Nous ne laisserons pas notre plus belle jeunesse croupir en prison

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Loi travail

Le 9 mars, partout en France, plus d’un million de personnes sont descendues dans les rues pour se retrouver, prendre la rue aux militaires et déjouer la peur et la paranoïa qu’a su imposer 4 mois d’état d’urgence dans ce foutu pays.

Comme pour remballer la langue de tout ceux qui se confortaient dans l’idée que rien ne pouvait advenir, c’est une fois de plus nos frangines et frangins, lycéens et lycéennes, tout ce qui reste de jeunesse en nous, qui su prendre les devants et s’imposer à la tête des cortèges. Dès le début du mouvement, qu’on le veuille ou non, des affrontements avec la police éclatèrent dans plus d’une dizaine de villes. La violence de cette vie de merde se retourne contre nos agresseurs, banques, locaux du PS sont attaqués. Dans les cortèges ce ne sont pas des casseurs mais un désir de révolution qui se propage et confirme que quelque chose de grandiose est en train de se passer. Preuve en est, le black-out total des médias sur l’ampleur de la contestation et la propagation à tout le pays de ce désir d’être fort ensemble, que ce soit en défendant nos manifs face aux attaques de la police ou en occupant des facs, des places pour nous rencontrer et nous organiser.

Dès lors, et parce que les centrales syndicales dites « majoritaires » craignent de voir cette vitalité et cette espérance gagner le cœur des salariés, déçus et résignés, par toutes les défaites qu’a su imposer « le dialogue social » en France depuis plus de 30 ans, l’on comprend mieux pourquoi la place Beauvau et ses préfets déploient autant de moyens pour nous diviser. D’abord les jeunes et les vieux, puis à l’intérieur de ces catégories toutes faites, les « violents », des « non violents ». Comme si l’on était trop bête pour savoir où se situe en ce moment la véritable ligne de fracture.

Alors que courant mars le mouvement prend de l’ampleur et déserte, par l’audace et la détermination, les codes et les pratiques « prévisibles » et donc contrôlables des manifestations, le ministère de l’Intérieur envoie des missives aux préfets et aux rectorats, pour tenter de tuer dans l’œuf la contestation naissante, en donnant carte blanche, à la police et aux proviseurs pour « casser du lycéen », comme Pasqua l’avait fait en son temps. Dans cette guerre des perceptions, il nous faut plus que jamais prendre partie pour toutes les formes d’autodéfense. Ce mois de mars ouvre une séquence politique des plus enthousiasmante et prépare la démobilisation électoraliste pour 2017. Si l’occupation de places pourra sans doute nous permettre de maintenir une intensité jusqu’à la fin des vacances il est grand tant de déborder ces codes pathétiques et son finalisme atterrant. L’évidence est sans équivoque, aujourd’hui, demain, c’est dans la rue que ça se passe. La meilleure défense, c’est l’attaque !

Si l’on a été des milliers à s’indigner sur Internet du sort réservé aux jeunes du Lycée Bergson par les policiers du XIXe à Paris, lorsque plusieurs d’entre eux prirent plaisir pendant une matinée à persécuter des jeunes de 15 ans, en train de bloquer leurs bahuts, à grand coup de tonfa dans la tête, d’insultes racistes et d’humiliation, combien sommes-nous en vérité à avoir compris que tout cela c’était déroulé sous les yeux approbateurs d’un proviseur aux ordres, de professeurs complices qui planqués comme en 40, se privèrent bien de s’interposer, en soutenant leurs propres élèves, face à la violence grossière des équipages de police venus rompre la grève ?

Idem au Lycée Voltaire à Paris, ou selon le communiqué de la FCPE, plusieurs lycéens et lycéennes ont subi des violences policières lors des manifestations du 24 et du 31 mars. Une jeune manifestante a reçu des coups de matraque alors qu’elle aidait une camarade qui était tombée. Un autre, voulant éviter une salve de coups de matraque s’est blessé en se jetant par dessus une balustrade. Des policiers ont cassé des téléphones portables…

Plus près de Lyon, à Vaulx-en-Velin, cette semaine, c’est plus d’une vingtaine de lycéens qui ont été arrêtés par des flics déchainés et ouvertement racistes alors qu’il s’apprêtaient à prendre le temps de discuter, d’être ensemble, en bloquant leur lycée. Ici aussi même constat, très peu de profs pour les soutenir, le proviseur se positionnant clairement du coté des flics. En fait, depuis 2005 rien n’a changé. Qui peut encore prétendre aujourd’hui, comme la fait le secrétaire général de la CGT, M. Martinez, que la police est là pour nous protéger ? Foutaise ! Le divorce est consommé.

Doit-on rappeler, qu’à Paris le 31 mars, plusieurs dizaines de personnes furent blessées à coups de flashballs et de tonfa, avec des gens hospitalisés pour des plaies ouvertes de plusieurs centimètres sur la tête. Que le 5 avril, partout en France, des gamins de 15 ans furent tabassés, nassés pendant plusieurs heures sans pouvoir boire ni pisser, sous les insultes et les assauts des flics pour les terroriser. Désormais, c’est à chaque manifestation sa nasse policière, ses cartouches de gaz lacrymogène tirés à bout portant, ses arrestations de masses et ses blessés. Rien pourtant qui puisse nous décourager et nous priver de notre plus beau printemps.

Le mouvement de contestation ne peut que se renforcer. Il ouvre aujourd’hui très clairement une possibilité historique de relever la tête, de reprendre l’initiative et de renouer avec la victoire. Pas étonnant dès lors de se retrouver aux cotés des Goodyear et des salariés de PSA. Comme l’a si bien dit Xavier Mathieu sur le plateau de Canal + à l’automne dernier au sujet de l’affaire dite « des chemises d’Air France », « il faut être clair, arracher une chemise d’un DRH ce n’est rien par rapport à la violence, aux suicides, aux dépressions, qu’engendrent des licenciements ? »

En oubliant pas de clarifier une position de plus en plus partagée : « J’ai été un pacifiste, un non-violent toute ma vie, aujourd’hui, je suis pour la violence. Les agriculteurs, les taxis... ils pètent, ils obtiennent ce qu’ils veulent (...) Ce sytème-là, il est pourri, il va falloir en sortir, et malheureusement la violence sera inéluctable. Aujourd’hui c’est une chemise arrachée, demain ce sera bien pire ! »

Le 9 avril, c’est plusieurs dizaines de personnes qui ont été blessées par flash ball et autres armes de la police à Rennes et Paris.

Aujourd’hui plus que jamais, il faut tout faire pour tenir le pouvoir en respect, soutenir les lycéens, les blessés, les arrêtés de ces dernières semaines, renforcer nos liens et se faire confiance. Dans les usines, les facs, en famille, entre amis, il faut se tenir ensemble et porter cette position.

P.-S.

Face à la violence de tout ce qui nous gouverne, prenons partie, et cela,
par tous les moyens nécessaires !

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