Le torrent idéologique de la calomnie s’est déjà beaucoup déversé dans la presse et autres médias dominants. Il est donc nécessaire, alors que 11 personnes sont aujourd’hui mises en examen, de faire taire les fausses rumeurs et les récits frauduleux. Les éléments réunis ici sont basés sur les témoignages des personnes présentes sur le campus de Bron le soir du 28 novembre 2007, ainsi que ceux des personnes arrêtées.
Les faits
Vers 18h30 le 28 novembre 2007, une opération « supermarché gratuit » est entreprise par une cinquantaine de personnes dans le cadre du mouvement contre la LRU et le gouvernement Sarkozy. Cette action a simplement été évoquée en AG mais n’a pas été votée. Elle est pourtant bien pratiquée par des grévistes.
Aux alentours de 19h, entendant des cris aux abords de la fac, la quarantaine de personnes alors présente sur le piquet de grève sort. Deux hommes, membres du personnel du Leader Price où a eu lieu l’action d’autoréduction, font montre d’agressivité, de violences et profèrent des menaces, apparemment dans le but de récupérer le contenu des 4 caddies dérobés au supermarché. Des grévistes tentent alors de tempérer et de calmer l’attitude violente des deux membres du supermarché. Un vigile se met torse nu. L’autre employé pousse avec force un caddie sur une étudiante, laquelle est alors blessée à la cuisse, comme l’attestent plusieurs témoignages et le certificat médical dressé par le médecin le lendemain.
Un très grand nombre de personnes ayant participé à cette action d’autoréduction, ou juste inquiètes à l’idée d’une intervention policière quittent la fac. Dans le même temps, et jusque 23h, de nombreux-ses étudiant.es arrivent sur le campus, certain.es afin de participer au repas festif qui avait été annoncé depuis le début de la semaine ce mercredi soir sur le site occupé de Lyon II, et d’autres informé.es de l’assaut imminent des forces de l’ordre afin de soutenir l’occupation de la fac. Parmi les personnes qui ont tenté de rejoindre l’occupation, une vingtaine d’étudiant.es ainsi que cinq professeurs ne peuvent accéder à l’intérieur de la fac, bloqué.es par le dispositif policier.
À l’intérieur, la tension monte, les informations viennent de l’extérieur, par les étudiant.es et les professeur.es. Elles indiquent à la fois l’évolution et la mise en place du dispositif répressif, et les intentions annoncées par les forces de l’ordre. Sont mobilisés un hélicoptère, 10 cars de gardes mobiles, 12 de CRS, 5 voitures de la BAC et 5 RG.
Les CRS interviennent et font sortir les 80/90 personnes présentes, qui forment une chaîne solidaire, afin de permettre le contrôle mais également « l’identification » de certaines personnes comme ayant participé à l’action d’autoréduction. La procédure est douteuse : les arrestations sont totalement arbitraires.
À la sortie de l’amphi D, les contrôles d’identité sont aléatoires : une douzaine de personnes parviennent à passer à travers les mailles du filet. Après avoir isolé 13 individu.es, le dispositif de CRS pousse les étudiants jusqu’au parking devant la fac, côté tram Parilly, leur laissant le soin de trouver un moyen de rentrer chez eux, il est environ 00h45/1h00.
De nombreux autres témoignages et faits pourraient être mentionnés et ajoutés afin d’étayer ce récit qui met en évidence non seulement le faux chef d’inculpation de violence mais également l’aspect arbitraire des arrestations qui a conduit 13 personnes en garde à vue, détenues pendant une quarantaine d’heures, puis accusées de chefs d’inculpations mensongers.
Des arrestations arbitraires et des identifications ubuesques
Il s’agit ici de démontrer sur la base des faits pourquoi les méthodes policières utilisées dans cette affaire sont arbitraires.
Les personnes évacuées de l’amphi n’ont pas toutes été contrôlées. En effet, la police a laissé passer une quinzaine de personnes sans contrôler leur identité. La procédure de contrôle ne fut donc pas systématique. Pourquoi telle personne n’a-t-elle pas été contrôlée ?
Dès le départ, un individu a été arrêté avant que son identité soit contrôlée et sans avoir été désigné par les vigiles. Comme par hasard, des témoins diront le reconnaître le lendemain…
La désignation des interpellé.es s’est faite dans des conditions pour le moins étranges. Un inspecteur confiera à l’un des interpellé.es : « le premier avocat venu rigolerait en voyant la façon dont ça s’est fait »…
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- Les personnes évacuant l’amphi défilent entre deux rangées de gardes mobiles. On leur demande de se retourner, et de se découvrir. Il est 23h30, il fait noir, seul un projecteur de la police éclaire la scène. En face, à une dizaine de mètres, installés sur une passerelle située à 5m de hauteur, les témoins (le vigile, le magasinier et peut-être le gérant), entourés de policiers, vont « reconnaître » certaines personnes.
- Un individu est désigné par les vigiles. Un professeur présent entend le vigile dire « La fille là-bas ». Il s’agissait d’un garçon…
- Il est difficile de savoir si toutes les personnes arrêtées ont été désignées par les vigiles ou choisies par la police.
À partir de cette rapide et fragile reconnaissance, 40 heures de galère et de peur commencent pour 13 personnes.
Au commissariat, les 13 arrêté.es sont présenté.es derrière une glace sans tain devant les témoins.
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- Les inspecteurs diront en audition aux interpellé.es qu’il y avait trois témoins, alors qu’il semble y en avoir 5 : le gérant du Leader Price, le vigile, le magasinier, et deux caissières. Chose étonnante : les 13 interpellé.es ont tous été reconnu.es par au moins un témoin ; les témoins avaient donc vu sacrément justement juste dans cette nuit noire…
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- Des témoins ont reconnu les mêmes personnes en train de faire des choses soit totalement farfelues comme manger des produits dans le magasin (!), soit différentes, comme par exemple tel témoin qui dit avoir vu telle personne remplir les caddies, tandis qu’un autre dit avoir vu la même personne à l’extérieur du magasin, au même moment…
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- Un inspecteur a expliqué à l’un des interpellé.es que des « suspect.es-tests » seraient eux aussi confronté.es aux témoins. Il s’agit d’une méthode classique en cas de reconnaissance visuelle qui consiste à toujours mettre les suspects aux côtés de personnes dont on est sûrs qu’elles sont innocentes (des policiers en civil par exemple), ce qui permet de tester la fiabilité des témoins. Cette méthode n’a pas été utilisée dans cette affaire, et il est à parier que les témoins ont reconnu les faux suspects comme ayant volé et violenté les vigiles.
En clair, les témoignages ne concordent pas entre eux et les méthodes d’identification utilisées sont pour le moins douteuses.
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- Pourtant, deux personnes sont libérées sans poursuites le lendemain. La première personne est libérée alors qu’elle a été reconnue formellement par le gérant comme ayant mangé des produits dans le magasin, ainsi que par deux autres témoins, incapables eux de dire ce qu’elle aurait fait. La seconde personne est elle aussi libérée alors qu’elle a été reconnue comme poussant des caddies.
Pourquoi ces personnes sont-elles libres alors qu’elles ont apparemment autant d’éléments à charge que les autres, et que leurs alibis n’ont pas été contrôlés ?
- Pourtant, deux personnes sont libérées sans poursuites le lendemain. La première personne est libérée alors qu’elle a été reconnue formellement par le gérant comme ayant mangé des produits dans le magasin, ainsi que par deux autres témoins, incapables eux de dire ce qu’elle aurait fait. La seconde personne est elle aussi libérée alors qu’elle a été reconnue comme poussant des caddies.
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- La police a vérifié l’alibi d’un autre inculpé dès le jeudi après-midi. Cette vérification auprès de témoins correspondait parfaitement avec la déposition du prévenu. Pourtant, ce dernier est aujourd’hui mis en examen. Pourquoi ?
Les différences de procédures (vérification des alibis ou non, etc.) semblent dépendre du bon vouloir des officiers de police judiciaire (OPJ).
L’arbitraire et ses conséquences
Les malchanceux-ses tombé.es sous le coup de l’arbitraire ont été traité.es comme des criminel.les pendant une quarantaine d’heures.
Un OPJ confie à l’un des prévenus, que cette affaire est politique : « on subit des pressions, ça vient d’en haut, c’est le gouvernement qui veut très vite mater ce genre de débordement. Ils ont déjà eu des problèmes avec les banlieues, si tout le monde s’y met… Le contexte ne joue pas pour vous, ça c’est sûr ! Quand même, une douzaine d’OPJ mobilisés pour un vol en supermarché par des étudiants, c’est un peu fort ! Ça montre qu’ils veulent mettre tous les moyens contre vous… Enfin, pour nous, c’est plus amusant qu’autre chose. »
Amusant… N’empêche que, « garde à vue », ça signifie fouille intégrale, mise à nu, enfermement, seul.e ou à plusieurs dans une cellule sans fenêtre, parfois en surnombre, dans le froid. Pendant 40 heures vous ne savez pas s’il fait jour ou nuit, vous ne savez pas l’heure qu’il est. Parfois on vous amène à manger, parfois on vous donne de l’eau, parfois on vous laisse aller uriner, porte ouverte, sous le regard d’un policier.
Jamais vous n’avez le droit au noir, une lumière vous éclaire en permanence : vous êtes gardé.e à vue. À n’importe quel moment vous pouvez être relevé.e pour un interrogatoire. De toute façon, il est très difficile de dormir avec la peur, le froid, la lumière, le bruit des clefs et des serrures, et la bruyante humeur paillarde des policiers de nuit.
En France on parle de présomption d’innocence, mais concrètement c’est bien par présomption de culpabilité que procède la police. En France, sur une simple dénonciation en pleine nuit par deux vigiles entourés de flics, arbitrairement donc, on peut passer 40 heures sans voir le jour, menotté.e, malmené.e, humilié.e, insulté.e, menacé.e…
Il faut soutenir les inculpé.es !
Évidemment, cet arbitraire est soumis au contexte politique : le pouvoir cherche à réprimer le vent de révolte qui souffle en France depuis quelques semaines. Peu importe ce qu’on peut penser de cette action. Nous aurons le temps d’en débattre plus tard, entre nous. Il faut se mobiliser contre ce qui n’est jamais que de la répression politique. Nous lançons donc un appel de soutien aux personnes mises en examens.
Surtout, nous recherchons tout témoignage pouvant aider la défense, par exemple en prouvant que les arrestations furent arbitraires, et que le chef d’inculpation pour violence contre les vigiles est mensonger. Témoignez :
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- si vous étiez effectivement avec l’une de ces personnes peu de temps avant les arrestations,
- si vous étiez présent.es sur la faculté lors des violences des vigiles du supermarché, ainsi que de l’attitude des étudiant.es pour les calmer ,
- si vous étiez présent.es sur la faculté lors de l’intervention policière et des procédures d’arrestations.
Nous devons résister ensemble, collectivement, c’est pourquoi avant de prendre toute initiative, contactez nous :
temoinslyon_arobase_free.fr
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