Historique
L’antifascisme lyonnais dans les années 1980, à ce qu’on m’en a raconté (et de ce que j’en ai retenu), était lié au mouvement squat très développé sur les quartier de la Guillotière et de la Croix-Rousse notamment. Dans les années 1990, il y a eu deux Scalp (au début et à la fin de cette décennie) qui menaient la lutte antifasciste.
En 2002, c’est le CAFAR (Collectif Anti-Fasciste et Anti-Raciste fondé après une diffusion de tracts de la part de L’UDEL [1] sur le campus de Lyon 2 Bron) qui a mené durant deux ans cette lutte dans les facs et en dehors, en collaboration avec d’autres groupes informels. Il y eu ensuite un nouveau Scalp qui s’est formé en septembre 2005, et qui a fini le plus gros de ses activités début 2008.
Depuis 2003-2004, il n’y a plus dans les facultés lyonnaises de groupe d’extrême droite se revendiquant comme tel et l’UNI s’est repositionné comme une émanation directe de la droite dite républicaine (ce qui n’empèche pas ses militants d’avoir des contacts ou de faire cause commune lors des mouvements de grève avec des membres du FNJ ou de l’AF étudiante, aussi rares soient-ils). Il me semble qu’il y a là une grand
différence entre l’antifascisme des décennies précédentes et l’actuel : il est sorti des universités parce que ce n’est plus dans les facs que cette lutte se joue, ou en tout cas beaucoup moins. Aussi, jusqu’à l’aube des années 2000, les antifas lyonnais étaient issu-e-s des milieux squat/autonomes, punk et étudiant. C’est toujours vrai : cependant, la popularisation du mouvement skinhead et plus particulièrement redskin a donné naissance à de nouvelles générations de militants, et ils en sont une composante parmi les autres.
Aujourd’hui, c’est un réseau de personnes issu-e-s de différentes
organisations et milieux contre-culturels qui s’impliquent dans la
lutte antifasciste tout en gardant en tête que l’extrême droite n’est
qu’une conséquence du capitalisme.
Pratiques antifas
Le travail de « renseignement » est fait par tout le monde et personne : il y a de nombreuses listes de diffusion d’infos sur l’actualité locale, et dès que quelqu’un est au courant de quelque chose, l’information circule très vite dans les milieux militants. Et puis il y a certainement des personnes qui font un travail de recherche ou de suivis plus poussé. En ce qui concerne les concerts, il y a toujours une vigilance parce que ça reste des événements propices pour des « attaques ». Il y a des concerts où le risque est plus grand que d’autre, mais il y a toujours, quelque soit les organisateur-e-s du moment, issus de la mouvance anti-capitaliste et antiautoritaire, une certaine forme de « SO » au cas où.
En terme d’actions ou de manif, il y a toujours une réflexion stratégique
sur l’opportunité ou pas de donné de l’importance à un événement organisé par l’extrême droite : par exemple, il s’est avéré contre-productif de répondre systématiquement par un contre-rassemblement au séance de prière de SOS Tout petit. En effet, si la « première » fois on ne trouvait qu’une quizaine de personnes du 3e âge et 4 méchus, la fois d’après une quinzaine de jeunes fafillons pointaient leurs têtes d’os pour jouer au SO. Ils finissaient par acquérir une plus grande visibilité que si on les
avait laissé végéter dans leur coin. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut les laisser tranquille et qu’ils finissent par croire en leur légitimité… Je trouve qu’il y a plus d’actions « radicales » ces 2/3 dernières années qu’avant et cela tient à une plus grande réflexion en terme de stratégie, un travail d’information et de formation interne aux milieux libertaire plus aboutis et aussi à l’engagement de personnes prêtent à prendre plus de risques (à tort ou à raison ce n’est pas mon propos) par rapport à une certaine violence d’une part mais surtout par rapport aux risques liés à la
répression.
Difficultés
Tout dépend de comment on est antifasciste et de ce que l’on y met derrière : se balader seul et déguisé comme un sapin de Noël un samedi après-midi dans le vieux Lyon peut être difficile. Lyon a mauvaise réputation par l’histoire de ses facs (lyon 3 et les révisionnistes, Gollnich, Vial, l’IEIE...) et de ses supporters de foot.
Pourtant, l’essentiel de l’activité de l’extrême droite a lieu dans l’intimité
des foyers des principaux intéressés. LA difficulté, c’est qu’il semble que l’extrême droite lyonnaise puise dans les tribunes du stade de Gerland une partie de son vivier, mais c’est un avantage également parce qu’il n’y a pas beaucoup de militants politiques parmi les supporters, hools, casus, indeps… Le foot et ses à-côtés reprennent facilement leurs droits d’après ce que l’on raconte, laissant la politique à ceux qui en font. Je ne pense pas que cela soit plus ou moins difficile qu’avant, le contexte et
les acteur-e-s ne sont pas les mêmes et l’outils Internet joue comme une loupe déformante. La vraie difficulté reste les risques de répression et de poursuites judiciaires.
dossier réalisé par la commission antifa du réseau No Pasaran
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