant.e.s se sont tourné.e.s vers les structures leur apportant la sécurité (manifestations déclarées) et portant médiatiquement leurs revendications contre le pass sanitaire, sans pour autant qu’iels partagent leurs opinions nauséabondes.

A Lyon, immédiatement, le danger de participer à des cortèges unitaires à la ligne politique confuse, si ce n’est douteuse, a été perçu.
Des collectifs comme Fakir, le CNNR, les Gilets Jaunes ou TNP Occupé mais également des citoyen.ne.s indépendant.e.s ont refusé de marcher aux côtés des xénophobes, des racistes, des homophobes.
Iels ont tenté de dialoguer avec l’ensemble des groupes qui se sont constitués contre le pass sanitaire et se sont évertué.e.s à lever les ambiguïtés de certaines organisations.
Les villes où la démarcation n’a pas été établie ont connu pour certaines des agressions de la part de l’extrême-droite au sein même des cortèges (Nantes, Montpellier, Toulouse).
Chaque samedi depuis le 24 juillet 2021, que ce soit en cortèges déclarés (7 août, 4 septembre, 18 septembre ou 25 septembre) ou lorsque des manifs sauvages étaient lancées par des collectifs citoyens, nos organisations ont toujours appelé à combattre le pass sanitaire, les réformes libérales et l’extrême-droite (condamnation de la récupération politique, appel à la solidarité internationale et lutte contre le capitalisme via la levée des brevets, etc).
Nous reprocher de cautionner l’antisémitisme est donc non-seulement un non-sens mais également dangereux pour l’avenir des luttes puisque ceci contribue à diminuer notre capacité à faire face numériquement aux Patriotes et consorts.
Avoir tracé, par la nature des appels, une ligne de distinction entre nous et l’extrême-droite appelant aux Brotteaux depuis fin juillet nous prémunit-il de la présence dans les cortèges de manifestant.e.s utilisant, consciemment ou non, des slogans et chants complotistes ou assimilables à de l’antisémitisme ?
L’expérience relatée par nos deux camarades prouve que non.
Nous restons cependant persuadé.e.s que ce n’est ni par la confrontation physique (arrachages de pancartes) ni par le mépris (départs des cortèges et tribunes dans les médias militants) que les citoyen.ne.s rejetant l’extrême-droite, puisque présent.e.s dans nos cortèges, intégreront les luttes sociales et l’antifascisme.
C’est au contraire grâce à la présence massive de collectifs « de gauche » que l’éducation populaire pourra se faire.
Comme le soulignent les auteur.rice.s de la publication « Pas un·e seul·e de nos potes qu’on croise d’habitude en manif n’était là » : comment amener le mouvement à étendre ses revendications si notre camp s’enferme dans une stratégie d’évitement et de condamnation ?

Tout en déplorant l’altercation vécue par nos camarades, nous encourageons chacun.e à venir se faire sa propre opinion, à amener ses pancartes et drapeaux (venir les mains vides, comme les auteur.rice.s de la publication précédente, n’aidera pas à visibiliser nos revendications sociales), nous invitons toutes et tous à venir se placer - idéalement - en tête de cortège où iels constateront qu’iels ne sont pas seul.e.s (voir banderole en illustration), et surtout à ne pas s’arrêter à la conclusion « Ça pue la merde » qui illustre l’abandon du terrain à nos adversaires.

P.-S.

* Quelques allusions cependant demeurent inadmissibles :
1) Civitas participe en toute impunité aux manifs citoyennes ?
Dire cela alors que 7 militants antifascistes sont actuellement en attente de jugement (dont 4 sous mandat de dépôt) pour les avoir chassé.e.s de notre cortège le 28 août est une insulte à leur engagement et à notre lutte
2) Suggérer que le rassemblement ne comptait qu’une centaine de participant.e.s, quand la préfecture elle-même en décompte 350, c’est faire le jeu du pouvoir et de l’extrême-droite, elle qui comptait à Lyon 450 manifestant.e.s dans son cortège ce 25/09

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