La résistance Kurde se poursuit à Kobanê tout comme les actions de solidarité dans le monde entier.
Le processus d’autonomie du Rojava (kurdistan Syrien) a débuté en juillet 2012 sous l’impulsion du PYD (parti frère du PKK) et de ses bras armés YPG et YPJ. Cette situation a été rendue possible suite à la guerre civile en Syrie et elle est une conséquence directe des révoltes légitimes contre le régime ultra-autoritaire de Bachard al Assad. Mais la guerre civile a aussi vu la progression de groupes fondamentalistes tels que Daesh’. Ce mouvement salafiste existe depuis 2006 et est à l’origine un regroupement de plusieurs groupes djihadistes. Il revendique un retour aux règles religieuses les plus rigides, et s’attaque aux musulmans modérés comme à tout celles et ceux qui ne partagent pas leurs opinions réactionnaires. Lourdement armé et bénéficiant de financement important, notamment grâce au soutien de l’Arabie Saoudite jusqu’à l’été 2014 et à la vente de pétrole à l’État Turque, Daesh’ contrôle aujourd’hui un vaste territoire de 8 millions d’habitants. Cette « bande d’hommes en arme » sème sur son passage massacres, tortures, mises en esclavages et de nombreuses exécutions publiques. Le combat contre Daesh’ concerne l’ensemble du kurdistan, du nord de la Syrie jusqu’à l’Est de l’Irak, tandis que les kurdes font face dans le même temps aux Etats en place en Iran et en Turquie. Ce sont les forces du PKK qui sont venues en aide aux habitants de Sinjar, ville assiègé par Daesh’ au Nord-Ouest de l’Irak, évitant ainsi de justesse un probable génocide.
-Les kurdes dans l’enfer du Moyen-Orient
L’Etat Turque joue un jeu des plus cyniques et des plus dangereux. Il a réprimé très violemment les kurdes qui ont manifesté leur soutien au Rojava dans les différentes villes du pays (plus d’une trentaine de morts). L’armée Turque bloque la frontière pour les réfugiés et les combattants kurdes mais la laisse grande ouverte pour les intégristes. La proposition de "zone tampon" d’Erdogan est un piège de plus. Il y voit une occasion rêvée de mettre sous tutelle les populations kurdes, espérant ainsi mettre fin aux aspirations autonomistes. En prétendant se protéger de son adversaire Bachard al Assad, Erdogan veut surtout pouvoir reprendre la main localement sans trop mettre en valeur l’armée Turque (qui reste sous le contrôle des nationalistes extrémistes Turques opposés à la fois à Erdogan et au PKK). L’Etat Français est quant à lui particulièrement bienveillant vis à vis du projet de "zone tampon", Hollande accueille d’ailleurs Erdogan avec tout les honneurs de la « république ».
La politique opportuniste des États impérialistes de la « coalition » est tout aussi pernicieuse. La coalition apporte une aide plus que timide avec ses bombardements et ses livraisons d’armes légères (alors que les combattants kurdes ont besoin d’armes anti-chars). Il faut dire que l’Etat américain et ses alliés lorgnent sur les ressources pétrolières de la région et souhaitent stopper Daesh’ mais tout en ménageant l’allié Turque. Il est révélateur que le PKK figure toujours sur la liste des organisations "terroristes" à leurs yeux. Les "gendarmes du monde" oublient bien vite qu’ils ne sont pas étrangers à la déstabilisation de la région (armement des milices religieuses en Irak etc.) qui a permis le développement de Daesh’. Un soutien réellement efficace de la coalition à Kobanê ne se fera pas sous conditions, cette main tendue est un piège dans lequel les kurdes tentent de ne pas tomber. Seule une mobilisation internationale encore plus importante permettra de mettre la pression sur les États de la coalition responsables de ce chantage.
-Aux côtés de la résistance de Kobanê ! Ne laissons plus les Kurdes seuls ! Leur lutte est la nôtre !
Les autorités kurdes au pouvoir au Kurdistan d’Irak ne sont pas non plus d’un grand secours pour le Rojava. Incapable de stopper l’avancée de Daesh’ en irak sans le soutien du PKK il y a quelques mois, ils envoient aujourd’hui à peine 300 soldats pour soutenir kobanê. Mais c’est surtout sur le plan politique que l’administration de Barzani est contestable. Pro-capitaliste et réactionnaire, c’est un allié de longue date de l’Etat américain qui n’hésite pas à réprimer les mouvements sociaux.
Pourquoi soutenir Kobané ?
Il est indispensable de soutenir Kobanê, tout comme il est indispensable de soutenir l’ensemble des forces révolutionnaires sur place, et notamment celles qui se retrouvent entre deux feux : entre Bachard al Assad et Daesh’.
Kobané est stratégique pour des raisons militaires. Daesh’ souhaiterait contrôler toute une bande de territoire le long de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Mais l’enclave de Kobané résiste toujours malgré un siège qui dure depuis le 15 septembre et le départ de plus de 200 000 réfugiés.
Kobané : Daesh recule ! La victoire est à venir ?
Kobanê est un lieu où Daesh’ a concentré de nombreuses troupes suite à la retraite stratégique des forces kurdes. Elles s’y sont retranchées car les combats leur sont plus favorable en milieu urbain que dans le désert, les YPG et YPJ ne disposant que d’armes légères face à des chars d’assaut. La victoire à Kobané serait également une défaite symbolique terrible pour Daesh’ sur le plan moral. Mais en révélant aux yeux du monde entier les basses manœuvres de l’Etat Turque, le PYD a déjà gagné une première bataille.
http://rebellyon.info/Aux-cotes-de-la-resistance-de-Kobane-Ne.html
La solidarité avec Kobanê est aussi un soutien au processus révolutionnaire et libertaire en cours au Rojava. S’inspirant du municipalisme libertaire de Murray Boukchin, le PYD a mis en place une « confédération démocratique » à l’échelle du Kurdistan. -Révolution au Rojava
http://rebellyon.info/ecrire/?exec=article&id_article=13989
Il est difficile de prédire aujourd’hui si le PYD et le PKK vont définitivement tourner la page de leur héritage nationaliste, et cesser leurs pratiques autoritaires vis-à-vis des autres groupes révolutionnaires. Toujours est-il que l’autonomie du Rojava a permis des avancées indéniables et remarquables dans bien des domaines : l’émancipation des femmes, le respect des minorités, l’auto-organisation, la mise en place de coopératives etc. Ces avancées sont d’autant plus à défendre qu’elles se concrétisent en opposition à des pratiques tribales, religieuses ou étatiques ancrées de longue date dans la société (comme beaucoup d’autres, la société Kurde est traditionnellement très marquée par le patriarcat) .
Des analyses :
-Les kurdes dans l’enfer du Moyen-Orient
-Révolution au Rojava
-Aux côtés de la résistance de Kobanê ! Ne laissons plus les Kurdes seuls ! Leur lutte est la nôtre !
Kobané : Daesh recule ! La victoire est à venir ?
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Des rassemblements et actions ont déjà eu lieu à Lyon le 5, le 7, le 8 octobre., le samedi 11 octobre.
Prochaine manifestation le samedi 1er novembre à 14H00 place Bellecour https://rebellyon.info/Journee-Mondiale-Urgence-Kobane.html .
Débat sur l’Irak et le kurdistan le 5 novembre https://rebellyon.info/Conference-debat-avec-Muayad-Ahmed-sur.html
Soirée de soutien à Pinar Selek le 13 novembre http://rebellyon.info/ecrire/?exec=article&id_article=13997
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