Le printemps est déjà là en février et la canicule de l’été dernier se rappelle à nous. Les températures avaient grimpé à 29,6 °C en moyenne en journée de juin à août. Si elles n’ont pas atteint les sommets de 2003, c’est l’année dans son ensemble qui a battu des records. Il faut dire qu’au niveau mondial, 2015 a été la plus chaude de l’histoire, avec 0,9°C au-dessus de la moyenne du XXe siècle.
Le réchauffement climatique ne touche cependant pas de la même manière toutes les régions du globe. C’est ce qu’on peut vérifier depuis vendredi 19 février sur le site du New York Times. Le journal américain a mis en ligne les graphiques de températures pour 2015 de plus de 3 000 villes partout dans le monde, parmi lesquelles Lyon et 23 autres villes de France.
- Le graphique à propos de Lyon sur le site du New York Times
Ces 24 villes françaises affichent en moyenne des températures supérieures de 1,4 °C à celles collectées de 1981 à 2010. Un chiffre déjà très élevé que Lyon réussit à surpasser de 50%. Avec 13,6 °C, l’agglomération atteint 2,1 °C au-dessus des températures relevées pendant ces 30 années de référence. Et arrive juste derrière Langres (Haute-Marne), 2,5 °C, et Bordeaux, 2,2 °C.
L’accord sur le climat de la COP21 annonçait pourtant vouloir limiter à 1,5 °C le réchauffement en 2100, ou en tout cas le contenir en dessous de 2°C. Un objectif optimiste à calculer à partir des températures de l’ère préindustrielle, soit de 1880 à 1899. Question : quelle était la température moyenne à Lyon à cette période ? On peut obtenir une réponse grâce aux informations de la Revue de Géographie de Lyon publiées en 1952 dans un article intitulé « Un siècle de températures à Lyon ». Elles indiquent une moyenne annuelle locale de 10,5 °C pendant cette période. Conséquence : à Lyon, les températures lyonnaises dépassent de 3,1 °C celles qu’on y mesurait de 1880 à 1899. C’est deux fois plus que l’objectif de la COP21 affiché à n’atteindre qu’en 2100.
On pourrait se réjouir de se la couler douce entre Saône et Rhône. Mais ce phénomène a plusieurs effets dramatiques. On observe ainsi une surmortalité notable pendant les périodes de canicule, de 13% l’année dernière dans la région. Mais surtout, la chaleur a une incidence directe sur les pics de pollution.
Les températures supérieures à 30°C sont en effet l’un des principaux facteurs de concentration d’ozone, comme le montre le graphique ci-dessous. Une chaleur dépassée à 40 reprises à Lyon entre juin et août d’après les données du New York Times. Le « seuil d’information à la population » en raison de pic d’ozone a ainsi été déclenché durant 10 jours en 2015, mais il a été frôlé pendant toute la période de juin à août.
Même en hiver, les variations climatiques ont une incidence sur la pollution aux particules fines : 31 jours de dépassement du seuil en 2015 ! Et si dans d’autres villes de nombreux dispositifs sont prévus comme la gratuité des transports en cas de pic, à Lyon, cela n’a été activé qu’une seule fois. Lors du dernier weekend de la campagne des municipales de 2014…
Une mesure parmi d’autres qui serait pourtant utile toute l’année vue l’exposition particulière de Lyon à la pollution. Comme le note AirParif, les alertes préfectorales sont essentiellement de la communication :
Les études épidémiologiques montrent qu’il existe des effets de la pollution dès les concentrations les plus faibles, et qu’il ne semble pas exister de seuil protecteur en deçà duquel il n’est plus observé d’effet sanitaire. En l’absence même de « pics », la pollution atmosphérique a des effets sur la santé.
Mathilde Pascale, épidémiologiste au sein du programme Air-Climat lançait récemment l’alerte. « Si les températures continuent à augmenter, l’impact de la pollution risque d’être encore plus grave à l’avenir. » Un impact particulièrement néfaste pour celles et ceux qui ne peuvent se payer des vacances l’été ou qui habitent à proximité des zones polluées. L’urgence climatique est d’abord sociale.
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