Dans les premiers jours de mars 2023, le CPR de Turin a fermé pour la première fois depuis son ouverture à la fin des années 1990 ; du moins temporairement, en vue des travaux de rénovation déjà annoncés dans certains journaux. L’evacuation du centre a eu lieu à la suite des protestations et des émeutes menées tout au long du mois de février 2023 par une grande partie des personnes incarcérées, qui ont rendu la structure pratiquement inutilisable.
Les personnes qui ont apporté leur solidarité depuis l’extérieur, ont pu voir la fumée s’élever du CPR, entendre les cris de liberté, voir les toits bondés de personnes en révolte et communiquer avec ceux qui ont vécu ces journées. Il reste à donner une image aussi fidèle que possible de ces semaines pour briser le mur du silence qui entoure la violence de la détention administrative et dénouer les stratégies de spectacularisation des grands médias. Il n’appartient évidemment pas à ceux qui sont à l’extérieur d’interpréter les exploits de la rébellion déjà rendus intelligibles par leurs propres preuves matérielles. Cependant, on tient à souligner comment, malgré le système de peur, de privation et de violence imposé par la détention administrative, la colère des détenus a réussi à submerger et à détruire les cages du CPR de Turin. Les rapatriements, les transferts et les passages à tabac incessants n’ont pas réussi à écraser les émeutes.
La force et la détermination des détenus ont permis, d’une part, d’ouvrir un large débat sur la détention administrative et les conditions de vie dans les CPR et, d’autre part, de gripper les rouages de la machine à expulser.
La destruction de zones entières, les grèves de la faim, les nuits sur les toits des centres et les diverses autres formes de résistance mises en place ont pris forme même avec les outils très limités dont disposaient les détenus. Ils étaient constamment surveillés, endormis, mal nourris, menacés et battus. C’est un exemple de courage, de force et de détermination qui ne peut nous laisser indifférents et qui rappelle à l’extérieur non seulement l’urgence d’une solidarité active, présente et la plus précise possible, mais aussi comment on peut et on doit croire aux possibilités de lutter contre la violence de l’Etat.
On nous a montré le pouvoir de la révolte, que la lutte n’est pas seulement nécessaire mais possible.
Index :
- Plan (0)
- Introduction (2)
- Briser le « spectacle et l’ »invisibilité" (4)
- Les niveaux d’articulation de violence d’Etat (6)
- Regard sur la war on migrants et business frontières (11)
- Les révoltes qui ont fait férmer le CPR de Turin (16)
- Transferts, expulsions et continuité (29)
- La dépolitisation des corps opprimés en lutte (31)
- Conclusions (35)
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