La documentation de tous ces faits, si elle n’est pas légale — c’est leur police, leurs lois — est légitime. En manif, cela permet de pouvoir identifier plus rapidement des flics infiltrés, pratique courante : les images n’ont pas manqué cet automne pour prouver les techniques policières d’infiltration systématique des manifs contre les retraites. Une vidéo de RebellyonTV le prouvait (comme d’autres depuis longtemps en réalité), et a fait réagir beaucoup de monde [1].
Et il est souvent trop long en manifestation de s’assurer qu’on ne fabule pas, que l’oreillette entre-aperçue en est bien une, et qu’on ne va pas accuser quelqu’un à tort… Se refiler, faire tourner les photos des flics infiltrés est l’une des manières (finalement bien non-violente) de s’en prémunir et de protéger un cortège. Les flics (plus ou moins) incognitos dans les manifs, c’est le retour des polices secrètes, des polices politiques qui t’arrêtent dès que tu marches pas complètement droit.
Dans la rue, au quotidien, tout le monde craint les cow-boys de la BAC, à cent à l’heure au volant de leurs voitures banalisées, toujours en civil et oubliant régulièrement leurs brassards dans leur poche. Les flics en civil et armés dans nos rues, c’est le retour de la vendetta, mais légale et protégée au plus haut niveau.
La police française n’aime pas la lumière
L’été dernier, l’évocation documentée de l’occupation policière de la Villeneuve à Grenoble avait déjà valu des menaces d’Hortefeux lui-même à l’égard d’Indymedia Grenoble et du Jura Libertaire. En France, il est interdit de filmer des interventions policières (excepté pour les journalistes encartés) : concrètement, la personne qui a filmé le tabassage de Rodney King à Los Angeles aurait risqué plusieurs années de prison en France !! Alors finalement, la question qui se pose face à ces menaces contre quelques photos et quelques textes, c’est « mais de quoi ont-ils peur » ? Que pourrait bien révéler l’observation des flics en manif, leurs profils Facebook et leurs blogs, ou l’enregistrement vidéo de leurs interventions ? Qu’ils sont violents, réactionnaires, et souvent racistes ? Apparemment c’est ce que craignent leurs supérieurs et leurs syndicats.
On va nous aussi les surveiller, les identifier et se passer le mot, d’une manière ou d’une autre. S’il faut y mettre les formes, pour ne pas être inutilement poursuivi en diffamation ou pour outrage, on les mettra, et on leur donnera du monsieur madame tant qu’ils veulent. Mais on les photographiera, tant qu’ils mettront les pieds dans les manifs sans brassards, tant qu’ils feront de la même manière des interpellations dans la rue sans être identifié-e-s… Tant qu’ils ne pourront pas être condamnés sans qu’Hortefeux intervienne pour les défendre, tant qu’existera le délit d’outrage ou de rébellion qui leur permet en toute impunité de pourrir la vie à une partie grandissante de la population…
Si ce travail de surveillance de la police demande du temps et de l’organisation pour ne pas risquer de pointer du doigt des gens qui n’ont rien à voir (nombreux sont les manifestant-e-s suspectées à tort d’être des flics), il est plus que jamais nécessaire de prendre ce temps.
C’est pour cela que nous soutenons et que nous appelons le maximum de personnes à soutenir Indymedia Paris :
d’abord en hébergeant les photos qui ont fait réagir Alliance (parce qu’il s’agit aussi dans cette affaire de fliquer le net autant qu’ils fliquent déjà nos rues) ;
ensuite pour faire cesser rapidement les pratiques d’infiltration des flics en manif et les agissements de cowboys dans la rue, en nous organisant collectivement pour multiplier les pratiques de « copwatching » et leur diffusion.
On en a tous et toutes marre de la police et de ses pratiques, de la surveillance permanente, entre les hélicos, les caméras, le fichage ADN, les logiciels espions, les dizaines de fichiers plus ou moins légaux [2]…
Soutenir Indymedia Paris, pour la liberté dans nos rues comme sur le net !
Des membres du collectif d’animation de Rebellyon
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