Aujourd’hui, c’est dans un contexte politique tendu (« négociations » avec la Guerilla kurde (PKK), attaques régulières des fascistes sur l’Université d’Istanbul et d’ailleurs, politique d’austérité, répression sur les minorités ethniques) que les marches du 1er mai représentent un enjeu politique important pour l’ensemble des groupes révolutionnaires et les organisations institutionnelles de gauches, syndicales, et associatives. Alors que le gouvernement islamiste de l’AKP décide d’interdire l’accès à la Place Taksim, elle devient alors « The Place To Be ».
Reprendre la Place Taksim
Plusieurs semaines avant le 1er mai, des milliers d’affiches ont commencé à fleurir sur les murs d’Istanbul : syndicats, organisations politiques de gauche et d’extrêmes gauches, organisations étudiantes, libertaires, kurdes, féministes... Pourtant, aucune d’entre elle (excepté le TKP, Parti communiste) n’indique le lieu de rassemblement. A Istanbul, tout le monde sait pourquoi. La place Taksim a été interdite, pour raison officielle de travaux. En réalité, l’ensemble des groupes ont la ferme intention de marcher sur Taskim. C’est d’ailleurs, la grande centrale syndicale DISK (Türkiye Devrimci Isci Sendikalari Konfederasyonu – Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie) refusant cette régression qui appelle toutes les organisations à prendre la place de force le jour du 1er mai.
Le jour J, tôt dans la matinée, l’ensemble des groupes et individus ont répondu massivement présents à l’appel et se sont rassemblés et répartis dans les différents axes menant à la Place. Par groupes de centaines de milliers ils ont affrontés les 25 000 policiers, canons à eaux, policiers en civils qui étaient mobilisés pour empêcher le rassemblement.
Les affrontement ont duré une bonne partie de la journée, surtout concentré sur 3 quartiers (dont Beşiktaş où les supporters de l’équipe du Beşiktaş, « Çarşı » ont affronté la police et réoccupé le quartier).
Marcher sur Taksim, car Taksim est LA place centrale d’Istanbul. Ce qu’elle représente pour l’ensemble des militants est hautement symbolique : elle fait rappel à la fin de l’Empire Ottoman, mais aussi à la force de mobilisation des groupes révolutionnaires qui s’y amassaient par centaines de milliers, voir par millions. Un peu comme Bellecour ou Terreaux à Lyon, toutes les manifs doivent aujourd’hui y passer pour se rendre visibles.
Au 1er mai sanglant de 1977, les groupes fascistes soutenus par la police, ont ouvert le feu sur les manifestants faisant 34 mort et une centaines de blessés. Ces derniers répondant par plusieurs jours de révoltes et de vengeance menant à l’occupation de la ville par l’armée, prémisse du coup d’État de 1980. Après cela la place est restée fermée et aucun coupable ne fût jamais traduit en justice.
Ce 1er mai 2013, la Place Taksim n’a pas pu être reprise, la répression policière avec tout son attirail de dispersion des masses (en Turquie, sur les canons à eaux, pas d’économie), a tenu en échec les manifestants qui se sont reportés sur la défense de leurs quartiers. De nombreux-ses bléssé-e-s graves, beaucoup de crises cardiaques, chez les personnes âgées surtout, dû aux lacrymos.
De plus, les manifestants devaient aller se faire soigner dans les hôpitaux éloignés du centre ville, puisque la police fichait systématiquement les entrées dans les urgences proches des points d’affrontements.
Pourtant, le contexte actuel reste celui de la résistance en Turquie. Résistance à la politique répressive, militariste, nationaliste et capitaliste de l’AKP. Le slogan de cette journée, commun à toutes les organisations, était : « Mort au fascisme », « Longue vie au 1er mai » puisque contre les fascistes et le gouvernement islamiste la réponse doit claire : face à la division de race, opposer la guerre de classes.
Feminist isyan ! / vidéo d’un groupe féministe non-mixte le 1er mai 2013 à Istanbul
Affrontements à Istanbul lors des manifestations du 1er mai
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