Et bien dans la semaine qui arrive, les députés, à l’assemblée nationale, vont avoir à se prononcer sur le texte de loi appelé « Hadopi » ou "création internet". Ce texte se propose de mettre en place la "riposte graduée" c’est à dire la possibilité pour cette autorité administrative de l’Hadopi de faire couper le net à des personnes ayant téléchargé du contenu via les réseaux pair-à-pair (via eMule ou aMule par exemple). Si cette loi passe, ce sera une grande victoire du lobbying réalisé par les majors de la musique et aussi de l’industrie du cinéma.
Mais la riposte graduée est une usine à gaz que je vais essayer d’expliquer simplement. Ce sera d’abord l’envoi d’un premier courrier pour avertir le contrevenant. Puis vient un second courrier plus insistant en l’espace d’un temps de quelque mois si l’adresse IP [1] de la personne qui télécharge est encore retrouvée. Après c’est la coupure du net fait par votre fournisseur d’accès internet (Fai) pour une durée d’un an ! Plus inquiétant, l’Hadopi pourra collecter largement des IP ou même sous traiter à des entreprises privées la tache de récolter les IP sur le réseau. Le fait que l’Hadopi puisse couper le net à quelqu’un sans procès, sans possibilité de se défendre est absolument aberrant. Mais quand il s’agit de lister toutes les aberrations de cette riposte graduée, on se retrouve avec une liste que nous pouvons résumé en 4 points (développés ici) :
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- de graves questions de respect des libertés individuelles sur Internet ;
- une sanction disproportionnée aux conséquences sociales et humaines désastreuses ;
- une inefficacité technique chronique pour un texte juridiquement inapplicable ;
- un bénéfice économique nul... voire négatif.
Mais les acteurs du net organisent la riposte. Parmi d’autres, la contre-attaque la plus importante est celle lancée par le collectif "la Quadrature du Net" qui invite les internautes français à manifester en mettant une bannière noire sur leurs sites (voir le résultat sur le site de no-log).
Bien plus intéressante encore est l’initiative d’un « réseau pirate » qui propose un Pacte pour Les Libertés Numériques. Très explicitement je me permets de reproduire ci-dessous l’intro à ce réseau d’acteur du net :
"Nous sommes des millions, ils font de nous des pirates.
Je prends le parti des pirates.
Ils sont, nous sommes, des millions, en France, chaque jour à échanger des oeuvres : des tubes, des films à la mode, mais aussi des films et des disques rares, introuvables, des œuvres oubliées ou « tombées » dans le domaine public.
Ces pratiques sont là pour durer. Elles sont inscrites dans la révolution numérique.
Les tentatives d’interdire les échanges sur Internet - par l’intimidation ou par le filtrage - sont vaines.
Leur coût en termes de libertés publiques est inacceptable.
Cantonnées dans la clandestinité, ces pratiques de partage ne donnent pas, il est vrai, le meilleur d’elles-mêmes.
C’est au grand jour qu’elles révéleront toutes leurs potentialités.
Il est grand temps de reconnaître ces pratiques. De cesser cette guerre contre le public et la jeunesse.
En attendant ce jour, je prends le parti des pirates.
Je déclare que je suis l’un d’entre-eux.
Je déclare avoir consommé, remixé ou diffusé des œuvres culturelles.
Alors, pour eux je suis un pirate."
Pour finir et pour démentir l’intro de ce texte, je dois dire que je me soigne en tant que pirate dans la mesure où mon ordinateur tourne sous Linux (Ubuntu) et que je me sers au maximum des oeuvres sous licence Creative Commons. Soyons aussi des millions à utiliser les voix alternatives dans le numérique, libérons les codes pour faire tomber les multinationales du logiciel !
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