Convenons qu’au bout de quatre mois de manifestations contre la loi Travaille !, la litanie des tags inspirés et des vitrines de commerce étoilées avait fini par avoir quelque chose de lassant ou du moins de répétitif. On ne s’émerveillait plus du merveilleux. À Nantes même, le fait que tous les distributeurs de billets du centre-ville soient durablement fracassés et que les employés de banque ne puissent plus travailler que protégés, côté rue, par des panneaux de bois, s’était imposé comme une nouvelle routine, un nouvel aspect de la vie contemporaine, dont on ne s’étonnait plus. Et puis, l’organisation de la défaite par les centrales syndicales offrait un spectacle si crasseux que le cortège de tête était bien fondé à la détourner – la tête – vers Bures ou ailleurs. Les vacances, on le sait, sont une invention contre-révolutionnaire. C’est, depuis quatre-vingt ans, de ce couperet-là que l’on décapite les plus belles montées insurrectionnelles. Tout ce qui est insignifiant n’est pas inoffensif, bien au contraire. Mais enfin, il arrive que le besoin de repos se fasse sentir, pour aborder la nouvelle année frais et dispos. Le repos n’est pas la vacance, l’endurance du vide.
Seulement voilà, il a suffi que nous détournions la tête pour que le débat public décolle à la verticale dans le délire. Il a suffi que la situation se referme, à mesure que le mouvement était progressivement mis en nasse, pour que les schizos commencent à se sentir étouffer, et que certains d’entre eux se mettent en tête de dézinguer leurs semblables et de partir avec eux. La reprise en main, cet été, de l’espace public par les politiques après quatre mois où il leur avait échappé du fait de ce qui se passait dans la rue nous rappelle combien il serait irresponsable de le leur laisser dans l’année qui vient. Il n’a pas fallu dix jours de paix sociale, en juillet, pour que l’air devienne soudain irrespirable dans ce pays. Et il le serait de toute façon devenu – attentats ou pas attentats. Nous savons donc ce qu’il nous reste à faire. Et ce ne sera évidemment pas simple.
>Invitation à l’organisation du Printemps Libertaire 2025 le jeudi 23 janvier a la librairie La Griffe(Lyon 7)
Le Printemps Libertaire est un festival lyonnais autogéré par un ensemble d’organisations, groupes, individus qui se reconnaissent dans les idées et pratiques anti-autoritaires. Si vous avez des idées, des propositions ou des envies à discuter, si ça vous dit de filer un coup de main, venez nous...
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