Rappels
Au printemps 2024, la CRAAM publiait la brochure collective « Lyon, capitale européenne du militaro-sécuritaire ? », qui montrait le rôle de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, Saint-Étienne, Roanne (CCI) dans le développement actif mais discret de l’industrie militaro-sécuritaire en Auvergne Rhône-Alpes et au-delà.
À côté d’initiatives déjà existantes et florissantes comme le Cluster EDEN – lobby des PME de l’armement créé par la CCI et la DGA, et dont nombre d’entreprises exportent au mépris d’embargos ou vers des régimes répressifs – , nous avions repéré et tenté de resituer dans une perspective globale un projet particulièrement opaque et flou.
À l’époque, ce machin s’appelait « Hub européen de la sécurité globale ». Il devait s’installer à Écully, dans les anciens locaux de l’École de Management de Lyon (EM Lyon). Sur un même campus devaient se retrouver tous les acteurs du militaro-sécuritaire (recherche universitaire, formations, entreprises privées ; secteurs publics, etc) pour créer des synergies inédites au niveau européen et « innover » à tout va.
Ces informations étaient rares et distillées au compte-goutte par une CCI qui doit probablement craindre les oppositions à ce projet.
Le Hub se dévoile
Le 21 janvier 2025, quelques articles de la presse économique régionale signalent l’ouverture du « hub », finalement renommé « Hub des Sécurités ». Philippe Valentin, président de la CCI et initiateur du projet, y vante « cette Silicon Valley de la sécurité » qui « constituera un lieu d’expertise, d’innovation et d’hybridation sur les sécurités unique en Europe ».
L’École nationale de la police scientifique s’y est installée à la rentrée 2024, et pour 2025 sont annoncés l’hébergement d’un « incubateur de start-ups », du cluster EDEN, l’arrivée de l’« lnstitut d’Étude des Crises de l’Intelligence Économique et Stratégique » (IEC-IES) – créé par Thomas Metzaros, enseignant à Lyon III – et un stand de tir « mutualisé » accompagné « d’infrastructures d’entraînement et de simulation ». Une entreprise de sécurité privée qui travaille pour la CCI, Premium Sécurité Privée, est aussi de la partie.
Axes principaux
Le communiqué de la CCI sur les perspectives 2025 donne quelques informations sur les quatre axes principaux du hub :
Formation des acteurs du « continuum de sécurité », parmi lesquels la police municipale et les sociétés de sécurité privée. Ces formations concerneront entre autre la vidéo-surveillance, l’analyse des comportements, les interventions en milieu médico-social ;
Accompagnement des entreprises face aux menaces et crises multiples (environnementales, sociales, etc) ;
Recherche et innovation sur les technologies de sécurité (rappelons, par exemple, que la vidéo-surveillance algorithmique est en passe d’être déployée à grande échelle) ;
Centre de formation « aux sécurités et à la résilience », centré autour d’une future « chaire en résilience ».
Une fois encore, des financements publics pour le privé
Pour la mise en place, la CCI a investi jusqu’à présent quelque 200 000 euros dans l’ingénierie de projet, sur un budget total estimé de 50 à 60 millions. Il est déjà indécent que de telles sommes soient envisagées pour ces industries criminelles, mais le comble c’est que la CCI veut faire financer son hub par les "appels à projets France 2030", c’est à dire de l’argent public . Et la très sécuritaire Région AuRA aura à cœur de financer cette nouvelle pépite bien dans l’air du temps.
Que défaire ?
Cela fait plusieurs années que nous alertons au sujet des activités militaro-sécuritaires de la CCI. Nous avons par exemple dénoncé les entreprises membres du Cluster EDEN coupables de violation d’embargos, d’exportations d’armes vers des régimes en guerre, ou vers des régimes qui répriment leurs populations.
Le « hub des sécurités » est à la fois le prolongement et l’achèvement de l’« écosystème » militaro-sécuritaire qu’est en train de déployer la CCI dans la région et au-delà avec l’appui des militaires et de la police.
Il nous semble donc important de lutter contre cette pièce maîtresse, notamment à l’heure où la France exporte des armes de plus en plus massivement.
Les budgets consacrés à la répression intérieure ne sont pas touchés par les coupes budgétaires, les blessés et les morts s’accumulent ici comme en Kanaky, et la justice est frappée d’amnésie.
Les entreprises de la sécurité et du sécuritaire, les collectivités territoriales la police et l’État marchent la main dans la main pour imposer des technologies de surveillance globale d’un nouveau genre, : Vidéo Surveillance Algorithmique (VSA), reconnaissance faciale avec en arrière-plan les implications multiples et liberticides de la pseudo « Intelligence Artificielle.
Face à cette situation, nous vous proposons de nous rencontrer pour mettre en place des formes de mobilisations et d’actions variées contre ce « hub des sécurités », véritable Terminator des libertés individuelles et publiques, contre le cluster EDEN et contre la CCI.
Nos réunions ont lieues les Mardis à 19h à la Luttine, 91 rue Montesquieu, Lyon 7. Venez en discuter !
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