Police : faire du blé sur le dos des prévenus

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Comptes-rendus de justice 5 compléments

Les indemnités à payer par les prévenus sont de véritables compléments de salaire pour certains flics ou agents TCL. Les flics et leurs avocats invoquent régulièrement les insultes ou les coups pour demander des sommes d’argent importantes aux prévenus pendant les comparutions immédiates.

A St Priest, une voiture banalisée de flics passe devant des jeunes qui tiennent les murs. Sifflements. La voiture fait demi-tour et s’arrête au niveau des jeunes.
C’est elle qu’a bouffé la feuille [1], je la reconnais avec sa minerve, la salope lâche Julien, 26 ans, à ses copains, en désignant une flique à l’intérieur du véhicule de police.
Flairant peut-être qu’il y’a du blé à faire sur le dos des jeunes, les flics décident d’interpeller Julien.
C’est Laurent, 21 ans, un pote qui s’interpose pour permettre à Julien de filer. Il tend le bras et la main pour stopper un flic qui s’approche, se fait tordre les doigts, dégage ses mains, reçoit un coup de poing, en décroche un, puis un coup de pied au flic imprudent. Lors de son interpellation il se débat et touche du pied un autre flic.

Les 2 amis sont jugés lundi 28 avril en comparution immédiate.
Pendant le procès, au moment de la description des faits, un jeune proche des 2 prévenus, se lève dans la salle pour couper l’audience et préciser que c’est toujours la même patrouille qui pose problème à Saint Priest !

Les flics réclament beaucoup de sous aux sans-culottes pour les « indemniser » de l’insulte et des coups : 500 euros sont demandés par la flique pour avoir été traitée de salope, 2000 euros par le flic qui a pris un coup de poing (5 jours d’ITT [2]) et 800 euros pour l’autre (2 jours d’ITT). En plus ils réclament tous des sous pour payer les frais de l’avocat qu’ils ont engagé, Me Versini.

Le Tribunal a reconnu Julien et Laurent coupables. Il a condamné Julien à payer 850 euros à la flique et à 3 mois de prison sans mandat de dépôt (à effectuer en semi-liberté) pour outrage. Laurent, au casier judiciaire vierge, est condamné à payer 1950 euros d’indemnités aux 2 flics et à 6 mois de prison avec sursis, pour violences.
Les deux ont été jugés ensemble en 35 minutes.

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Les flics ne sont pas les seuls à se faire des sous sur le dos des prévenus, il y a aussi les agents TCL [3].

Quand ils le souhaitent, les chauffeurs des TCL font appel à une équipe d’agents chargée des interventions musclées. C’est ce qui s’est passé dans le 4e arrondissement samedi dernier, pour signaler que Madou dérangeait la clientèle d’un bus. Madou, un peu bourré sûrement, a envoyé bouler un des trois agents TCL et les 3 flics appelés en renfort. Même si Madou affirme ne jamais être monté dans ce bus et nie une partie des insultes, il a été condamné à 3 mois de prison sans mandat de dépôt (régime de semi-liberté) pour outrage à 3 flics et à un agent TCL et à payer 200 euros à chacun pour leurs indemnités et en plus 500 euros pour leurs frais de justice.

Une autre fois, à la station Bellecour, les contrôleurs interviennent avec des flics pour contrôler les passagers. Il est 10h du matin et Thierry vient de finir sa soirée, il est passé par La Gratinée et sort juste de l’Apothéose
En apercevant les flics et les contrôleurs attroupés sur la voie d’en face autour d’un passager, Thierry ne peut pas retenir un « pourquoi vous nous cassez les couilles » puis un « ils contrôlent un black arbitrairement, ne les laissons pas faire », « vous contrôlez toujours les blacks », « bande de nazis ». Les flics l’ont entendu mais n’interviennent pas, il est sur le quai d’en face. Une rame arrive et emporte Thierry. Dans le wagon, il réfléchit et décide de revenir sur ses pas. Il descend à la station suivante, passe de l’autre côté et prend le métro dans l’autre sens pour revenir sur le lieu du contrôle. Il descend de la rame et se dirige vers l’attroupement puis reprend ses insultes Vous êtes des SS, vous contrôlez que les blacks, bande de fachos, nazis. A 2 mètres des flics, il se fait menotter et embarquer pour la garde à vue. Au commissariat, quand on lui enlève les menottes, il décroche un direct au flic qui est à côté de lui. Quand le même lui demande de se déshabiller, il refuse et envoie un autre coup de poing ; le tout agrémenté d’insultes. Il est ensuite placé en détention, à la prison.

Pendant la comparution immédiate, l’avocat de Thierry relève que les 2 jours d’ITT avancés par le flic sont à modérer : sur le certificat médical du policier il n’apparait pas de plaie, ni de sang. Souvent, les policiers ont leur médecin préféré pour faire enregistrer leurs blessures, médecin très conciliant qui leur fait des périodes d’ITT à rallonge.

Thierry est reconnu coupable d’outrage, de rébellion (il a refusé les menottes) et de violence, il est condamné à 6 mois de prison avec un sursis mise à l’épreuve pendant 18 mois (avec obligation de travailler, de se soigner et d’indemniser les flics) et à verser 450 euros à chacun des 3 policiers, et 650 euros à celui qui a un certificat médical, soit 2000 euros au total.

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Faire du blé sur le dos des prévenus !

Les indemnités à payer par les prévenus sont de véritables compléments de salaire pour certains flics ou agents TCL. Les flics et leurs avocats invoquent régulièrement les insultes ou les coups pour demander des indemnités importantes. Est-ce qu’il n’existe pas d’autres moyens pour régler le différent ? Le tribunal peut prendre en compte les insultes et les coups pour rendre son jugement mais pourquoi demander des sommes d’argent aux prévenus ? Que l’employeur des flics leur verse des primes de risque ou d’insulte, mais que la justice extorque aux prévenus des sous pour verser des compléments de salaire aux flics est inacceptable.

Dans le cadre du paiement d’indemnités aux flics pour violence, les médecins peuvent exagérer ou minimiser leurs certificats en fonction de la victime. Le médecin peut être compréhensif pour établir un certificat médical complaisant qui permettra aux flics de ramasser des indemnités lors d’un procès. Alors qu’il va être distrait lorsqu’une victime se plaint des coups que les flics lui ont porté (voir ici) et limiter ainsi les recours et les indemnités du prévenu.

Notes

[1qui a eu un accident

[2Incapacité Totale de Travail

[3Transports en Commun Lyonnais

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  • Le 1er mai 2008 à 02:31

    Y’en a pas à La luttine ?

  • Le 30 avril 2008 à 15:43, par le lutin malin

    à cette adresse les formulaires de prélèvement et un petit topo sur la caisse.

  • Le 30 avril 2008 à 14:47, par Youri Gargarine

    C’est ce qui se fait habituellement quand on peut rencontrer les proches du prévenu.

    Est-il possible d’indiquer quand et où on peut récupérer des tracts pour la Caisse de Solidarité et Témoins ?

  • Le 30 avril 2008 à 12:39

    est ce que les gens qui font la permanence aux comparutions immédiates ont moyen de faire passer les contacts de la caisse de solidarité aux familles et aux ami-es des prévenu-es ?
    comme ça on ferait déjà plus qu’informer sur l’arbitraire policier et tout...

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