Dans un squat lyonnais, à partir de 18h (pour connaître l’adresse du squat, envoyer simplement un mail à : capartaleau@riseup.net).
Programmation :
18h00 : ouverture des portes avec un repas à prix libre ainsi qu’une projection du documentaire « Draquila, L’Italie qui tremble » de Sabina Guzanti.
Partant de la catastrophe que fut le tremblement de terre ayant eu lieu à L’Aquila en 2009, ce documentaire est une enquête sur la politique de gestion de cet événement par la Protezione Civile dépeinte comme un « bras de l’état » opérant au-dessus des lois et tentant, par ce biais, de devenir une société privée par actions.
Vers 21H00 : Concert (prix libre) à toute vitesse avec Panika (ska-punk), Renaut c’est mort (reprise punk de Renaut), La Boucle (Hip-hop, human beatbox), Steven Marcato (Italo Disco), L’ombre de la route (New wave expérimental) + guest electro.
Et sinon sur place : info-kiosque, chill out, bar à cocktails, et peut-être même des frites et des crêpes...
Le mouvement No-Tav : le point où nous en sommes
Pour les quelques un-e-s qui ne le savent pas encore, la lutte No-Tav représente toutes les formes d’oppositions à l’édification d’un nouveau réseau ferré à grande vitesse entre Lyon et Turin. Il ne s’agit pas d’une nouvelle lubie des pouvoirs européens puisque la logique d’inter-connecter toutes les grandes métropoles européenne entre elles, par le biais du TGV date de plus de 5O ans. Nous pouvons tous le constater, la métropole étend ses tentacules sur l’ensemble des territoires, des villes jusqu’aux campagnes. Tout devient aménagement et restructuration de l’espace, avec comme étendard le progrès et la démocratie, censés nous garantir la légitimité et le bien-fondé des projets.
Heureusement que l’on ne se laisse pas aplatir par le rouleau compresseur, que la lutte s’organise, et que la vie reprend le dessus.
La vallée de Susa, dans la région du Piemont coté italien abrite depuis une vingtaine d’années le cœur de la contestation contre le TGV. La joie et la force de la lutte ont contaminé les habitants de la vallée, emportant avec elles de nombreux triomphes, parfois célèbres, comme la reprise du chantier de Vénaus en 2005, mais également des victoires du quotidien, aux grées des rencontres, des moments de vies, des assemblées, des repas, ou des campings d’été.
Le sentiment que la défaite contre le train est impossible flotte dans cette vallée, comme si la promesse de ne jamais lâcher, et de rester en lutte ensemble, garantissait une victoire éternelle.
Bien que cette lutte prenne son essence dans la défense d’un territoire, la vallée de Susa, a également su contaminer toute l’Italie.
Partant d’une lutte locale s’opposant à un projet bien particulier, le mouvement No-Tav voit plus loin en s’attaquant à la légitimité des pouvoirs publics, des intérêts privés des grandes entreprises, de la Mafia, la police, la crise... En bref, un système qui nous écrase, impliquant des vies sur lesquelles nous n’avons plus forcément prises.
En outre, le mouvement a su comprendre en son sein la multitude des formes de luttes, du sit-in sur des autoroutes, en passant par des pic-nics dans les vignes, jusqu’aux attaques et sabotages du chantier.
Et c’est cela que les pouvoirs craignent le plus, une lutte populaire qui porte en elle des perceptives révolutionnaires. A cela l’État italien répond par une sanglante répression, aux mesures de polices et de justices exceptionnelles. Il use également d’une stratégie médiatique désormais largement connue qui consiste à tenter de diviser le mouvement en créant la figure du gentil opposant contre celle du « casseur ». Tentative de neutralisation que la lutte a toujours réussi à faire voler en éclat, symbolisé par le désormais célèbre slogan : « Siamo tutti black block ».
Au fur et à mesure des années, les Notav doivent faire face aux nombreuses peines de prison fermes, aux assignations à domicile, interdictions de séjour dans la vallée, voire d’Italie pour les étrangers, des amendes et frais de justices, sans compter la Digos (police politique italienne particulièrement balaise en renseignement) constamment sur le dos des militants.
Cela ne suffisant pas à calmer la détermination des No-Tav, l’État italien, dispose d’une arme lourde dont il n’hésite pas à faire usage : « les mesures anti-terroristes ».
Déjà le 5 mars 1998, Silvano Pelissero, Edoardo Massari dit “Baleno” et María Soledad Rosas dite “Sole”, sont arrêtés et incarcérés à la prison de Turin des Valettes surnommée le « Bunker ». Ils sont accusés d’activités subversives à visées terroristes pour avoir prétendument saboter des engins de chantier du Tav. La prison dans laquelle ils sont détenus n’est pas sans histoire puisque c’est celle construite dans le but d’enfermer et de juger (car la prison est dotée d’un tribunal interne) les groupes armés révolutionnaires des années 70 ainsi que les grands mafieux italiens des années 90. Depuis elle ne fut plus utilisée jusqu’aux incarcérations des Notav.
Quelques jours plus tard, Baleno se suicide le 28 mars 1998 dans sa cellule. Le 11 juillet de la même année, son amie Sole se suicide à son tour. Alors que les procureurs déclarent qu’il y a des preuves irréfutables de culpabilité au moment des arrestations, ils seront acquittés a leur procès, à titre posthume.
Aujourd’hui la répression anti No-Tav ne faiblit pas et c’est au tour de Chiara, Mattia, Niccolò et Claudio , de se manger les mesures anti-terroriste lors des arrestations du 9 décembre 2013. On leur reproche d’avoir dans la nuit du 13 au 14 mai, avec une trentaine de personnes, participé à une attaque du chantier entraînant du sabotage de machine. Ces accusations, qui enlèvent la possibilité d’obtenir des mesures d’aménagement de peine, impliquent un temps de prison préventive très long, et elles menacent de se transformer en condamnations qui pourraient dépasser les 20 ans de prison si les chefs d’inculpation devaient rester les mêmes lors du procès.
Tout d’abord incarcérés dans le « Bunker » de Turin, ils furent transférés à Rome (pour Chiarra), Alessandria (pour Mattia et Niccolo), et Ferrara (pour Claudio). Le choix de ces trois prison n’est pas un hasard puisqu’il s’agit de prisons de haute sécurité.
Aujourd’hui la lutte Notav s’étend donc jusque dans les prisons, face à l’acharnement de l’Etat italien à défendre jusqu’à la mort son projet. Les avocats et les frais de justice sont très coûteux c’est pour cela que le mouvement a mis en place une caisse de solidarité No-Tav pour les arrêtés de la lutte No-Tav. Son fonctionnement est simple :
Les bénéfices de la soirée du samedi 12 avril iront à cette caisse. Si vous désirez soutenir les inculpés directement voici les coordonnées bancaires de la caisse de solidarité :
Intestazione : FRANCESCA CAMICIOTTOLI
IBAN : IT27A0316901600CC0010722513
BIC/SWIFT:INGDITM1
En outre si vous souhaitez apporter un soutient moral aux incarcérés vous pouvez leur écrire aux adresses suivantes :
• Chiara Zenobi : Casa Circondariale Rebibbia vaia Bartolo Longo, 92 00156 *Roma*/
• Claudio Alberto : Casa Circondariale Via Arginone, 327 44122 *Ferrara*/
• Mattia Zanotti et Niccolò Blasi : Casa di Reclusione Via Casale San Michele, 50 15100 *Alessandria*/
Les actions qui donnent lieu à la criminalisation des Notav font partie prenante du mouvement et sont assumées comme telles. Parce qu’elles sont prises dans un quotidien en résistance qui continue à rythmer la vie dans la vallée. Parce que cela fait longtemps que beaucoup de monde là-bas admet l’efficacité d’actions telles que les sabotages et les actions directes.
Voyons nous samedi pour en parler d’avantage, pour manger ensemble et danser, pour réchauffer l’atmosphère, réchauffer ce même air que l’on peut encore respirer à l’intérieur comme à l’extérieur, et qui attise sans aucun doute les incendies à venir.
A sara dura !
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