Témoignage suite à la volonté de fermer les frontières du PS Villeurbanne

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Témoignage de mon interpellation suite à une action menée devant le local du ps.

Avec des camarades, ce soir nous allons nous lancer dans une action de « désobéissance civile ». On va, ce soir, murer la porte du siège local du PS. A peine un mètre érigé et 15 minutes plus tard, plusieurs voitures de flics débarquent. On nous demande alors de nous arrêter et de nous rapprocher. S’ensuit alors le spectacle de qui accepte de donner son identité et de qui refuse. Une fois les contrôles d’identités effectués, nous attendons avec eux les ordres des supérieurs, on nous annonce alors que nous allons tous au commissariat central, chouette alors !
On va alors se retrouver tous enfermés dans une cellule, dans cette cellule certains d’entre nous stressent, d’autres rigolent et où l’on se rappelle quelques consignes. S’ensuit alors une nuit que je ne suis pas prête d’oublier.
Nous sommes chacun à notre tour convoqué devant une officier de police qui nous demande notre identité, si l’on veut contacter un employeur, si l’on veut un médecin et un avocat. J’accepte l’avocat commis d’office. Ce 2d contact direct avec les keufs m’effraie, car je passe la 1re et parce que l’on m’annonce que je suis placée en garde à vue. Une fois passée devant l’officier, nous sommes amenés deux par deux auprès d’un autre agent pour portrait photo (quelle chance ! ), empreinte et fichage adn. Je refuse ce dernier et reçoit ma première claque dans la gueule (métaphoriquement) où l’agent face à moi me dénigre et me prend pour une branleuse à coup de « très bien, puisque que vous vous en foutez ». En attendant que le copain passe, le flic qui me surveille engage la conversation et l’on en vient évidemment à parler de la taule et de la fouille à nu, cette fois j’ai le droit à « la justice est de plus en plus laxiste » et « la fouille à nu c’est un petit peu dégradant mais qu’est ce que c’est pratique ! ».
Après cette joyeuse conversation, je me retrouve avec le copain en voiture direction le comico de Villeurbanne, avec nuitée et petit-déjeuner inclus !
On arrive là-bas, on me demande d’enlever ma ceinture, mes piercings, de vider mes poches. Chaque objet est consigné puis une agente m’invite dans la pièce d’à côté pour une fouille au corps ou je dois enlever chaussures et soutien-gorge (c’est vrai que rien que ça c’est pas du tout dégradant… ).
J’entre alors dans la cellule n°1 où selon l’un des flics « je vais bien dormir, il fait chaud dans la cellule », puis je vois mon avocate. Une fois la visite passée, je vais me retrouver seule dans ma cellule jusqu’à 9h10 demain matin (heure de mon audition). Cette nuit, j’ai très mal dormi, non pas parce qu’il venait d’arriver car j’avais pas encore pris conscience à ce moment-là de ce qu’il se passait réellement mais juste par le froid, et oui la cellule ça change du confort de son lit !
Comme mes camarades, le petit-déjeuner sera composé de 2 biscuits et d’une brique de jus d’orange. Je crois que j’ai l’estomac noué, au final les 2 biscuits seront mon repas du midi, et refuse de bouffer leur merde sous plastique qu’il appelle un repas.
Vers 9h10, on m’emmène passer une audition, mon avocate est alors présente. L’officier débute l’audition par mon identité et des questions persos (et comme une conne je réponds à presque tout), je ne déclare évidemment rien concernant l’affaire et il revient pour finir sur mon refus de fichage adn ; je ne sais pas si c’est la fatigue ou la gueule de bois d’un lendemain d’interpellation mais au final j’accepte (par chance ils ne me feront jamais ce test).
Une fois l’audition terminée, voila que lui aussi veut discuter avec moi, il me demande quelle étude je fais et lorsque je déclare sciences politiques, le voila lui et sa collègue en train de se foutre royalement de ma gueule ; ils ne doivent apparemment pas comprendre le lien entre mes actes et mes études, ah préjugés quand tu nous tiens !
L’une des choses qui m’a le plus fatiguée durant ce séjour, c’est le ton paternaliste et de remontage de bretelles auquel j’ai eu droit, mon jeune âge à du rentrer en compte ! C’est fou comment le fait d’avoir un peu de pouvoir peut monter à la tête des individus et les rendre totalement asservis face à un système qui les bouffe tout autant que nous.
Une fois l’audition terminée, je vais me retrouver de 9h40 à 15h en cellule où les minutes sont des heures et l’on a comme seul compagnon son cerveau.

Je vais alors me mettre à réfléchir à beaucoup de choses, bon en vrai ça tournait souvent sur ma privation de liberté. En fait je me suis tout simplement posée la question de pourquoi on nous enfermait, la réponse la plus logique si je me mettais à la place du système c’est que nous étions « dangereux » pour l’ordre public, sait-on jamais, ériger un mur à du grandement perturber mes chers concitoyens ! J’ai, durant tout ce séjour, énormément intériorisé ce qu’il se passait dans ma tête, ah fierté quand tu nous tiens… Et pourtant, dans ma tête c’était le chaos, la privation de liberté (même de quelques heures), la lumière artificielle, la coercition entretenue par des keufs bien moins aimables que la nuit dernière me font péter des plombs la-haut. Et puis, en fait j’ai mal ; j’ai mal parce que je comprends enfin de ce que ça fait d’être enfermée et je me mets à la place de mon frangin, incarcéré depuis que je suis gamine. Ah si, on va me sortir de ma cellule durant 5 minutes histoire de fouiller mon téléphone, parce que quand on ne connait pas le système on acquiesce à tout, je vais alors donner mon consentement ; devant, la nana vérifie photos et vidéos mais ils fouilleront sûrement plus tard d’autres recoins de mon téléphone. Après cette brève pause, une chose me vient en tête, sortir de cet endroit puant et ne pas craquer devant ces abrutis du système.

En fait de 21h à 15h de nombreuses choses se sont passées, notamment le fait que je n’étais clairement pas préparée à ce genre de situation et que j’ai mis en danger mon identité à moi, apparemment l’intimité (j’entends au sens mental du terme) ils ne connaissent pas et puis le stress, la fatigue ne m’aideront pas à respecter les règles du bon militant qui se respecte. Ensuite, une chose est sûre, je comprends ce que ça fait d’être traitée comme un animal, une abrutie, un « danger » pour la société !

Ce séjour en cellule m’a donné envie de faire une chose, foutre le feu à cet endroit de misère où l’on traite les gens comme des moins que rien, où on ne les respecte pas et où on nous bafoue notre soi-disant liberté que chaque citoyen est censé avoir.

C.

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