Quadrillage policier et lacrymo sur le marché place Bahadourian

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Dimanche 6 juillet la place Bahadourian (Lyon 7e), lieu de marché, a été investit par la police, une petite altercation s’est transformée en quadrillage policier, tirs de flashball et de lacrymo. Aujourd’hui seule la version policière s’étale dans les journaux.

« Arrivée au milieu de la rue, je vois une foule de personne courant pour partir de la place Bahadourian, paniquée et les yeux rouges. En face de moi, un épais nuage blanc de lacrymogène flotte au-dessus de la place. »
Témoignage d’une habitante du quartier.

Mise à Jour 08/07 - 13h00 : Albert Doutre (chef de la police lyonnaise) affirme que les policiers étaient en « légitime défense » et annonce des interpellations dans la journée.

Je rentrais d’un repas avec des amiEs dimanche vers 17h et je décide de passer par la rue Moncey pour rentrer chez moi.

Arrivée au milieu de la rue, je vois une foule de personne courant pour partir de la place Bahadourian, paniquée et les yeux rouges. En face de moi, un épais nuage blanc de lacrymogène flotte au-dessus de la place.
Je m’approche d’un groupe de personne au coin d’une rue et demande ce qui se passe. On me répond « on ne sait pas, la police a lancé des lacrymogène et tape des gens sur la place. ».
Personne ne peut me donner d’explications.
Je contourne la rue Moncey, des voitures essayent de quitter précipitamment les rues proches de la place. Je me rapproche de celle-ci, l’air est irrespirable je croise des enfants qui pleurent et se frottent les yeux. Le long du commissariat du 3e des barrières, tout le long des policiers et la Bac armés et faisant face aux passantEs flash-ball à la main : les rue Jean-Jacques et Pierre Corneille sont bloquées par les policiers en mode « combat », impossible de passer.

Arrivée sur le cours Saxe Gambetta, je suis stupéfaite par le dispositif de police, la rue est bloquée par des rubans rouge et blanc, pas moins de 15 camions de CRS, police et bac tous sortis de leur véhicules par groupe de cinq qui envahissent nos rues et posent un climat de terreur.

L’orage éclate, par groupes, tous et toutes choquéEs, nous nous mettons à l’abri sous des hauts vents ; les habitantEs sur un côté du trottoir, de l’autre la police.

Soudain une femme énervée dont les vêtements sont tâchés de lacrymo, interpelle les policiers pour savoir pourquoi elle a été gazée, le ton monte.
Une dame âgée et deux enfants l’incitent à remonter dans sa voiture, la voiture redémarre, un des enfants à l’arrière de la voiture semble faire un geste en direction des flics. Un policier énervé poursuit la voiture, ouvre la portière et essaye de tirer l’adolescente hors de la voiture, la mère panique accélère, pour finalement s’arrêter plus loin. La mère sort de la voiture énervée, les CRS arrivent en nombre nous menaçant de leur flash-ball et nous ordonne de nous plaquer contre le mur. Un homme proteste et indique qu’il a son fils dans les bras.
Des personnes filment la scène, des personnes interviennent pour calmer la femme et éviter son interpellation.
Des « police raciste », « vous aimez pas les arabes » fusent. La voiture redémarre…

L’orage se calme, le quartier est toujours bloqué, il est maintenant 18h…

Je me redirige vers la place pour chercher des témoignages…je retrouve d’autres habitantEs du quartier.
Nous retrouvons 8 douilles de lacrymogène et 4 de flash ball éparpillés sur toute la place et au milieu même des stands. Nous les mettons alignéEs pour faire des photos, les passantEs viennent nous voir, prennent des photos et commencent à nous raconter ce qui s’est passé.

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Douilles de lacrymo et flashball place bahadourian

Une voiture était mal garée, des policiers auraient ouvert violemment la voiture et secouée la femme du côté passager. Le mari, côté conducteur, serait sorti énervé de la voiture. La tension est montée, les passantEs s’en sont mêléEs. [1]
Il semblerait aussi que la police soit intervenue pour démonter un stand qui se trouvait sur le trottoir et bousculé une personne âgée.
Dans quel ordre les fait se sont passés ? Il faudra attendre encore des témoignages et voir les nombreuses vidéos faites. La police a demandé aux personnes de reculer, elles ont refusées et expliquer qu’elles n’avaient rien fait. Les 5 policiers ont commencé à lancer des lacrymo. La colère a entrainé des jets de projectiles entre des personnes se trouvant sur le marché et la police.

Premier bilan selon les premiers témoignages :
-  une fillette emmenée par les pompiers suite aux jets de lacrymogène ;
-  une femme ayant reçu une balle de flash ball dans la cuisse.

Comment la police a pu gazer toute une place, remplie de famille, d’enfants et de personnes âgées venues juste faire leur course ? Peut-on accepter que notre quartier soit encerclé par un dispositif aussi important ? Sommes nous des terroristes ?

Ces actions font le jeu de l’extrême droite et les articles de la presse locales sont intolérables [2]. Je n’ai vu aucun journaliste hier. Les journalistes lyonnais vont-ils se décider à faire leur boulot en allant sur place ? Ou juste continuer à appeler la police et la préfecture pour avoir des informations ?

Plus que jamais nous devons être solidaires et dénoncer les abus policiers !

Une habitante du quartier

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La police gaze au milieu du marché
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Matraque et gazeuse au milieu des étals
Une première vidéo (par ZaKplanèteTerre et via @MarguerinLDN)

P.-S.

Vos témoignages / récits sont les bienvenus en compléments d’information ci-dessous.

La réaction des policiers n’est pas sans rappeller d’autres évènements survenus récemment dans le quartier :
- Pourquoi, dans le centre-ville de Lyon, une scène de liesse se transforme en émeutes
- Chasse aux biffins à la Guill’ samedi 28

Notes

[1C’est une histoire assez proche qui est présentée comme déclencheur dans la version policière, voir les articles de presse.

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  • Le 10 juillet 2014 à 17:39, par lam

    Bonjour,
    j’y étais, j’ai été gazée et j’ai même reçue une balle de flashball dans la jambe j’ai des béquilles parceque j’ai la jambe énorme et bleue ! J’ai déposé plainte mais mdr je suis sûre qu’il nées passera rien du tout !!

  • Le 8 juillet 2014 à 18:48, par Chlohay

    Moi aussi j’étais sur la place, on se promenait avec des amis
    Et tout d’un coup il y a eut un enorme mouvement de foule, de la lacrymo a envahie la place.
    C’est devenu le chaos. J’ai le visage qui brule et aussi les voies respiratoires.
    J’ai perdu de vu mon conjoint et mes amis. Les gens couraient dans toules sens.
    J’ai été choquée par la violence de l’intervention des forces de l’ordre. Heureusement que j’étais sans mes enfants.
    J’ai vu de petits enfants hurlaient à cause des lacrymos ou parce qu’ils avaient perdu leurs parents.
    Pour me proteger je me suis réfugiée dans un commerce très connu de la place.

  • Le 8 juillet 2014 à 10:01, par vincent, citoyen de Lyon 7e

    A la lecture de l’article je comprends mieux l’attitude des flics dimanche soir après 23h, sur la place du Cdt Claude Bulard, à l’angle des rues D’Aguesseau et Bechevelin.

    Pendant quasi une heure, leur voiture stationnée en travers de la rue D’Aguesseau tous feux éteints (!) trois policiers se sont livrés à un étrange exercice :
    pendant que le premier, crâne rasé et veste ouverte sur un tee-shirt blanc (il m’a fait peur celui-là, avec sa dégaine...) verbalisait les voitures mal garées de la place, l’un de ses deux collègues balayait avec une lampe torche puissante la façade de l’immeuble de logements sociaux qui donne sur la place.

    La plupart des propriétaires de véhicules étant dans les cafés du coin, ils sont venus récupérer leur voiture assez vite, avec ou sans amende, je ne sais pas.

    Il n’y a pas eu de heurts, mais comment écrire et décrire ce léger malaise :
    une puissante lampe torche balayant cette façade et uniquement celle-ci pendant quasi une heure, dérangeant les habitantes et habitants par l’intrusion répétée de cette lumière chez eux...
    un policier à la dégaine étrange...
    une voiture de police tous feux éteints au milieu de la rue...

    franchement j’ai trouvé ça assez angoissant mais je ne trouve pas de parallèle éclairant (!) pour comprendre...comme un barrage de milicien en Bosnie il y a vingt ans ? Cela me paraît un peu trop.

  • Le 7 juillet 2014 à 14:37, par Témoignages

    D’autre témoignages trouvés sur le net (en l’occurrence sur la page FB de L’Association La Place du Pont)

    Incompréhension, stupeur, colère, larmes, douleurs...Voilà les mots que je pose et que je ressens ce soir.
    17h15, marché du Ramadhan, place Bahadourian, un joyeux brouhaha où se mêlent vendeurs de fruits, de gâteaux, de briks,de galettes... Un marché installé depuis 1996 où se cotoient des personnes complètement différentes et pas forcement reliées à ce qui fait la spécificité de celui-ci, le Ramadhan.
    Tout à coup, des cris, une dispute entre riverains ? Non, une altercation avec un agent de police qui vraisemblablement dépassé par la foule qui se masse fait usage de sa matraque sous nos yeux. Sans rien comprendre et avant même de pouvoir réagir, des gazs lacrymogènes sont tirés, une jeune fille à 2 mètres de moi reçoit le projectile dans la jambe, je n’arrive plus à respirer, je suffoque, mes yeux brûlent, je n’entends autour de moi que les cris des mères appelant leurs enfants qui pleurent, les chibanis sont bousculés, les étals renversés...Je me demande si tout est réel...Je traverse la place et vais à la rencontre de la police. Un impressionnant cordon s’est formé devant le commissariat, bloquant les accès vers l’avenue de Saxe. Bien sûr, on ne répond pas à mes questions, je me plante sous un arbre, la pluie tombe fort, et merci car elle emporte les gazs tenaces sur la place, je ne bouge pas quand un policier me dit « dégage » !! J’échange quelques mots avec le commissaire qui assure la sécurisation de la place.
    Les organisateurs du marché, David et Farid, de l’association OQP, calment la population.
    Au bout d’une heure,le calme est revenu mais la colère gronde, comment arriver à comprendre ce qui vient de se passer ?
    J’ai un respect infini pour notre Police Nationale mais ce soir j’ai besoin d’explications.
    La vidéo protection nous fournira peut être la clef...
    Demain, je déposerai plainte pour peut être enfin mettre des mots sur l’inacceptable...
    Merci de ne pas utiliser ce message pour alimenter des polémiques inutiles et dangereuses.

    Zohra Aït-Maten, adjointe aux affaires sociales

    Tout a l heure au « marché du ramadhan » une femme s est mal stationnée pour décharger sa marchandise.. Un policier s est alors approché de sa voiture pour mettre des gros coups ds la vitre pour lui demander de se deplacer( tres violents le mec), le mari de cette derniere ne supportant pas la maniere de faire du policier est alors intervenu..... Je me demande s il n ont pas provoquer ca pour que les gens presents sur le marché(a bout de nerfs a cause du ramadhan) soient poussé dans leurs retranchementset que ca eclate.... Resultat 2/3 personnes s en melent et ils nous gaz tous, sachant que la plupar des gens fesait leur marché trankilment tout autour et qu il y avait des personnes agees des enfants et surtouts des personnes affaiblies par le ramadhan !!!!! Ca me sidère on est la a faire notre marché et pour une malheureuse histoire de stationnement ils gaz tout le monde ! La bonne excuse ! Les gens etaient par terre, les enfants pleuraientles familles se cherchaient !!!! Je n avai jamais vu ca ! Mon visage me brule encore !et si il yavai eu d nouveaux nés ? Des personnes cardiaques ??? Pffffffff chui degoutée vmt ! Le racisme est bien present ds la police francaise.

  • Le 7 juillet 2014 à 13:08, par LaGuill’

    Le truc que les flics mettent en avant un peu partout (mais ça doit être la même version officielle reprise dans les différents journaux, faute de personne présente sur place), c’est ça :

    Alors que se tenait non loin de là l’habituel marché du ramadan, plusieurs centaines de personnes, dont le mari de la femme restée dans la voiture, ont commencé à menacer les policiers, notamment en mimant des gestes d’égorgement.

    Sans personne pour attester ni de ce geste, ni du nombre de personne (cent ? les images montrent que ce n’est pas le cas !). Faut croire que les policiers ont les nerfs pas bien solides pour péter un câble et se mettre à arroser la foule de lacrymo, alors qu’ils sont au pied de leur commissariat, dans lequel sont présents tous leurs collègues. Idem sur l’envoi immédiat de CRS pour investir un marché un dimanche après-midi. La place est par ailleurs recouverte de caméra de vidéosurveillance... L’attitude générale de la police dans le quartier tend vraiment à la militarisation.... C’est à se demander s’ils ne vont pas finir par virer, par la force, ceux qui ne le seraient pas par la gentrification. Plus de pauvres dans le centre ville de Lyon pour MM. Doutre et Collomb !

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