Connaissant les couches qu’il représente, ce choix n’était pas certain. L’adoption de la stratégie du laisser-faire à la Boris Johnson, inspirée par le darwinisme social (que les plus faibles crèvent, l’économie ne s’en portera que mieux) aurait été sans doute plus cohérente avec les fondements passionnels et intellectuels de la start-up nation. Mais vous n’ignorez pas que cette dernière, dans son entreprise de démolition des protections sociale, s’est heurtée depuis plusieurs années à une résistance opiniâtre de la part d’une bonne partie du peuple. Avec la crise du coronavirus, sont apparus de manière encore plus éclatante les dégâts que la Macronie, dans la continuité des gouvernements précédents, a infligé à l’hôpital. Comme le laisse prévoir le discours de Macron de jeudi dernier, le régime va jouer sa survie, à la sortie de crise, sur une tentative de se montrer conciliant avec l’Etat social – si ce n’est, sans vergogne, de s’en faire le héraut. Pour donner un minimum de crédibilité à ce virage annoncé, il ne faut pas qu’il y ait trop de morts, ni que les morts soient répartis de manière trop inégalitaire. C’est pourquoi le gouvernement va radicaliser la stratégie de l’éloignement social, ce qui ne le mettra pas non plus en contradiction fondamentale avec ce qu’il représente.
En effet, séparer les corps, interdire dans l’espace public toute forme de présence collective autre que purement marchande, réduire au minimum toute communication qui ne passe pas par un outil numérique : on ne peut que constater la parfaite adéquation entre la tendance générale dominant le monde (le néo-libéralisme autoritaire dont la Macronie est une variante) et des mesures devenues effectivement indispensables pour éviter des morts supplémentaires. Ce n’est pas du complotisme que de le constater. Si les épidémies existent depuis toujours, elles se multiplient depuis que la destruction de la nature s’est accélérée. Nous aurons tout à gagner à comprendre comment cette civilisation produit un virus qui la pousse vers ce qu’elle portait déjà de pire en elle. Comment cette pandémie née en Chine sert l’impérialisme de la Chine en démontrant l’efficacité d’un modèle que nombre de gouvernements occidentaux regardent avec envie. A travers l’exportation dudit modèle, la domestication des humains risque de faire des pas de géants. La gestion militaire de la rue, l’incitation au repli sur la sphère individuelle, la quasi-impossibilité pour les rebelles de se passer de l’emprise totalitaire du Big Data pour communiquer, tout cela risque de laisser des traces.
>L’industrie du complotisme
Vous en avez marre des conspirationnistes qui voient des lézards géants partout ? Et en même temps vous ne supportez plus la petite musique des médias qui traitent de "complotiste" chaque personne qui remet en question l’ordre établi ? Pour nourrir la réflexion des mouvements sociaux...
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