N’oublions pas les chibanis !

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Les travailleurs immigrés, venus surtout du Maghreb, qui se sont usés la santé pour participer à la construction de notre pays, vivent encore aujourd’hui dans des conditions de logement souvent déplorables. Une exposition, prolongée jusqu’au 30 décembre, leur rend hommage au foyer de la Gare d’Eau, 14 rue Rhin & Danube, Lyon 9e.

Ce spectacle à ne pas manquer est exemplaire et quand on en sort on aimerait trop qu’il demeure permanent de façon à garder la mémoire...

Le foyer Aralis de la Gare d’Eau, dernier foyer dortoir de l’agglomération lyonnaise a fermé ses portes, en juin 2005. Compte-tenu du coût de la construction à Vaise, beaucoup d’obstacles, y compris le racisme, empêchent la reconstruction immédiate de ce foyer qui permettrait à ces travailleurs immigrés de la première génération d’avoir des conditions de vie plus décentes.

Pourtant ils ont travaillé très dur dans le bâtiment, les travaux publics, la récolte des ordures, là où on ne trouvait pas facilement d’autres personnes pour se farcir ces labeurs pénibles. On les exploitait aussi à la chaîne en 4x8 dans des usines comme Berliet, et dans d’autres usines métallurgiques ou chimiques complètement polluées, comme Penaroya, où les maladies du travail étaient souvent inéluctables...

Pour tout logement, ils étaient entassés dans des foyers (appelées maisons du travailleur étranger, ou Sonacotra) dans des chambres de 6m² avec une seule cuisine pour une vingtaine de personnes, quand ce n’était pas carrément dans des dortoirs..., comme à la Gare d’Eau. Ce foyer, aménagé sommairement dans un ancien grenier à grains, comportait des dortoirs d’une douzaine de personnes avec des lits superposés.

Tout près de là, dans un ancien entrepôt des usines Peugeot situé rue de St Cyr, à côté de la sortie du métro actuelle, ce sont des étudiants qui réussirent en 1969 à mettre le holà et à faire fermer un foyer immonde mis en place par Berliet. Cette entreprise faisait signer sur place, dans les pays du Maghreb, des contrats de travail qui précisaient que le logement était assuré. Mais ils n’indiquaient pas les conditions de ce logement ! Quelle surprise en arrivant. En effet, c’était 120 personnes qui étaient entassées dans cet entrepôt : 60 lits d’un côté, 60 lits de l’autre, têtes bèche, et des armoires métalliques à partager au pied des lits, qui faisaient un bruit pas possible quand on les ouvrait. Il n’y avait pas de douches pour se laver, juste une rangée de robinets sur un évier de zinc. Et comme ils travaillaient en 4x8, jour et nuit, c’était un va-et-vient continuel et il était impossible de dormir...

Quelle honte ! Considérait-on que ces travailleurs étaient des hommes, ou plutôt tout juste des machines...?

Ces foyers avaient été aménagés ou construits de façon provisoire, mais c’est un provisoire qui a duré. En effet, ces anciens ou chibanis, pour la plupart célibataires, qui étaient venus en France pour envoyer de l’argent au pays, ont été obligés de rester pour faire valoir leur droit à la retraite. Et pour certains, cela fait trente ans qu’ils sont dans ces foyers...

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Dans le cadre de Traces 2005, « forum régional des mémoires d’immigrés en Rhone Alpes », se tient à Vaise une installation artistique dans le foyer de la Gare d’Eau.

Cette installation qui retrace le parcours migratoire de ces hommes qui ont passé plus de 30 ans de leur vie dans ce type de logement est vraiment exemplaire.

Par ailleurs, s’appuyant sur les 5 sens grâce aux collaborations artistiques d’un musicien, d’un scénariste metteur en scène, d’un info-scéno-plasticien, d’un photographe et d’une restauratrice, ce parcours a été tellement bien accueilli qu’ARALIS a décidé de la prolonger jusqu’au 30 décembre. Ne manquez pas d’aller y faire un tour au 14 de la rue Rhin & Danube, Lyon 9e, du mardi au vendredi de 16 heures à 21 heures.

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