Mouvance antifa à Lyon « l’antifascisme est sorti de la fac »

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Quel antifascisme ici et maintenant ?, extrait du dossier de No Pasaran (mai-juin 2009) sur l’état des lieux du mouvement antifasciste radical contemporain

Historique
L’antifascisme lyonnais dans les années 1980, à ce qu’on m’en a raconté (et de ce que j’en ai retenu), était lié au mouvement squat très développé sur les quartier de la Guillotière et de la Croix-Rousse notamment. Dans les années 1990, il y a eu deux Scalp (au début et à la fin de cette décennie) qui menaient la lutte antifasciste.
En 2002, c’est le CAFAR (Collectif Anti-Fasciste et Anti-Raciste fondé après une diffusion de tracts de la part de L’UDEL [1] sur le campus de Lyon 2 Bron) qui a mené durant deux ans cette lutte dans les facs et en dehors, en collaboration avec d’autres groupes informels. Il y eu ensuite un nouveau Scalp qui s’est formé en septembre 2005, et qui a fini le plus gros de ses activités début 2008.
Depuis 2003-2004, il n’y a plus dans les facultés lyonnaises de groupe d’extrême droite se revendiquant comme tel et l’UNI s’est repositionné comme une émanation directe de la droite dite républicaine (ce qui n’empèche pas ses militants d’avoir des contacts ou de faire cause commune lors des mouvements de grève avec des membres du FNJ ou de l’AF étudiante, aussi rares soient-ils). Il me semble qu’il y a là une grand
différence entre l’antifascisme des décennies précédentes et l’actuel : il est sorti des universités parce que ce n’est plus dans les facs que cette lutte se joue, ou en tout cas beaucoup moins. Aussi, jusqu’à l’aube des années 2000, les antifas lyonnais étaient issu-e-s des milieux squat/autonomes, punk et étudiant. C’est toujours vrai : cependant, la popularisation du mouvement skinhead et plus particulièrement redskin a donné naissance à de nouvelles générations de militants, et ils en sont une composante parmi les autres.
Aujourd’hui, c’est un réseau de personnes issu-e-s de différentes
organisations et milieux contre-culturels qui s’impliquent dans la
lutte antifasciste tout en gardant en tête que l’extrême droite n’est
qu’une conséquence du capitalisme.
Pratiques antifas
Le travail de « renseignement » est fait par tout le monde et personne : il y a de nombreuses listes de diffusion d’infos sur l’actualité locale, et dès que quelqu’un est au courant de quelque chose, l’information circule très vite dans les milieux militants. Et puis il y a certainement des personnes qui font un travail de recherche ou de suivis plus poussé. En ce qui concerne les concerts, il y a toujours une vigilance parce que ça reste des événements propices pour des « attaques ». Il y a des concerts où le risque est plus grand que d’autre, mais il y a toujours, quelque soit les organisateur-e-s du moment, issus de la mouvance anti-capitaliste et antiautoritaire, une certaine forme de « SO » au cas où.
En terme d’actions ou de manif, il y a toujours une réflexion stratégique
sur l’opportunité ou pas de donné de l’importance à un événement organisé par l’extrême droite : par exemple, il s’est avéré contre-productif de répondre systématiquement par un contre-rassemblement au séance de prière de SOS Tout petit. En effet, si la « première » fois on ne trouvait qu’une quizaine de personnes du 3e âge et 4 méchus, la fois d’après une quinzaine de jeunes fafillons pointaient leurs têtes d’os pour jouer au SO. Ils finissaient par acquérir une plus grande visibilité que si on les
avait laissé végéter dans leur coin. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut les laisser tranquille et qu’ils finissent par croire en leur légitimité… Je trouve qu’il y a plus d’actions « radicales » ces 2/3 dernières années qu’avant et cela tient à une plus grande réflexion en terme de stratégie, un travail d’information et de formation interne aux milieux libertaire plus aboutis et aussi à l’engagement de personnes prêtent à prendre plus de risques (à tort ou à raison ce n’est pas mon propos) par rapport à une certaine violence d’une part mais surtout par rapport aux risques liés à la
répression.
Difficultés
Tout dépend de comment on est antifasciste et de ce que l’on y met derrière : se balader seul et déguisé comme un sapin de Noël un samedi après-midi dans le vieux Lyon peut être difficile. Lyon a mauvaise réputation par l’histoire de ses facs (lyon 3 et les révisionnistes, Gollnich, Vial, l’IEIE...) et de ses supporters de foot.
Pourtant, l’essentiel de l’activité de l’extrême droite a lieu dans l’intimité
des foyers des principaux intéressés. LA difficulté, c’est qu’il semble que l’extrême droite lyonnaise puise dans les tribunes du stade de Gerland une partie de son vivier, mais c’est un avantage également parce qu’il n’y a pas beaucoup de militants politiques parmi les supporters, hools, casus, indeps… Le foot et ses à-côtés reprennent facilement leurs droits d’après ce que l’on raconte, laissant la politique à ceux qui en font. Je ne pense pas que cela soit plus ou moins difficile qu’avant, le contexte et
les acteur-e-s ne sont pas les mêmes et l’outils Internet joue comme une loupe déformante. La vraie difficulté reste les risques de répression et de poursuites judiciaires.

dossier réalisé par la commission antifa du réseau No Pasaran

Notes

[1Union de Défense des Etudiants Lyonnais émanation locale du GUD qui n’a plus fait parlé d’elle après 2003

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  • Le 14 juin 2009 à 16:58

    Pour info, sur Lyon 2, le CAFAR a seulement été réactivé en 2002. Il existait déjà dans la première moitié des années 90 (entre 92 et 96 il me semble) et a mené de nombreuses actions, y compris sur Lyon III comme empêcher les cours du mardi-Gras de Bernard Lugan prof néo-colonialiste qui faisait chanter, déguisé, « la coloniale » à ces élèves ce jour là.
    A la même époque, aux côtés du CAFAR, existait aussi le CARESS (Collectif de Reflexion sur l’Egalité des Sexes et le Sexisme).
    David

  • Le 13 juin 2009 à 14:41, par M.

    d’accord sur la plupart des choses que tu dis, mais tu peux pas nier que certains redskins sont bien sexistes, suffisamment pour que ça soit plus prise de crâne qu’autre chose pour une nana de passer plus de dix minutes avec eux... mais bon ya des cons partout.

    L’antifascisme à Lyon a besoin de bouger un peu beaucoup plus, et on sent bien le manque d’effectif.
    Comptez sur les renforts, antifas lyonnais... (certains copains qui liront ça comprendront direct de qui je parle ^^)

  • Le 12 juin 2009 à 12:29

    Je reagis a ce commentaire car c’est du grand n’ importe quoi ....« pseudo scalp » ? c’ est quoi la definition d’un « vrai scalp » ? « redskins sexistes » ? ah bon il faut s’ habiller en hippie pour se voir decerner le label « certifié antisexiste » ?
    « cocos bloqués sur stalingrad » chez les antifas ? arrete tout de suite les psychotropes ,il n’ y a aucun stalinien ni d ’ailleurs de membres du PCF chez les antifas (le mouvement antifa est issu de la mouvance dite « autonome » ,ou les stals n’ ont jamais étés les bienvenus)
    Quand aux clichés sur « Lyon la bourgeoise » visiblement tu connais bien mal l’ agglomération ,va expliquer aux gens de Vaise ,La duchère ,Bron ,Mermoz ,Gerland,rillieux,venissieux etc qu’ ils sont tous des « bourgeois » ,et ils vont te recevoir comme il se doit.
    Quand a cette histoire de « ville fasciste » c’est aussi du n’ importe quoi ,il y a toujours eu a Lyon ,c’ est une particularité locale ,une extreme droite active ET une « extreme gauche » et mouvement libertaire actifs ,cela depuis 1968.
    Les fafs ont quelque peu tenu les rues de la prequ’ile entre 1986 et 1990 jusqu’ a ce que les vieux skins du « corse » et du « saint vincent » raccrochent avec l’ age et que les lascars des banlieues viennent flaner en centre ville grace au developpement du métro,ce qui a changé la donne dans la presqu’ ile. (ça et le premier scalp qui quoi qu’ on en dise a fait du ménage contre la nouvelle génération de jeunes fafs au debut des années 90 ,d’ ailleurs on peut dire ce qu’ on veut ,mais la présence de fafs affichés a Lyon est une nouveauté ,parce qu’ entre 1990 et 2000 ils etaient invisibles a l’ exception d’ Aisnay et du Stade ,quand au FN ça fait longtemps qu’ ils ont renoncé a leur defilé annuel ,car trop d’ opposition dans la rue ,le dernier défilé frontiste en ville doit remonter a 1991..)
    Quand aux quelques petits fafs affichés qui viennent parfois de nos jours sur Saint Jean les samedis et jours de match ,ils viennent pour la pluspart des campagnes environnantes ,ou alors ils se font tres discret la semaine ,ils ne sont pas en terrain conquis.

  • Le 10 juin 2009 à 20:27, par nada

    « l’antifascisme est sorti de la fac ». A lire ça, on a l’impression que la basse populasse est faite d’un ramassis d’imbéciles sans conscience ni morale, enfin éclairée par les lumières du savoir. Faut pas délirer. Le monde estudiantin n’est pas le creuset des plus malheureux, et bien des disciplines étudiées en fac ne sont pas en porte-à-faux avec les règles impitoyables du capitalisme. Après, les codes vestimentaires ou l’appartenance à un groupe, tout cela n’a rien à voir. C’est justement l’individualisme qui peut faire la différence. Pas l’adhésion de masse à un lot d’idées présentées comme un pack de téléphonie. Ça, c’est pour les veaux, et les tendances ne font que fluctuer avec le temps.

  • Le 10 juin 2009 à 13:17, par AK-39

    Touche d’espoir comme disait assassin.
    Découvrant Lyon il y a déjà deux ans, l’amertume fut assez grande quand à la lutte antifasciste. Pseudo Scalp, redskins sexistes, cocos bloqués sur stalingrade, punks « appât », hippies au bon cœur,.... quelle disparité.! Pseudo informations de certains, finalement fausses où surenchéries, bref quel beau tableau de bordel et d’inefficacité. tout en excluant les formes de bureaucratie et de chefferie que certains affectionnent, une organisation est nécessaire. L’ennemi fasciste et capitaliste que nous voulons combattre doit finalement avoir très souvent le sourire. Il en devient d’ailleurs assez minable de ne protéger que son quartier, petite guerre des gangs ? Parce que le fascisme n’a pas de frontière j’ai envie de vous dire de redescendre de cette tendance lyonnaise individualiste, à la couleur bourgeoise. Mais il est vrai que pour certains, politique et baston ne sont pas compatible alors que cela est possible !!! Toute lutte ne se fait pas dans l’ironie d’une idée ou d’un débit d’alcool finalement très français. Le travail d’information est certes long mais necessaire dans l’efficacité des actions antifascistes et surtout je crois que certains n’ont pas conscience de ce que sont les relations, les codes de la rue, sans expérience de combat et un certain entrainement, c’est foncer dans le mur. alors certains arboreront leurs couteaux, gazeuses, matraques......sortons les guns ???
    Bref l’individualisme et le corporatisme ont encore une fois de plus agit avec gravité. Ils faut que l’on se parle, que l’on se rencontre, que nous nous comprenons et que nous agissions !!!!!!!

    Tout reste à faire, l’une des ville des plus grande de ce pays (terme haissable) est, je suis désolé de le constaté, FASCISTE !!

    AK-39

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