Compte-rendu d’un aprèm’ au tribunal : prison ferme pour Samir et pour d’autres

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Comptes-rendus de justice 1 complément

14h, au Tribunal de Grande Instance, il y a du monde dans la salle d’audience G des comparutions immédiates. Cinq affaires cette après-midi, et de nombreuses personnes mobilisées se sont déplacées pour Samir, arrêté lors de la manif lycéenne du 18 décembre dernier.
Dès le départ, nous sommes prévenus : le juge Vion n’a pas bonne réputation.

Compte-rendu des comparutions immédiates du vendredi 23 janvier 2009

- Première affaire, un Algérien, la cinquantaine, qui comparaît pour conduite sans permis (français) en récidive. Victime d’une agression au travail, il est invalide depuis 10 ans environ. Il est en récidive, après s’être fait choper plusieurs fois au volant avec son permis algérien – que la puissance néocoloniale se refuse de reconnaître.
Le juge : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? Mettez-vous à notre place ! »
Il prononce 2 mois de prison, sans mandat de dépôt.

- M, demandeur d’asile, est accusé d’avoir blessé un homme pendant une bagarre à la sortie d’un bar à Villeurbanne. Le juge : « Vous demandez l’asile pour faire les bars parallèles ? » « Vous travaillez ? » (quand on sait l’interdiction de travailler pour les demandeurs d’asile, ça fait sourire ; quand on sait la suite, ca fait vomir).
Pour lui, la procureure requiert 12 mois ferme, plus 12 mois avec sursis. Le juge, qui a décidé de remplir Corbas, va au-delà : 15 mois ferme avec mandat de dépôt. La rage monte.

- Vient ensuite H, une femme qui a la trentaine, elle passe pour conduite sans permis, sans assurance, en récidive, et qui a eu un petit accident. Sur les 5 occupants de l’autre voiture, un s’est porté partie civile, il ne sait pas quoi demander, il n’a rien à déclarer.
La procureure requiert 15 mois, le juge en prononce 24, dont 12 ferme avec mandat de dépôt. Il n’y a pas que Corbas à remplir.

- Enfin, Samir, arrêté le 18 décembre pendant la manif lycéenne à Jean Macé ; il est accusé d’avoir aidé à retourner une voiture en réunion. Enchaînant les contrats d’intérim et les formations professionnelles, le juge lui reconnaît qu’« on a le droit de manifester si on n’est pas directement concerné ». Samir a un casier, dont la dernière condamnation date de 3 ans ; il s’est « rangé », devait débuter une formation en janvier, passait son permis... malgré tout il comparaît en détention, en effet il a déjà mangé un mois de préventive. Dès le départ, le juge annonce la couleur : « il y a des manifestants, et des gens qui n’ont rien à voir avec la manifestation, qui sont venus pour casser » « donc les policiers les surveillent. » En effet, Samir est victime de délation de la part d’un obscur stagiaire flic à Paris, qui traînait à Jean Macé à ce moment-là et qui a couru au poulailler quand ça a chauffé, pour le dénoncer. Peut-être que le mouchard
des flics attend une promotion, ou juste une titularisation, la fonction publique licencie, alors les poulets rivalisent de zèle pour grappiller un poste.

Samir plaide le mouvement de foule, l’inconscience du groupe, pris dans
l’action quand ça chauffait...
Le juge lui répond sèchement : « Vous étiez fou ? Somnambule ? Ivre ? Drogué ? » Allusions à ses vieilles affaires : « vous n’êtes pas vraiment quelqu’un qui faites du bien à votre prochain » : cathos de tous bords, envoyez le pécheur au diable.

C’est au tour de la procureure de lyncher Samir, plaidant qu’il se cache derrière le groupe, qu’il profite de la masse pour se défouler sans penser aux victimes, alors même qu’il a fait des stages de citoyenneté par le passé (ah, un bon stage de citoyenneté, ça te remet un type en
place, non ? Vote et ferme-la, sinon au trou). Elle requiert 6 mois ferme.

Puis c’est au tour de l’avocat, qui tente de sauver la mise judiciaire dans ce procès à charge : non, Samir ne s’est pas caché dans la foule, il n’était pas masqué, il tenait même un mégaphone, il assume ses actes
et est prêt à indemniser la victime. Pour ce qui est de se « cacher » derrière le groupe, Samir n’a pas reconnu d’autres personnes suspectées d’avoir participé au retournement de voiture (et qui ont pu ainsi sortir rapidement de gardav’).

Face à cela, le juge, une fois de plus, va au-delà des réquisitions et prononce 8 mois ferme et le maintien en détention, plus 1500 euros de dommages et intérêts à la propriétaire de la voiture.

La réputation de sévérité de la justice à Lyon s’accroît, et avec elle, la colère et la solidarité.

Pour s’entraider face à la police et la justice, un outil : la caisse de solidarité : 06 43 08 50 32

P.-S.

Un autre article sur Samir sur le blog de la coord lycéenne lyonnaise

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  • Le 27 janvier 2009 à 18:45

    J’ai appris une chose en droit cette année, et c’est une info qui me semble importante à faire connaître. J’avais du mal à comprendre le fondement de certaine condamnations qui avait lieues suite à des dégradations, notamment en manif (cf le lycéen de Dijon condamné l’an dernier pour dégradation d’une voiture alors qu’il n’y avait aucune preuve). Apparemment, lors d’une « dégradation en bande », (plus de 5 je crois) la police/justice peut inculper une des personnes du groupe pour les dégradations commises par d’autres personnes du même groupe. Même si la personne incriminer n’est pas directement responsable. En fait, dans le cas du lycéen dont je parlais plus haut, la justice avait considéré qu’en tant que témoin il aurait pu empêcher la dégradation mais qu’il n’a rien fait pour. La justice considère que dans ce cas, vu qu’il était censé connaître les auteurs de la dégradations ils devait les balancer et se retourner contre eux... Belle justice. Tout est fait pour avoir un responsable à tout prix pour les dommages et intérêts. La justice c’est le capital.
    Si y’a des juristes qui peuvent apporter plus de précisions, ça serait cool.

    POLICE PARTOUT JUSTICE COMPLICE

    Courage aux enragés inculpés

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